Annecy 2024 – Mickaël Marin : "Ce qui se passe à Annecy est remarquable et sans doute inédit sur la planète cinéma"
Date de publication : 15/06/2024 - 08:05
Si le Mifa a fermé ses porte vendredi, le festival se prépare à vivre encore une pleine journée de projections avant sa soirée de clôture du samedi. Le directeur de Citia, structure organisatrice de la manifestation, se livre à l’exercice du premier bilan à chaud, d’une édition qui bat encore de nouveaux records.
Les premières estimations parlent de 17 000 accrédités au total. Confirmez-vous ce chiffre ?
Nous serons probablement au-dessus, mais en fin de compte peu importe la ou les centaines qui devraient s’ajouter. En fait cela correspond à ce qui nous arrive depuis la reprise, même si avant la pandémie nous avions déjà des chiffres très importants puisque, de mémoire, en 2019 nous avions accueilli un peu plus de 11 000 accrédités. En 2022 nous en étions à 13 000 et en 2023 15 800. Donc plus de 17 000 c'est assez gigantesque. C'est une vraie satisfaction, parce que c'est véritablement la concrétisation, chaque mois de juin, du travail de toute l'équipe, de ce que nous essayons de déployer depuis plusieurs années et de la stratégie que nous mettons en place. Et puis c'est aussi une nouvelle démonstration de force de l'industrie du cinéma d'animation et de sa communauté qui aura été représentée cette année par plus de 100 pays. De nouveaux territoires continuent de s'affirmer dans la production. L'Amérique du Sud et de nombreux pays en Afrique, comme on a pu le constater sur le Mifa. Et d’autres pays asiatiques que la Corée ou le Japon font aussi de l’animation. La Chine a opéré un retour notable cette année et la Malaisie était aussi au Mifa, de même que l’Inde qui avait une très belle présence cette année. Double satisfaction avec l’Inde puisque c’est la concrétisation d'un accompagnement spécifique que nous avons mené, notamment avec le projet de festival d'animation qui a été lancé en janvier à Mumbai. Donc nous constatons des résultats concrets année après année. Et par ailleurs je pense que ce qui se passe à Annecy est tout simplement remarquable et sans doute unique et inédit sur toute la planète cinéma.
Vous avez élargi la grille avec des projections très tôt le matin. La dernière journée du samedi a été également densifiée. De premiers enseignements à en tirer ?
Nous avions observé que les projections de 8h30 instaurées par le festival de Cannes fonctionnaient très bien. Donc pourquoi ne pas le transposer aussi chez nous, puisque nous avons à la fois de très bon films, beaucoup de public et des accrédités en nombre ? Et lors de la première séance matinale du lundi, qui proposait La plus précieuse des marchandises, nous avons dû refuser du monde, avec une salle de près de 1000 places. La preuve par l'exemple que c'était une bonne décision et qu'il fallait le faire. Et puis nous disposons de quatre salles de plus au Pathé et avons densifié effectivement le dimanche et le samedi. Ce sont à présent de vraies journées de festivals. La Masterclass de Terry Gilliam, dimanche après-midi était d'ailleurs pleine à craquer.
Le Mifa Campus a été amélioré. Avez-vous des premiers retours ?
Le Mifa Campus auquel nous avons attribué un espace l’année dernière a été en effet optimisé et rendu bien plus convivial. Et là, je salue vraiment les équipes de Véronique Encrenaz la responsable du Mifa. Plusieurs sessions étaient pleines, notamment une conversation que les étudiants ont pu avoir avec Wes Anderson. C’était assez impressionnant. Et de fait cet espace a généré plus de flux .
Les festivaliers se sont-ils appropriés le nouveau lieu XR et jeu vidéo à la Chambre de Métiers ?
Ce nouvel espace a en effet reçu du monde et connu une certaine affluence. Comme le Mifa Campus il sera optimisé l’année prochaine. Nous corrigerons les petits défauts qu’on nous aura fait remonter.
J'ai l'impression que vous avez bien optimisé aussi la gestion des flux car les longues files d'attente le matin devant l'Imperial ont disparu…
Oui alors que les allées du Mifa étaient bondées. Cela passe par tout un travail de logistique et de gestion des flux qui a été mené par l'équipe, avec tous les enseignements que nous avons pu tirer des dernières années. Nous avions aussi renforcé nos équipes parce qu’il est important de se donner les moyens. Et cela a porté ses fruits.
