Cinéma

Tribune : "L'Eldorado en difficulté, alerte sur les salles art et essai emblématiques" (Scare)

Date de publication : 23/09/2024 - 10:00

Suite au placement en redressement judiciaire de ce cinéma art et essai historique de Dijon, le syndicat alerte dans une tribune sur la situation des salles indépendantes art et essai, dont la "fragilité économique (...) s'est accentuée ces dernières années".

Début septembre, on apprenait le placement en redressement judiciaire de la SARL Lugano, société via laquelle Matthias Chouquer exploite les trois écrans art et essai de l'Eldorado de Dijon (Côte-d'Or). Une situation que déplore le Syndicat des cinémas d'art, de répertoire et d'essai (Scare) dans une tribune, "L'Eldorado en difficulté, alerte sur les salles art et essai emblématiques", signée par son conseil d'administration :
 
"Nous avons été alarmés par l’annonce faite par l’Eldorado de Dijon à la fin de l’été, d’une demande de redressement, afin de trouver des solutions pour poursuivre son activité.
 
Cinéma historique ouvert en 1920, il s’agit du seul indépendant de la ville. Alain Cramier le reprit en 1985, et en fit un cinéma art et essai emblématique. Il a favorisé sa transmission à son directeur Matthias Chouquer qui a acheté le fonds en 2008.

La situation dans laquelle se trouve l’Eldorado aujourd’hui témoigne bien malheureusement, s’il en était besoin, de la fragilité économique des cinémas art et essai indépendants, qui s’est accentuée ces dernières années.

Au-delà de l’augmentation des coûts de l’énergie et de l’inflation qu’il subit comme nous tous, l’accès aux copies constitue une cause importante de ses difficultés.

Dijon n’échappe pas à la tendance observée dans les villes moyennes et grandes où l’inflation concerne également le nombre de copies des films art et essai porteurs et moyennement porteurs, ce qui a pour conséquence une dilution des entrées et une accélération de l’exposition des films. L’Eldorado n’est plus prioritaire sur la sortie de ces films et quand il les obtient, il est la 3e ou 4e copie de l’agglomération, alors que son public est naturellement le public de ces œuvres et qu’il est performant sur ce type de films.

Nous alertons constamment sur les difficultés économiques rencontrées particulièrement par les cinémas indépendants art et essai de grandes et moyennes villes en situation de concurrence. Il serait extrêmement dangereux et dommageable que d’autres cinémas emblématiques soient ainsi menacés.
Leur modèle économique repose exclusivement sur les entrées de films d’auteurs, non complétées par des succès populaires ou des recettes annexes.
Il est primordial, pour la diversité et le renouvellement des œuvres et des auteurs, que ces salles puissent continuer à exposer convenablement les films les plus porteurs. Ce sont sur elles que comptent les distributeurs pour exposer les films les plus fragiles.

C’est aussi l’absence - que nous avons dénoncée - de films art et essai porteurs cet été, qui a précipité la demande de redressement de l’Eldorado.
En raison de l’organisation des Jeux Olympiques à Paris, ce sont toutes les autres villes non concernées qui ont été affectées par la frilosité des distributeurs à sortir des films pendant l’été.
Si ce phénomène a été particulièrement dommageable en 2024, nous déplorons chaque année qu’un meilleur étalement des sorties et que la mise en place d'un calendrier cohérent ne soient pas réalisés pour éviter ensuite un embouteillage à l’automne.

C’est pourquoi il est urgent de trouver, avec l’ensemble de la filière, le CNC et Madame le Médiateur [du cinéma, Ndlr], les conditions à même de garantir la meilleure exposition des films, garantissant la diversité des salles, des œuvres et des sociétés de distribution.

En attendant, nous restons solidaires et mobilisés pour que l’Eldorado trouve la meilleure issue possible le plus rapidement possible. Nous demandons aux distributeurs la plus grande compréhension en continuant à lui fournir des films pour lui permettre de redresser la barre. Nous relaierons prochainement un appel aux dons qu’il lancera.

Le conseil d’administration du Scare"
 
Précisons au passage que le syndicat organisera, ce mardi 24 septembre en marge du Congrès de la FNCF, son assemblée générale annuelle à Deauville, où le sujet devrait en toute logique être au coeur des échanges.

La rédaction
© crédit photo : Eldorado de Dijon


L’accès à cet article est réservé aux abonnés.

Vous avez déjà un compte


Accès 24 heures

Pour lire cet article et accéder à tous les contenus du site durant 24 heures
cliquez ici


Recevez nos alertes email gratuites

s'inscrire