Cinéma

Congrès FNCF 2024 - Des économies considérables avec le projecteur laser

Date de publication : 25/09/2024 - 20:13

Une étude du CNC a mis en avant les atouts du projecteur laser, moins énergivore et donc plus économique, par rapport au projecteur xénon. Le Centre a précisé qu'il ne mettra pas en place de fonds spécifique pour le passage au laser. Cette transition pourra s'appuyer sur le soutien et l'accompagnement des banques et l'Ifcic.

Si les projecteurs Xénon font encore de la résistance, leurs homologues, les projecteurs laser, semblent offrir aux exploitants d'importantes économies en termes de consommation énergétique et un impact environnemental plus limité. C'est en tout cas ce que démontre une étude initiée par le CNC et conduite par le cabinet Eneor. Pour rappel, 16% des dépenses énergétiques pour l'exploitation sont liées à la projection. Pour réduire ces dépenses, la solution préconisée est de remplacer les projecteurs Xénon en fin de vie par des projecteurs laser. Pour quel gain ?

Quatre fois moins énergivore

Le cabinet Eneor a mené tout d'abord un audit énergétique afin de "mesurer la consommation énergétique réelle des projecteurs laser et Xénon en conditions d'utilisation." Le cabinet est allé auditer 25 projecteurs dans 14 établissements, 14 laser et 11 Xénon, en prenant en compte l'ensemble des tailles d'écran et avec une représentation de toutes les marques.

Les résultats de l'étude sont sans appel. Un projecteur laser est quatre fois moins énergivore qu'un projecteur Xénon. En moyenne, les projecteurs Xénon consomment 3,89 kWh par heure de fonctionnement alors que cette consommation atteint 0,95 kWh par heure de fonctionnement pour les projecteurs laser. L'étude a également analysé la consommation de deux projecteurs rétrofités qui s'inscrivent complètement dans la ligne de performance des projecteurs laser.

Autre constat, assez logique : plus l'écran est grand, plus un projecteur doit être puissant, plus la consommation d'énergie est importante. L'étude met bien en avant cette corrélation qui est encore plus exacerbée pour les projecteurs Xénon.

Entre 1 850 € et 5 961 € d'économies annuelles par salle avec le laser

Dans son audit, Eneor a analysé deux autres critères autour de la performance énergétique : la marque et l'ancienneté. Ces deux éléments n'ont pas d'impact visible sur la consommation énergétique. Cette analyse peut surprendre pour l'ancienneté au regard de la déclinaison de la source lumineuse au fil des années. " Pour les projecteurs Xénon, cela s'explique par le renouvellement fréquent des lampes. Pour le laser, nous manquons de recul pour évaluer ce critère-là. Nous avions des projecteurs laser qui avaient entre un et cinq ans d'ancienneté", explique Cécile Lacoue, directrice des études, des statistiques et de la prospective du CNC.

Les projecteurs laser dégagent également moins de chaleur. Leurs besoins en termes de refroidissement et de climatisation sont donc moins élevés que les projecteurs Xénon (0,59 kWh par heure pour le laser contre 1,07 kWh pour le Xénon).

Ces différences se retrouvent dans la facture énergétique. Selon l'étude, en optant pour un projecteur laser, l'exploitant réaliserait une économie globale entre 1 850 € et 5 961 € par an selon la taille de l'écran. La réduction des coûts varie également en fonction de la taille de l'établissement. Un mono-écran avec un écran de 9m préserverait 2 654 € par an avec le laser. Pour un multiplexe de 8 écrans (trois écrans de 12 mètres, 3 écrans de 15m et 2 écrans de 24m), l'économie annuelle serait de 33 801 €.

Quel impact environnemental ?

Au-delà de la consommation d'énergie de ces projecteurs, le CNC voulait également vérifier l'impact environnemental des projecteurs Laser par rapport aux projecteurs Xénon. Cette ambition passait par une analyse du cycle de vie permettant de vérifier, de mesurer et d'estimer les émissions de gaz à effet de serre tout au long de la vie d'un projecteur. L'étude prend pour hypothèse le fait que, sur une période de dix ans, un projecteur Xénon doive changer toutes les 2 500 heures une lampe Xénon (soit 16 lampes au total).