Je vous avais posé la question avant la festival, je vous la repose à sa fin. Des temps forts particuliers à vos yeux d'organisateur ?
La masterclass de Terry Gilliam a été un moment assez extraordinaire. La projection de La plus précieuse des marchandises aussi avec une très longue standing ovation. Et ce fut par ailleurs un moment un peu spécial puisque à la fin de la séance on annonce que le pays bascule peut-être dans une autre dimension politique, en lien direct avec le sujet du film. C’était un écho très fort. La présentation d'Astérix par Alain Chabat et ses équipes était assez délirante. J’ai aussi bien aimé le projet de nWave avec Jean-Paul Gaultier. Une très belle présentation, hyper prometteuse. Cela a été une très belle semaine avec plus de 4000 étudiants notamment. Tout le monde avait envie de se retrouver, de partager des moments très forts en salles. Vendredi matin nous avons rendu un bel hommage à Mark Henn, l’un des très grands animateurs de chez Disney. Nous avons révélé la plaque qu'il aura à Annecy dans le Walk of fame de l'animation. Et la projection de Moi, moche et Méchant 4 s’est déroulée à Bonlieu dans une ambiance survoltée. Cette manifestation nous la dessinons mois après mois. Nous considérons qu’elle est réussie quand ce que nous vivons est mieux que ce que nous avions imaginé.
Se pose donc la question de la façon d’accompagner au mieux cette croissance. Est-ce que cela peut passer par des changements en termes d'infrastructures ou de dates ?
Je pourrais vous faire une réponse de politique, c’est de circonstance. Toutes les hypothèses sont sur la table. En fait nous avons des idées à propos d’une évolution des infrastructures. Mais cela pose toujours des questions de financement et d’un équilibre à trouver entre recettes et dépenses, car nous sommes un établissement public. Donc, nous faisons attention à nos dépenses et nous essayons surtout d'aller chercher des recettes, afin de diminuer la part d'argent public dont nous pouvons avoir besoin. En ce qui concerne un allongement éventuel il est beaucoup trop tôt pour prendre des décisions en ce sens car ce serait réagir à chaud. On imagine souvent qu'après un festival ou un marché comme celui là, surtout avec cette intensité qui est démentielle, on part en vacances pendant quelques semaines. Pas du tout. On se repose une ou deux journées, et après on attaque tout de suite les débriefs avec les équipes, afin de noter, échanger sur ce qui a bien fonctionné ou moins bien fonctionné. Et dès le mois de juillet nous avons un plan d'attaque. Car si nous voulons que tout ce que nous imaginons devienne une réalité en juin prochain, il nous faut travailler tout de suite d’arrache-pied. D’autant que 2025 sera une année particulière puisque nous fêterons les 40 ans du Mifa. Et quand on voit ce qu'il est devenu aujourd'hui, 39 ans après sa création en 1985, il y a une belle histoire à raconter autour de ce que peuvent générer des décisions politiques et la capacité de nos équipes à travailler sur le long terme pour installer un projet qui, aujourd'hui, a une influence dans le monde entier et contribue à faire rayonner la France.
Et pour finir, commence avance le chantier de la Cité du cinéma d’animation ?
Je n'ai jamais autant mis de casques de chantier, de chasubles et de chaussures de sécurité de toute ma vie. Mais oui cela avance bien et nous avons pu organiser durant cette semaine de très belles visites pour nos partenaires et des professionnels intéressés. Nous avons la chance d'avoir une très belle équipe, sous la houlette de David Devaux, l'architecte, et la coordination de la ville d'Annecy. Les partenaires qui se sont engagés dans ce projet, notamment le département de la Haute-Savoie, la région Auvergne-Rhône-Alpes et l'État, peuvent en être fiers. En juin 2025 ce sera encore trop tôt pour l'ouverture, mais on en sera proche et on pourra vraiment imaginer les espaces et voir ce que cela donnera. Cela va être magnifique. C'est un nouveau lieu qui fera rayonner la France et ce qu'elle porte en termes de culture dans le monde entier.
