Cinéma

Disparition de Pierre-William Glenn

Date de publication : 24/09/2024 - 13:36

Le chef opérateur, qui a marqué le cinéma français, collaborant notamment avec la Nouvelle Vague, est décédé à l'âge de 80 ans. Il avait présidé la CST pendant 16 ans, étant resté son président d'honneur.

"On ne fait pas du cinéma avec des excuses ou des reproches. Un film ne se projette pas en marche arrière". C’est ainsi que Pierre-William Glenn avait conclu un entretien qu’il avait accordé au Film Français en 2016, pendant le festival de Cannes. Il était alors président de la CST, assurant la direction technique du festival.

Né en 1943, Pierre-William Glenn découvre le cinéma à six ans, au Gaumont Palace – la plus grande salle de cinéma d’Europe à l’époque – avec sa mère. C’est le début d'un amour invétéré pour les salles obscures. En déménageant à Montreuil il se découvre pour voisin Claude Miller, d'un an son aîné. Ils deviendront très proches. Pierre-William Glenn fréquente les salles, tenant des carnets dans lesquels il note ses impressions de jeune cinéphile. Il développe ainsi progressivement son œil et son goût pour l’image.

Après des études de mathématiques, il intègre l'IDHEC, devient l'assistant des directeurs de la photographie William Lubtchansky et Jean Gonnet, travaille pour la télévision tout en signant la photographie de plusieurs courts-métrages de Claude Miller, Jacques Doillon et Jean-Louis Comolli.

Il faut attendre la fin des années 1960 et le film Le cousin Jules de Dominique Benicheti pour le voir travailler sur du long. Il collabore ensuite avec André Téchiné, Marin Karmitz, Jacques Rivette ou encore Peter Goldman sur Wheels of ashes, le film grâce auquel il se fait remarquer dans le milieu.

Les années 1970 vont être prolifiques. Glenn enchaîne les tournages avec José Giovanni (Comme un boomerang), Costa-Gavras (État de Siège), Yannick Bellon (La Femme de Jean) et surtout François Truffaut (La Nuit américaine et L’Argent de poche). Le voici entré dans l'histoire du cinéma par la grande porte.

À partir de 1973, il s’engage dans une collaboration régulière avec Bertrand Tavernier dirigeant la photographie de sept de ses films. Il tourne également avec Maurice Pialat, Claude Lelouch mais aussi Euzhan Palcy. Il compte plus de 75 longs métrages à son actif comme chef opérateur et directeur de la photographie.

Mais Pierre-William Glenn est aussi réalisateur. Il débute en 1974 avec le documentaire Le Cheval de fer, un premier long métrage sur les meilleurs pilotes de moto d'Europe. Il tourne également des fictions : Les Enragés en 1985 avec Fanny Ardant et François Cluzet, Terminus l’année suivante et 23 heures 58 en 1993. Plus récemment, il réalise Les Silences de Johnny, un documentaire consacré à la carrière d’acteur de Johnny Hallyday, présenté à Cannes en 2019.

En 2002, il devient président de la CST (Commission Supérieure Technique de l’image et du son), l'association des techniciens du cinéma et de l'audiovisuel. Il en assumera la présidence pendant 16 ans, avant de passer le relais à Angelo Cosimano en 2018. Il a également présidé l'AFC (Association française des directeurs de la photographie cinématographique) de 1997 à 2000, dont il était membre fondateur, et codirigé le département Image de la Fémis de 2005 à 2019.

En 2017 il est fait chevalier des Arts et des Lettres, chevalier de l’ordre national du Mérite et chevalier de la Légion d'honneur.

Patrice Carré
© crédit photo : CNC


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