Là aussi, les résultats plaident largement en faveur du laser. Son impact environnemental (3 759 kgCO2e) est trois fois moins important que le Xénon (12 259 kgCO2e). Cet impact carbone est majoritairement lié à la phase d'utilisation du projecteur (87,3% de l'impact carbone pour le Xénon, 71,5% pour le laser).

Quid des circuits itinérants ?

"Cette étude nous montre le chemin", estime Marie-Christine Désandré, présidente de la Commission de l’écologie des cinémas de la FNCF. "Il y a une source d'économie financière n'apparaissant pas dans le rapport : le prix des lampes Xénon", ajoute Jean Villa (Véo). "Le projecteur rétrofité est une première solution qui ne nous oblige pas à s'engager sur un très gros investissement et qui est très vite rentabilisée", souligne l'exploitant.

Rafael Maestro (Ciné passion) a lui rappelé qu'il n'y avait pas encore de solution pour les circuits avec l'équipement laser. "Nous déplaçons nos projecteurs sur des routes qui ne sont pas du tout stabilisées", indique-t-il. Par ailleurs, les lampes utilisées devraient être interdites sur le marché européen dans les prochaines années, rappelle l'exploitant. Anne Lidove, présidente de l'Anci, a abondé en ce sens.

Pas de fonds spécifique du CNC dédié au laser

Olivier Henrard, président par intérim et directeur général du CNC, et Lionel Bertinet, directeur du cinéma du CNC, ont annoncé qu'aucun fonds spécifique ne serait mis en place pour ce passage au laser, à l'instar de ce qui avait été fait avec le plan Cinenum. "Nous n'aurions pas les ressources supplémentaires suffisantes", indique Olivier Henrard.

"L'étude présentée apporte un élément essentiel au chantier, notamment pour crédibiliser les projets au moment de réunir les financements de nouveaux projecteurs. Tous les soutiens habituels sont mobilisables pour cet investissement : le soutien automatique et l'aide sélective à la petite et moyenne exploitation", précise le dirigeant.

Les banques volontaires pour accompagner ce mouvement

Malgré ces intérêts énergétique et financier à changer de projecteur, les exploitants sont confrontés à une difficulté soulevée par Henri de Roquemaurel, directeur du pôle Image & médias du BNP Paribas. Avec la crise sanitaire et les conséquences sur la fréquentation, de nombreux exploitants ont accumulé des dettes, notamment le PGE.

"Nous savons que vous souhaitez investir dans le laser, mais au regard de la situation économique, le moment ne semble pas être le bon. Cette étude nous sert aujourd'hui à qualifier ce projecteur comme green, de faire une bonification et de s'indexer en termes de durée sur l'économie que vous faites", souligne Henri de Roquemaurel. "S'il travaille bien, votre chargé d'affaires doit faire en sorte que le coût soit totalement lissé dans la durée."

Le banquier ajoute : "Nous avons une filiale qui est spécialisée dans le traitement des projecteurs. Nous avons financé énormément de projecteurs en Asie, et en Chine notamment. Nous avons une capacité à garantir le recyclage de projecteurs"

L'Ifcic aura également un rôle à jouer dans cette transition. "A l'Ifcic, nous garantissons les banques. Ces dernières proposent de plus en plus des prêts verts pouvant être adaptés dans la durée et avoir besoin de la garantie de l'Ifcic. Une garantie d'Etat qui prend 50 à 70% du montant du crédit à vos côtés. Cet apport peut vous faciliter le financement de ces investissements à un moment où il peut être compliqué de lever de la dette bancaire", souligne Sébastien Saunier, directeur de la stratégie et du crédit. "Nous avons également une capacité de prêter en direct pour accompagner ces banquiers afin de financer et boucler les plans de financement délicats."

L'étude du CNC

Florian Krieg
© crédit photo : FK


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