Ouverture prévue pour la rentrée 2025 ?
Alors, il y aura probablement deux étapes. Une première qui passera par l'ouverture du parc et de la halle gourmande au public. Et la Cité sera prête pour le festival 2026.
Nous serons probablement au-dessus, mais en fin de compte peu importe la ou les centaines qui devraient s’ajouter. En fait cela correspond à ce qui nous arrive depuis la reprise, même si avant la pandémie nous avions déjà des chiffres très importants puisque, de mémoire, en 2019 nous avions accueilli un peu plus de 11 000 accrédités. En 2022 nous en étions à 13 000 et en 2023 15 800. Donc plus de 17 000 c'est assez gigantesque. C'est une vraie satisfaction, parce que c'est véritablement la concrétisation, chaque mois de juin, du travail de toute l'équipe, de ce que nous essayons de déployer depuis plusieurs années et de la stratégie que nous mettons en place. Et puis c'est aussi une nouvelle démonstration de force de l'industrie du cinéma d'animation et de sa communauté qui aura été représentée cette année par plus de 100 pays. De nouveaux territoires continuent de s'affirmer dans la production. L'Amérique du Sud et de nombreux pays en Afrique, comme on a pu le constater sur le Mifa. Et d’autres pays asiatiques que la Corée ou le Japon font aussi de l’animation. La Chine a opéré un retour notable cette année et la Malaisie était aussi au Mifa, de même que l’Inde qui avait une très belle présence cette année. Double satisfaction avec l’Inde puisque c’est la concrétisation d'un accompagnement spécifique que nous avons mené, notamment avec le projet de festival d'animation qui a été lancé en janvier à Mumbai. Donc nous constatons des résultats concrets année après année. Et par ailleurs je pense que ce qui se passe à Annecy est tout simplement remarquable et sans doute unique et inédit sur toute la planète cinéma.
Vous avez élargi la grille avec des projections très tôt le matin. La dernière journée du samedi a été également densifiée. De premiers enseignements à en tirer ?
Nous avions observé que les projections de 8h30 instaurées par le festival de Cannes fonctionnaient très bien. Donc pourquoi ne pas le transposer aussi chez nous, puisque nous avons à la fois de très bon films, beaucoup de public et des accrédités en nombre ? Et lors de la première séance matinale du lundi, qui proposait La plus précieuse des marchandises, nous avons dû refuser du monde, avec une salle de près de 1000 places. La preuve par l'exemple que c'était une bonne décision et qu'il fallait le faire. Et puis nous disposons de quatre salles de plus au Pathé et avons densifié effectivement le dimanche et le samedi. Ce sont à présent de vraies journées de festivals. La Masterclass de Terry Gilliam, dimanche après-midi était d'ailleurs pleine à craquer.
Le Mifa Campus a été amélioré. Avez-vous des premiers retours ?
Le Mifa Campus auquel nous avons attribué un espace l’année dernière a été en effet optimisé et rendu bien plus convivial. Et là, je salue vraiment les équipes de Véronique Encrenaz la responsable du Mifa. Plusieurs sessions étaient pleines, notamment une conversation que les étudiants ont pu avoir avec Wes Anderson. C’était assez impressionnant. Et de fait cet espace a généré plus de flux .
Les festivaliers se sont-ils appropriés le nouveau lieu XR et jeu vidéo à la Chambre de Métiers ?
Ce nouvel espace a en effet reçu du monde et connu une certaine affluence. Comme le Mifa Campus il sera optimisé l’année prochaine. Nous corrigerons les petits défauts qu’on nous aura fait remonter.
J'ai l'impression que vous avez bien optimisé aussi la gestion des flux car les longues files d'attente le matin devant l'Imperial ont disparu…
Oui alors que les allées du Mifa étaient bondées. Cela passe par tout un travail de logistique et de gestion des flux qui a été mené par l'équipe, avec tous les enseignements que nous avons pu tirer des dernières années. Nous avions aussi renforcé nos équipes parce qu’il est important de se donner les moyens. Et cela a porté ses fruits.
Je vous avais posé la question avant la festival, je vous la repose à sa fin. Des temps forts particuliers à vos yeux d'organisateur ?
