Annecy 2024 - "Vice versa 2" : "Si votre adolescent vous a déjà répondu 'mouais', alors vous avez fait connaissance avec Ennui"
Date de publication : 14/06/2024 - 08:15
Le réalisateur Kelsey Mann et le producteur Mark Nielsen sont à Annecy pour présenter le deuxième opus de Vice versa, dont la sortie est prévue le 19 juin prochain en France.
A quel moment le projet d’un Vice versa 2 est arrivé sur la table?
Kelsey Mann : L’impulsion est vraiment venue de Pete Docter, qui est notre directeur de la création au studio et le réalisateur du premier film. C'est vraiment lui qui est à l'origine du projet. A l’origine, il n’était vraiment pas prévu qu’il y ait une suite. Ces films sont vraiment difficiles à faire. Alors deux ? Le but était de faire Vice versa le mieux possible, de l’emballer de mettre un joli noeud dessus et de l’envoyer dans le monde et de passer à autre chose. Et c’est ce que Pete Docter a fait. Cependant, les gens n'arrêtaient pas de venir le voir pour lui parler de l'impact que le premier film avait eu sur eux, et cela l'a vraiment fait réfléchir. Il s'est dit qu'il y avait peut-être une autre histoire à raconter. C’est là que j'ai vu sur mon téléphone que j'avais une réunion avec Pete Docter et Jim Morris, le président de Pixar. Et c'est lors de cette réunion qu'ils m'ont demandé de réfléchir à ce que nous pourrions potentiellement faire pour la suite. Et ce que j'aime dans le fait de travailler avec Pete et chez Pixar, c'est qu'il m'a dit, lors de cette réunion, que si nous ne trouvons pas quelque chose qui nous enthousiasme, nous ne le ferons pas. Mais je pense qu'il y a peut-être quelque chose. C’est même sûr, puisque nous sommes là en train de parler de Vice versa 2.
Vice Versa parle d’émotions. Et pour ce deuxième opus, vous avez décidé de faire de Riley une adolescente. Une période où les émotions sont justement très intenses. Etiez-vous entouré d’un groupe de jeunes pour vous aider à bien cerner ce moment-là de l’existence?
Kelsey Mann : Tout comme Pete Docter qui avait une petite fille au moment où il a fait le premier Vice Versa, Mark et moi avons des enfants, filles et garçons, adolescents à la maison. Mais nous avons aussi monté une sorte de groupe de discussions avec une bande d’adolescentes.
Mark Nielsen : Nous avons décidé de réunir un groupe d'adolescentes. C’est comme un groupe de réflexion, comme on le fait pour chacun de nos films, mais cette fois composé d'adolescentes. Nous avons donc recruté neuf adolescentes âgées de 13 à 16 ans qui venaient de toute l'Amérique. Nous les avons rencontrées tous les quatre mois pendant trois ans. Nous leur montrions le film tel qu'il existait à ce moment-là, parce qu'il évoluait au fur et à mesure. Ensuite, nous les rencontrions par zoom pendant une heure pour recueillir leurs idées et leurs notes, pour découvrir ce qui fonctionne selon elles et ce qui ne fonctionne pas. Elles nous ont été d'une aide précieuse et nous ont aidés à orienter le projet en essayant de prendre confiance dans ce qui fonctionnait, ce qui était vrai et racontable, et de nous éloigner de ce qui ne l'était pas.
Kelsey Mann : Elles ont été formidables et ont pris leur travail très au sérieux. Nous avons pu enfin les rencontrer en vrai lundi de la semaine dernière lors d’une avant-première à Los Angeles. Et ainsi, elles ont pu aussi se rencontrer entre elles, c’était vraiment un beau moment.
On l’a dit, l’adolescence, c’est un tourbillon d’émotions difficile à contrôler. Comment avez-vous choisi celles qui devaient devenir des personnages dans le film?
Kelsey Mann : Je me souviens que nous, nous avons consulté quelques experts pour ce film. Le docteur Keltner, qui était l'un d'entre eux, est professeur de psychologie à l'Université de Berkeley et avait déjà participé au premier film. Je me souviens lui avoir parlé parce que j'avais toute une liste d'émotions parmi lesquelles je devais faire un choix. Pour m’aider, il m’a précisé que, pour cette période, il fallait que je choisisse celles qui ont un lien avec l’insécurité et le malaise car c’est un âge où l’on commence à se voir de l'extérieur et à se demander comment on est perçu par les autres. C'est pourquoi nous avons choisi de faire de l’anxiété, de l’embarras et de l’envie, des personnages, car ce sont des émotions propres aux adolescents. Et l’ennui, bien sûr. Parfois, les gens ne savent pas à quoi ça correspond, mais je leur dis : "Si vous avez déjà demandé à votre adolescent comment s'était passée sa journée et qu'il vous a répondu 'mouais', c’est bon vous savez qui est Ennui".
