Cinéma

Annecy 2024 - WIP "Les Légendaires" : "Nous avons eu une liberté totale pour réinventer le début des albums"

Date de publication : 14/06/2024 - 08:14

La présentation de cette première adaptation en long métrage de la série de bandes dessinées françaises, scénarisée et illustrée par Patrick Sobral, a fait le plein de festivaliers conquis à l’avance, et qui ont par ailleurs bénéficié d’une belle surprise.

Ayant rejoint la Pan Europénne en 2003 en tant que productrice associée, Nathalie Gastaldo Godeau en a développé le département animation, en travaillant sur ce long métrage qui sera réalisé par Guillaume Ivernel dont le scénario est signé Antoine Schoumsky. Ce dernier s’est fait connaître comme humoriste chez Laurent Ruquier avant de collaborer avec le studio Bagel et les Golden Moustache. Il travaille depuis 2019 sur le scénario des Légendaires et a aussi écrit pour Blue Spirit La balade de Yaya. Quant à Guillaume Ivernel il a coréalisé Chasseurs de Dragons, a assuré la production artistique de Ballerina et a réalisé dernièrement Spycies.

En 2019, Guillaume Ivernel a donc attaqué l’adaptation pour le grand écran de cette. série de bandes dessinées françaises, scénarisée et illustrée par Patrick Sobral. Elle raconte les aventures d'un groupe de héros aux origines différentes dans un monde fantastico-médiéval après une catastrophe magique qui a ramené toute sa population au stade de l’enfance, mais avec un esprit d’adulte resté intact.

"La genèse du projet, est assez simple" a introduit Nathalie Gastaldo Godeau. "Mes enfants lisaient Les Légendaires et c'est une bande dessinée que j'ai tout de suite adorée. Il y a un univers extrêmement riche avec beaucoup de personnages et de thèmes que je trouvais vraiment très chouette pour une adaptation au cinéma. Je me suis tout simplement rapprochée de Patrick Sobral et de Delcourt et nous avons acquis des droits. Et ensuite, j'ai rencontré Antoine Chomsky, qui a vraiment amené, je pense, le ton du film. Chez Pan Européenne, nous avons fait beaucoup de choses différentes, mais encore jamais d'animation. Donc je me suis rapprochée, du groupe Media-Participations et de Belvision car je savais qu'ils avaient fait beaucoup de belles choses en animation et que nous avons travaillé avec eux sur Largo Winch. Quant au choix de Guillaume Ivernel j'avais adoré Ballerina et beaucoup aimé aussi Chasseurs de Dragons et je rêvais de rencontrer Guillaume Hivernel. Comme il est proche d'Henri Magalon, à l'époque chez Maybe Movies, la rencontre a été assez simple".

Les Légendaires comptant 23 albums, la question qui se posait d’entrée de jeu était, lequel adapter ? "La réponse est vite venue car Patrick Sobral m'a fait un précieux cadeau" a expliqué Antoine Schoumsky. "Il m'a dit, tu peux réinventer le début des Légendaires, à ta manière pour le cinéma. Il fallait se poser la question de la façon de traiter une BD qui est arrivée en 2004 pour raconter une histoire qui évoque les problématiques d'aujourd'hui. Et par pur hasard, on s’est dirigés sur le retour du fascisme et sur l'écologie. Nous avons ensuite essayé de voyager le plus possible avec tout ce qu'a créé Patrick Sobral et nous avons introduit évidemment de nouveaux personnages pour créer quelque chose d'inédit autour de cette histoire".  En termes de ton, Antoine Chomsky dit s’être inspiré des Gardiens de la Galaxie, avec "ces héros un peu gueule cassée qui sont obligés de faire ensemble, malgré tout, et d'affronter les enjeux qui leur arrivent dessus".

En charge de la création des personnages, Valérie Hadida avait déjà collaboré avec Guillaume Ivernel, notamment sur Chasseurs de Dragons et Spycies. "J'ai été subjuguée par ce côté Seigneur des Anneaux du projet et ce fourmillement de détails sur les costumes ainsi que les inspirations aussi bien japonaises que médiévales. Mais c’est un travail qui a été complexe, parce que nous avons fait beaucoup d'aller-retour afin de trouver le juste milieu pour les personnages par rapport à l'œuvre de Sobral, et pour faire quelque chose d'épique en 3D et réaliste". Il a aussi fallu créer une communautés d'enfants avec un certain nombre de traits attribués à chaque peuple "Comme ils étaient très nombreux nous avons dû composer une sorte d’organigramme pour nous y retrouver parmi tous ces personnages".

Une étape assez particulière a consisté à enregistrer tous les dialogues, notamment grâce au talent de comédiens du scénariste, ce qui a permis de vérifier la façon dont le script fonctionnait.

Pour les décors, Guillaume Ivernel, comme Patrick Sobral se disent influencés par le culture japonaise. "Ce qui est intéressant c’est de mélanger des univers qui a priori n’ont rien à voir ensemble comme des châteaux de princesse avec des tanks. On a aussi essayé de dégrader aussi certains décors qui constituent un univers assez médiéval-fantastique".

Côté musique, le réalisateur s’est adressé à Cécile Corbel, une harpiste qui a déjà composé la musique d’Arrietty : Le Petit Monde des Chapardeurs. "Quand je lui ai demandé comment elle avait travaillé avec les japonais, elle m’a expliqué qu’ils lui avaient demandé de faire des musiques originelles qui étaient montées avec le film et qui étaient considérées comme définitives, même à l’état de maquette. Par ailleurs je voulais que dans le film il y ait aussi bien de l'aventure épique que de l’onirique et du mystique. Et c'est pour cela que j’ai voulu le faire avec elle, parce que je sais que toutes ces palettes figurent dans sa musique".

Après le storyboard, Guillaume Ivernel est passé à étape qu’il maîtrise particulièrement bien, la previz. "Le storyboard, constitue une sorte du guide, notamment dans le cadre des scènes d'action. Et ensuite on travaille toute la mise en scène, le cadrage et le découpage avec les artistes de la previz. Une fois celle-ci verrouillée cela permet de découvrir le film dans toute sa continuité, étape que nous venons tout juste de terminer".

Pour le rendu d’image, Guilllaume Ivernel est passé par un moteur de jeu vidéo. "Je voulais avoir un rendu de type photo réaliste. Avec un outil comme Unreal on peut vraiment aller plus vite et plus loin pour régler les images. Et on a la possibilité de voir ce que l’on a fait dans l’instant. Et cet hyper réalisme va aider à crédibiliser les personnages". Par ailleurs en diminuant énormément les temps de calcul, le temps réel permet de diminuer d’autant l’empreinte carbone. "A plus de 70%" précise Nathalie Gastaldo Godeau.

Le budget de 14 M€ a été réuni grâce à de nombreux partenaires parmi lesquels Canal+, France Télévisions, Goodfellas qui vend le film, Dupuis et Média-Participations en tant que coproducteurs et des Soficas ainsi que Magelis et la Réunion. Les Légendaires sera notamment fabriqué par 2 Minutes à la Réunion et Dreamwall en Belgique.

En fin de session Patrick Sobral lui-même est monté sur scène, suscitant des applaudissements nourris. "Nous avons utilisé ce qu'il y avait de mieux dans les différents arcs de la BD pour construire une histoire sur mesure. Ne croyez pas, que nous allons simplement nous contenter d'adapter les premiers tomes des Légendaires. En attendant c’est ici à Annecy nous lançons la promotion du film qui ne sortira pas avant le début de l'année 2026 a priori".

Patrice Carré
© crédit photo : Pan Animation Goodfellas


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