Cinéma

Annecy 2024 – Miyu sur de nombreux fronts

Date de publication : 12/06/2024 - 08:06

Présente à Annecy avec sa double casquette de producteur et distributeur, la société a notamment coproduit avec le Japon Anzu-chat fantôme, qui figure dans la compétition officielle.

La société de Pierre Baussaron et Emmanuel-Alain Raynal présente cette année 10 films au festival d’Annecy, de tous formats et à différents stades. Bien qu’ayant le statut d’unitaire TV, le très attendu Parfum d’Irak de Léonard Cohen a été retenu pour participer à la toute nouvelle section non compétitive Annecy Présente. Et deux longs métrages coproduits par Miyu, feront l’objet de sessions de WIP : La mort n’existe pas de Félix Dufour-Laperrière et Planètes de Momoko Seto. De son côté Miyu Distribution, emmené par Luce Grosjean, représente une dizaine de courts métrages, répartis dans les différentes compétitions du festival réservées au format.

Mais Miyu a notamment coproduit avec Shin-ei Animation, Anzu, chat-fantôme de Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita. Présenté en compétition officielle, après être passé par la Quinzaine des cinéastes à Cannes, le film possède une particularité rarissime, celui d’être une coproduction franco-japonaise montée au service d’une œuvre d’animation. Pour Miyu, Emmanuel-Alain Raynal, nous en raconte la genèse.

ENTRETIEN

Comment êtes-vous arrivés sur le projet ?
Nous avons d'abord rencontré il y a quelques années à Annecy Nobuaki Doi, le fondateur de New Deer, avec qui nous avons coproduit par la suite de nombreux court-métrages de cinéaste japonais. Nous avions précédemment évoqué l’idée d’un court-métrage de Yoko Kuno, dont nous adorions depuis longtemps le travail, et Nobuaki nous a transmis le dossier de présentation de Anzu, chat-fantôme, que Keiichi Kondo, le producteur, lui avait remis pour nous. Keichi peinait à trouver une écoute suffisante sur le marché japonais et voyait dans une collaboration internationale avec Miyu une chance de sortir de l’impasse.

Quelles ont été les différentes étapes à franchir ?
Nous nous sommes rendus au Japon pour rencontrer l’équipe de Shin-ei Animation et confirmer notre envie commune de travailler sur le projet. La rencontre s’est admirablement passée, et nous sommes allées célébrer notre collaboration naissante dans le mythique quartier de Golden Gai, avec Nobuhiro Yamashita, Yoko Kuno, Keichi Kondo et Shinji Imaoka, le scénariste du film. Nous avons convenu de commencer par la fabrication d’un pilote, pour promouvoir le film, mais surtout pour apprendre à travailler ensemble.

A quel stade vous êtes vraiment engagés sur le film ?
Nous avons rejoint l’aventure d’Anzu, chat-fantôme en septembre 2019, alors que le film disposait d’une première version de script dialogué, mais pour lequel quasiment aucune recherche graphique n’avait été réalisée.

Qu’avez-vous apporté concrètement ?
Nous avons travaillé main dans la main avec Keiichi Kondo, les cinéastes et toute l’équipe de Shin-ei sur l’accompagnement artistique du développement. Nous avons notamment collaboré au scénario, pour les versions successives qui ont été écrites en prenant en compte notre regard artistique et en faisant valoir notre expérience plus grande du marché international.  Nous avons mené la recherche du vendeur international qui nous accompagnerait, en nous tournant notamment vers Charades et GKids pour les ventes. Nous avons ensuite assuré le financement français, via les soutiens de Diaphana, du CNC, et des régions Île de France, Nouvelle Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes.

Le film avait-il des besoins spécifiques en termes de production ?
Yoko Kuno avait envie de collaborer à la fabrication du film avec un studio étranger pour tenter d’ouvrir de nouvelles voix dans l’anime japonais. Nous avons donc assuré la direction artistique du film : recherches couleurs, recherches décors, style, et recherches compositing, ainsi que la fabrication de l’ensemble des décors du film.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?
La collaboration entre les deux cinéastes était très riche et fluide car ils avaient des rôles très complémentaires. La parte la plus exigeante a été finalement la communication entre les deux studios, alors que les japonais ont peu l’habitude de travailler avec l’étranger et que la barrière de la langue est un frein très fort, vu qu’ils ne parlent pas anglais. Nous nous sommes donc entourés de collaborateurs et collaboratrices qui parle le japonais et avons toujours été à l’écoute, respectueux et humbles afin de pouvoir répondre au mieux aux exigences des cinéastes et de nos coproducteurs.

Le financement a-t-il été long à boucler ?
Le financement a duré environ 18 mois, le budget définitif est de 2,3 M€.

Quand et où le film a-t-il été fabriqué ?
Le film a été fabriqué entre 2021 et 2024 entre la France et le Japon.

Qu’attendez-vous de cette sélection en compétition ?
Nous espérons que ce magnifique festival permettra à Anzu d’avoir une exposition internationale très forte et contribuera à la notoriété du film, notamment au Japon, ou le marché fait loi et où le film est très atypique. Toho, le distributeur du film au Japon compte donc capitaliser sur la coproduction franco-japonaise et le succès à l’international du film pour faire venir en juillet les spectateurs japonais dans les salles. Nous ne pouvions donc mieux commencer la vie en festival d’Anzu, chat-fantôme.

Beaucoup de productions sont-elles en cours chez vous ?
Nous sommes en ce moment en production de deux longs métrages – Planètes, de Momoko Seto, et La Mort n’existe pas, de Felix Dufour Laperrière, et d’une série audiovisuelle, Patouille. Nous venons également de livrer à Arte Le Parfum d’Irak, un unitaire de 90 minutes entièrement en animation, que l’on peut découvrir en première mondiale à Annecy. Nous sommes par ailleurs en développement de plusieurs autres longs métrages et projets audiovisuels dont certains entreront en production cette année.

Patrice Carré
© crédit photo : Diaphana


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