Ennui est doublé par Adèle Exarchopoulos, dans les versions française et anglaise. Comment l’avez-vous choisi?
Kelsey Mann : Je n'arrive pas à croire qu'on ait eu, Adèle. On a vraiment gagné à la loterie.
Mark Nielsen : Nous avons rencontré nos directeurs de casting et nous leur avons dit que nous voulions vraiment que ce soit une actrice française. Oui, parce que le mot Ennui, qui est un mot que nous utilisons en Amérique, vient du français. De plus, c’est une émotion complexe donc on aimait l'idée d'une émotion qui parle plusieurs langues. Ainsi, le personnage de Joie avait encore plus la sensation d’être perdue et de ne pas comprendre ce qui arrive. Nous voulions qu'elle se sente moins à sa place. Alors, nous avons écouté les voix d’actrices françaises, à l’aveugle; le directeur de casting se contentait de dire "Actrice 1, Actrice 2", etc… On bouge. Et puis, nous choisissions nos préférés parmi les 30 que nous avions entendus. Et de ce procédé, c’est le nom d’Adèle Exarchopoulos qui est sorti car sa voix, dans un registre grave, est parfaite pour le rôle. Elle a également un excellent timing comique.
Kelsey Mann : Et elle a dit oui! D’ailleurs, j’ai une petite anecdote sur le moment où nous sommes allés à Paris pour enregistrer sa voix. Nous étions sur les Champs-Elysées à faire du shopping avant d’aller en studio quand soudain nous avons vu cette jeune fille d’environ 13 ans avec un t-shirt noir sur lequel était écrit "je m'en fous". Nous l’avons discrètement prise en photo pour l’envoyer à Adèle en lui disant : "c’est exactement ton personnage !". C’était un peu comme un signe que nous avions fait le bon choix.
Est-ce qu’un Vice versa 3 est envisagé?
Mark Nielsen : Honnêtement, nous adorerions faire un troisième opus. Mais pour cela, il faut que le deuxième fonctionne. C’est vraiment ça dont nous avons besoin pour le moment. Alors, allez le public, allez voir Vice versa 2 !
Kelsey Mann : L’impulsion est vraiment venue de Pete Docter, qui est notre directeur de la création au studio et le réalisateur du premier film. C'est vraiment lui qui est à l'origine du projet. A l’origine, il n’était vraiment pas prévu qu’il y ait une suite. Ces films sont vraiment difficiles à faire. Alors deux ? Le but était de faire Vice versa le mieux possible, de l’emballer de mettre un joli noeud dessus et de l’envoyer dans le monde et de passer à autre chose. Et c’est ce que Pete Docter a fait. Cependant, les gens n'arrêtaient pas de venir le voir pour lui parler de l'impact que le premier film avait eu sur eux, et cela l'a vraiment fait réfléchir. Il s'est dit qu'il y avait peut-être une autre histoire à raconter. C’est là que j'ai vu sur mon téléphone que j'avais une réunion avec Pete Docter et Jim Morris, le président de Pixar. Et c'est lors de cette réunion qu'ils m'ont demandé de réfléchir à ce que nous pourrions potentiellement faire pour la suite. Et ce que j'aime dans le fait de travailler avec Pete et chez Pixar, c'est qu'il m'a dit, lors de cette réunion, que si nous ne trouvons pas quelque chose qui nous enthousiasme, nous ne le ferons pas. Mais je pense qu'il y a peut-être quelque chose. C’est même sûr, puisque nous sommes là en train de parler de Vice versa 2.
Vice Versa parle d’émotions. Et pour ce deuxième opus, vous avez décidé de faire de Riley une adolescente. Une période où les émotions sont justement très intenses. Etiez-vous entouré d’un groupe de jeunes pour vous aider à bien cerner ce moment-là de l’existence?
Kelsey Mann : Tout comme Pete Docter qui avait une petite fille au moment où il a fait le premier Vice Versa, Mark et moi avons des enfants, filles et garçons, adolescents à la maison. Mais nous avons aussi monté une sorte de groupe de discussions avec une bande d’adolescentes.