La masterclass de Terry Gilliam a été un moment assez extraordinaire. La projection de La plus précieuse des marchandises aussi avec une très longue standing ovation. Et ce fut par ailleurs un moment un peu spécial puisque à la fin de la séance on annonce que le pays bascule peut-être dans une autre dimension politique, en lien direct avec le sujet du film. C’était un écho très fort. La présentation d'Astérix par Alain Chabat et ses équipes était assez délirante. J’ai aussi bien aimé le projet de nWave avec Jean-Paul Gaultier. Une très belle présentation, hyper prometteuse. Cela a été une très belle semaine avec plus de 4000 étudiants notamment. Tout le monde avait envie de se retrouver, de partager des moments très forts en salles. Vendredi matin nous avons rendu un bel hommage à Mark Henn, l’un des très grands animateurs de chez Disney. Nous avons révélé la plaque qu'il aura à Annecy dans le Walk of fame de l'animation. Et la projection de Moi, moche et Méchant 4 s’est déroulée à Bonlieu dans une ambiance survoltée. Cette manifestation nous la dessinons mois après mois. Nous considérons qu’elle est réussie quand ce que nous vivons est mieux que ce que nous avions imaginé.
Se pose donc la question de la façon d’accompagner au mieux cette croissance. Est-ce que cela peut passer par des changements en termes d'infrastructures ou de dates ?
Je pourrais vous faire une réponse de politique, c’est de circonstance. Toutes les hypothèses sont sur la table. En fait nous avons des idées à propos d’une évolution des infrastructures. Mais cela pose toujours des questions de financement et d’un équilibre à trouver entre recettes et dépenses, car nous sommes un établissement public. Donc, nous faisons attention à nos dépenses et nous essayons surtout d'aller chercher des recettes, afin de diminuer la part d'argent public dont nous pouvons avoir besoin. En ce qui concerne un allongement éventuel il est beaucoup trop tôt pour prendre des décisions en ce sens car ce serait réagir à chaud. On imagine souvent qu'après un festival ou un marché comme celui là, surtout avec cette intensité qui est démentielle, on part en vacances pendant quelques semaines. Pas du tout. On se repose une ou deux journées, et après on attaque tout de suite les débriefs avec les équipes, afin de noter, échanger sur ce qui a bien fonctionné ou moins bien fonctionné. Et dès le mois de juillet nous avons un plan d'attaque. Car si nous voulons que tout ce que nous imaginons devienne une réalité en juin prochain, il nous faut travailler tout de suite d’arrache-pied. D’autant que 2025 sera une année particulière puisque nous fêterons les 40 ans du Mifa. Et quand on voit ce qu'il est devenu aujourd'hui, 39 ans après sa création en 1985, il y a une belle histoire à raconter autour de ce que peuvent générer des décisions politiques et la capacité de nos équipes à travailler sur le long terme pour installer un projet qui, aujourd'hui, a une influence dans le monde entier et contribue à faire rayonner la France.
Et pour finir, commence avance le chantier de la Cité du cinéma d’animation ?
Je n'ai jamais autant mis de casques de chantier, de chasubles et de chaussures de sécurité de toute ma vie. Mais oui cela avance bien et nous avons pu organiser durant cette semaine de très belles visites pour nos partenaires et des professionnels intéressés. Nous avons la chance d'avoir une très belle équipe, sous la houlette de David Devaux, l'architecte, et la coordination de la ville d'Annecy. Les partenaires qui se sont engagés dans ce projet, notamment le département de la Haute-Savoie, la région Auvergne-Rhône-Alpes et l'État, peuvent en être fiers. En juin 2025 ce sera encore trop tôt pour l'ouverture, mais on en sera proche et on pourra vraiment imaginer les espaces et voir ce que cela donnera. Cela va être magnifique. C'est un nouveau lieu qui fera rayonner la France et ce qu'elle porte en termes de culture dans le monde entier.
Ouverture prévue pour la rentrée 2025 ?
Alors, il y aura probablement deux étapes. Une première qui passera par l'ouverture du parc et de la halle gourmande au public. Et la Cité sera prête pour le festival 2026.
Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : ANNECY FESTIVAL/F. Murarotto
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