Congrès FNCF 2024 - Le deuxième volet du plan diffusion en vue
Date de publication : 26/09/2024 - 07:46
Après la mise en œuvre éclair du plan en faveur de la diffusion annoncé à Cannes, le CNC entend poursuivre ses efforts à travers de nouvelles mesures et notamment la révision du soutien automatique. Cette ambition faisait partie des nombreuses thématiques abordées lors du débat avec les pouvoirs publics.
En mai dernier, la ministre de la Culture, Rachida Dati, avait dévoilé "un plan ambitieux" en faveur de la diffusion conduit par le CNC à hauteur de 5 M€. Ces mesures accentuent le soutien aux exploitants de circuits itinérants, les festivals locaux et les actions de médiation dans les cinémas. "Grâce à votre réactivité et votre engagement, la totalité de ce plan est aujourd'hui mise en œuvre dans un délai record", souligne la ministre dans un message vidéo diffusé en introduction du débat avec les pouvoirs publics. "Ce n'est qu'une étape. D'autres mesures sont en cours d'élaboration notamment pour moderniser et améliorer le soutien direct aux salles. Vous pouvez compter sur moi pour vous présenter rapidement un calendrier très concret", ajoute-t-elle.
Ces mesures devraient effectivement voir le jour d'ici au début de l'année 2025. C'est le cap fixé par Olivier Henrard, président par intérim et directeur général du CNC, pour la modernisation du soutien automatique.
"La fréquentation des salles a évolué après la pandémie. Le retour du public ne s’est pas fait de façon homogène sur tout le territoire. L’existence de ce déséquilibre, notamment, devra être intégrée à l’amélioration du soutien. Avec vos représentants, nous nous attaquerons à ce chantier pour déboucher rapidement sur des mesures concrètes sous réserve, de la préservation des ressources du CNC."
Plusieurs professionnels sont revenus sur ce projet de modernisation. "Certains au sein de notre filière, en particulier la grande exploitation, éprouvent plus de difficultés à retrouver les niveaux de fréquentation prépandémiques. Cela a un impact direct sur leur situation économique et leur capacité à investir. Cela signifie qu'il faut absolument améliorer le taux de retour du soutien automatique, dispositif dont l'efficacité s'est largement dégradée depuis la dernière réévaluation en 2012", affirme Richard Patry. Le président de la FNCF ajoute : "Personne ne doit se retrouver dans la situation où il n'est plus intéressé économiquement par ce dispositif car sa contribution serait trop déconnectée de son taux de retour."
En parallèle, le CNC promet de porter une aide sélective à la petite et moyenne exploitation, qui rencontre des tensions budgétaires. "Nous allons résoudre cela d'ici à la fin de l'année et allons trouver des solutions", confirme Olivier Henrard.
Education aux images : Le CNC plaide pour une modernisation des dispositifs
Une des thématiques fortes de ce Congrès est logiquement revenue sur la table lors du débat avec les pouvoirs publics. Face à l'inquiétude des professionnels concernant les dispositifs, fragilisés par les réformes à l'Education nationale, Olivier Henrard a expliqué la démarche du CNC.
Fortement mobilisé sur le sujet, le CNC a rencontré les responsables du ministère de l’Education nationale "pour réfléchir à des pistes ambitieuses et réalistes." Pour Olivier Henrard, il semble exclu que le ministère revienne sur la question du « remplacement de courte durée ». Cette réforme " répond à des impératifs de politique publique parfaitement légitimes et qu’il ne m'appartient pas de contester", indique Olivier Henrard. Il en tire les conséquences suivantes : "Les professeurs ne seront donc plus formés, à l’avenir, dans les conditions que vous avez connues. Je crois donc qu’il faut choisir nos combats."
Le président du CNC appelle donc à ce que toutes les parties prenantes travaillent ensemble pour moderniser ces dispositifs. "Tout n’était certainement pas parfait et ce choc peut aussi constituer une opportunité pour recentrer Ma classe au cinéma sur les besoins fondamentaux des enseignants et des élèves", souligne le dirigeant. Pour lui, il convient de concevoir des formations "plus souples, moins chronophages et mieux adaptées à la réalité quotidienne des professeurs".