Mark Nielsen : Nous avons décidé de réunir un groupe d'adolescentes. C’est comme un groupe de réflexion, comme on le fait pour chacun de nos films, mais cette fois composé d'adolescentes. Nous avons donc recruté neuf adolescentes âgées de 13 à 16 ans qui venaient de toute l'Amérique. Nous les avons rencontrées tous les quatre mois pendant trois ans. Nous leur montrions le film tel qu'il existait à ce moment-là, parce qu'il évoluait au fur et à mesure. Ensuite, nous les rencontrions par zoom pendant une heure pour recueillir leurs idées et leurs notes, pour découvrir ce qui fonctionne selon elles et ce qui ne fonctionne pas. Elles nous ont été d'une aide précieuse et nous ont aidés à orienter le projet en essayant de prendre confiance dans ce qui fonctionnait, ce qui était vrai et racontable, et de nous éloigner de ce qui ne l'était pas.
Kelsey Mann : Elles ont été formidables et ont pris leur travail très au sérieux. Nous avons pu enfin les rencontrer en vrai lundi de la semaine dernière lors d’une avant-première à Los Angeles. Et ainsi, elles ont pu aussi se rencontrer entre elles, c’était vraiment un beau moment.
On l’a dit, l’adolescence, c’est un tourbillon d’émotions difficile à contrôler. Comment avez-vous choisi celles qui devaient devenir des personnages dans le film?
Kelsey Mann : Je me souviens que nous, nous avons consulté quelques experts pour ce film. Le docteur Keltner, qui était l'un d'entre eux, est professeur de psychologie à l'Université de Berkeley et avait déjà participé au premier film. Je me souviens lui avoir parlé parce que j'avais toute une liste d'émotions parmi lesquelles je devais faire un choix. Pour m’aider, il m’a précisé que, pour cette période, il fallait que je choisisse celles qui ont un lien avec l’insécurité et le malaise car c’est un âge où l’on commence à se voir de l'extérieur et à se demander comment on est perçu par les autres. C'est pourquoi nous avons choisi de faire de l’anxiété, de l’embarras et de l’envie, des personnages, car ce sont des émotions propres aux adolescents. Et l’ennui, bien sûr. Parfois, les gens ne savent pas à quoi ça correspond, mais je leur dis : "Si vous avez déjà demandé à votre adolescent comment s'était passée sa journée et qu'il vous a répondu 'mouais', c’est bon vous savez qui est Ennui".
Ennui est doublé par Adèle Exarchopoulos, dans les versions française et anglaise. Comment l’avez-vous choisi?
Kelsey Mann : Je n'arrive pas à croire qu'on ait eu, Adèle. On a vraiment gagné à la loterie.
Mark Nielsen : Nous avons rencontré nos directeurs de casting et nous leur avons dit que nous voulions vraiment que ce soit une actrice française. Oui, parce que le mot Ennui, qui est un mot que nous utilisons en Amérique, vient du français. De plus, c’est une émotion complexe donc on aimait l'idée d'une émotion qui parle plusieurs langues. Ainsi, le personnage de Joie avait encore plus la sensation d’être perdue et de ne pas comprendre ce qui arrive. Nous voulions qu'elle se sente moins à sa place. Alors, nous avons écouté les voix d’actrices françaises, à l’aveugle; le directeur de casting se contentait de dire "Actrice 1, Actrice 2", etc… On bouge. Et puis, nous choisissions nos préférés parmi les 30 que nous avions entendus. Et de ce procédé, c’est le nom d’Adèle Exarchopoulos qui est sorti car sa voix, dans un registre grave, est parfaite pour le rôle. Elle a également un excellent timing comique.
Kelsey Mann : Et elle a dit oui! D’ailleurs, j’ai une petite anecdote sur le moment où nous sommes allés à Paris pour enregistrer sa voix. Nous étions sur les Champs-Elysées à faire du shopping avant d’aller en studio quand soudain nous avons vu cette jeune fille d’environ 13 ans avec un t-shirt noir sur lequel était écrit "je m'en fous". Nous l’avons discrètement prise en photo pour l’envoyer à Adèle en lui disant : "c’est exactement ton personnage !". C’était un peu comme un signe que nous avions fait le bon choix.
Est-ce qu’un Vice versa 3 est envisagé?
Mark Nielsen : Honnêtement, nous adorerions faire un troisième opus. Mais pour cela, il faut que le deuxième fonctionne. C’est vraiment ça dont nous avons besoin pour le moment. Alors, allez le public, allez voir Vice versa 2 !
Perrine Quennesson
© crédit photo : Disney
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