Cinéma

Congrès FNCF 2024 - Marie-Christine Désandré : "Il est important d’accompagner les exploitants vers l'éco-responsabilité"

Date de publication : 25/09/2024 - 09:00

Annoncée lors du dernier Congrès de la fédération, la Commission de l’écologie des cinémas de la FNCF présentera, ce mercredi 25 septembre lors de la table-ronde consacrée à l’Ecologie des cinémas, les travaux issus de sa première année d’activité. Entretien avec sa présidente, Marie-Christine Désandré.

Comment la Commission de l’écologie des cinémas s’est-elle constituée, et avec quelle ambition ?
L’idée était de bâtir une commission composée de peu de membres, représentant toutes les catégories d’exploitation. Elle réunit ainsi, pour l’exploitation privée, Clémence Zacharie et Jean Villa, ce dernier représentant également les salles municipales et associatives à travers l’entente de programmation Véo ; pour les cinémas itinérants, Rafael Maestro ; et, pour les circuits, Sylviane Amata d’UGC, Pierre Schlosser de CGR Cinémas – qui remplace Alfonso Corrales, parti de CGR en juin – et Jacques Durand de Pathé Cinémas. Il était important pour nous de couvrir tout le spectre de l’exploitation, puisque ce sujet ne peut pas être traité de la même façon selon les typologies de salles. Notre ambition était, dès le départ, de parvenir à "mâcher le travail" pour toute l’exploitation. L’idée est de commencer, dans un premier temps, à ordonner les choses, donner une méthodologie aux exploitants, un parcours à suivre, des fiches de travail. Il est important de les accompagner, de créer une dynamique plus large.
 
Sur quels axes la commission a-t-elle plus particulièrement travaillé ?
D’abord, l’énergie, en phase avec le décret tertiaire. Celui-ci enjoint pour rappel tous les établissements de plus de 1 000 m2 à réduire de 40% leur consommation d’énergie d’ici à 2030. Une sous-commission, qui réunit Sylviane Amata, Jacques Durand et Erwan Escoubet [directeur des affaires réglementaires et institutionnelles de la FNCF, Ndlr], travaille d’ailleurs spécifiquement sur ce sujet. Nous accompagnerons les exploitants sur ce dossier avec des outils qui leur permettront de bien comprendre comment les choses se passent et de se référencer correctement sur la plateforme Operat de l’Ademe [sur laquelle ils doivent renseigner leurs consommations énergétiques, Ndlr]. Nous avons aussi travaillé sur le sujet des déchets (comment les réduire, les trier…), sur l’eau ou encore sur la mobilité des spectateurs, un sujet complexe qui ne s’arrête pas à la porte de nos cinémas et que nous ne pourrons donc pas traiter seuls. Et puis, bien sûr, la formation, essentielle pour mettre en place tous ces travaux. Pour tous ces items, il a fallu évaluer l’impact écologique, mais aussi les faisabilités technique et économique. Et, à partir de là, produire des fiches techniques, de prescription, qui seront mises à la disposition de chacun. Nous avons pour cela été accompagnés par Juliette Vigoureux de La Base. Il était nécessaire de travailler avec un cabinet expert du sujet, pour avancer au bon rythme.
 
Dans ce contexte, quels enseignements tirez-vous du questionnaire envoyé en mars par la FNCF à ses adhérents, élaboré dans le but de réaliser un état des lieux de leurs pratiques écologiques ?
Nous n’avons pas fait de découverte particulière, mais nous avons eu un taux de réponse très important, avec 61% des écrans français représentés. C’est le questionnaire de la fédération qui, à ce jour, a reçu le plus grand nombre de réponses. Grâce à ces retours, on voit bien qu’il y a un sujet, un intérêt, une inquiétude parfois, ou en tout cas un questionnement. Il est par ailleurs satisfaisant de voir que certains exploitants essayent d’imaginer des solutions, en se renseignant par exemple sur les panneaux solaires ou les peintures blanches réfractant la chaleur.
 
Quelles sont les grandes lignes des travaux que vous exposerez aujourd’hui à Deauville ?
Nous allons présenter un outil en ligne, nourri par les réponses apportées au questionnaire envoyé par la FNCF. Il permettra à chaque exploitant de construire sa propre feuille de route, en fonction d’un ensemble de critères : s’il exploite un cinéma en centre-ville ou en périphérie, s’il en possède les murs, s’il trie ses déchets, si l’un de ses collaborateurs est déjà en charge des sujets écologiques, s’il applique la charte de sobriété énergétique des cinémas de la FNCF… En parallèle, nous mettrons à disposition un site ressources, comprenant des fiches de méthode, des indications, des articles… De cette façon, nous serons en mesure de proposer quelque chose de cohérent, de convaincant, qui devrait susciter l’envie de s’engager auprès du plus grand nombre. Il s’agit d’une première étape, les choses monteront ensuite en puissance au fil des années.
 
Comment envisagez-vous justement les prochaines étapes de cette commission ?
Il est difficile pour moi d’y répondre, c’est la FNCF qui fixera le cap pour la suite. En tout cas, il va falloir laisser un peu de temps aux exploitants, afin qu’ils s’emparent de cet outil et arrivent, chacun, à construire leur propre feuille de route. Nous allons entamer une phase d’observation, regarder ce qu’il se passe. Il faut imaginer ces travaux sur une certaine durée, on ne va pas aller sur l’éco-responsabilité dans toutes les salles de cinéma sans que cela ne prenne un certain temps. Ce que nous ne sommes pas en mesure d’évaluer aujourd’hui, c’est la manière dont chaque exploitant va s’emparer de ce sujet. Nous verrons en tout cas, au fil du temps, s’il existe des leviers pour agir sur ce point. Je suis persuadée que cette étape de présentation et de mise à disposition de cet outil va conduire de plus en plus d’exploitants à aborder les choses sous l’angle de l’éco-responsabilité. Qui est aussi source d’économies financières, il ne faut pas l’oublier.

Propos recueillis par Kevin Bertrand
© crédit photo : DR


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