A cet effet, plusieurs outils sont avancés : la publication par le CNC d'un guide de bonnes pratiques, "qui va aider les coordinations locales à adapter les formations dans ce sens", la prochaine mise en place par le ministère d'une formation nationale, déclinée sur les différents niveaux scolaires, disponible sur la plateforme Magistère.
Autre piste :"rendre les ressources pédagogiques plus accessibles et maniables". "Le corpus est considérable", relève Olivier Henrard évoquant le catalogue de fiches films mis à disposition par le CNC et les "innombrables outils développés par les acteurs du terrain tout au long des années". Ici, "un travail de recensement et de sélection des ressources" semble s'imposer pour améliorer la visibilité des éléments les plus pertinents. Enfin, la question des conditions tarifaires proposées aux exploitants prenant part aux dispositifs "devra être soulevée pour maintenir la motivation des partenaires".
Certains professionnels ont exprimé une réticence concernant la formation en ligne notamment. "Une attente forte du dispositif est la découverte de la salle de cinéma", rappelle l'exploitant Rafaël Maestro. "Il faut garder au sein de ces dispositifs l'obligeance de qualité", ajoute Guillaume Bachy, président de l'Afcae.
L'exploitant a également soumis une idée pour la part collective du Pass Culture. "Nous proposons d'encadrer les tarifs afin qu'ils restent dans un barème raisonnable par rapport à une sortie culturelle encadrée. Nous proposons également de privilégier les séances Art et essai qui répondent totalement au cahier des charges du Pass Culture."
La préservation des taxes affectées au CNC comme priorité absolue
Richard Patry a livré un vibrant plaidoyer pour défendre les ressources du CNC, potentiellement menacées par l'IGF à Bercy. "Nous avons besoin d'un CNC fort et indépendant dont le financement n'est pas obéré par des mesures que nous contestons. Il n'est pas question de plafonner le produit des taxes affectées comme la TSA, réduire le budget du CNC et par conséquent, réduire l'ensemble des aides à tous nos métiers."
Il poursuit : "Notre écosystème est un succès, un modèle. Pourquoi prendre le risque de le fragiliser ? Nous finançons nous-mêmes la modernisation, notre création et notre développement. " L'exploitant réaffirme ici l'attachement "plein et entier" de la FNCF à la préservation de l'écosystème, à la perception de taxes affectées et aux soutiens qui en découlent. "Contrairement à ce que pense Bercy, ce n'est pas de l'argent public, c'est de l'argent du public et pour le public des cinémas."
Olivier Henrard est revenu quelques instants après sur cet enjeu et sur le fonctionnement du secteur. "Des entreprises acceptent une fiscalité additionnelle à celle de l’Etat, en contrepartie d’un réinvestissement intégral de son produit dans des soutiens d’intérêt général pour l’avenir de leur filière", indique le dirigeant qui, avec malice, a répété trois fois consécutivement les termes "fiscalité additionnelle" et "réinvestissement intégral".
"Toutes les catégories de diffuseurs apparues au fil des décennies, ont intégré ce modèle : les télévisions, éditeurs vidéo et plateformes ont renforcé la pertinence de cette solidarité et son efficacité", rappelle-t-il. "Cette pédagogie de l'intérêt général, que nous devons mener ensemble, est parfois épuisante car incessante mais c'est une contrainte inhérente à la démocratie. Nous devons l'assumer avec conviction et énergie."
Visa temporaire :
Le cas Kaizen a grandement animé les débats entre les professionnels, la grande majorité considérant cette sortie comme grandement problématique.
Si la FNCF regrette et critique cette sortie non maîtrisée, elle espère que cela "n'entachera pas la cohérence du dispositif et ne le remettra pas en question." "Cette réglementation complexe mais équilibrée permet d'accueillir dans nos salles de cinéma l'ensemble de nos concitoyens jeunes ou moins jeunes. Quand on voit l'enthousiasme du public autour de ces séances, c'est probablement le plus bel hommage que l'on peut rendre à la salle de cinéma de proximité", argumente Richard Patry.
Olivier Snanoudj, président adjoint de la FNEF, a lui évoqué un "braquage" en cette soirée du vendredi 13 septembre où le documentaire a été diffusé. Le dirigeant a fustigé la défense de MK2.alt, distributeur du film. "Nous n'avons pas attendu cette séance pour travailler à faire venir les jeunes dans les salles. Nous le faisons du 1er janvier au 31 décembre."
Il ajoute : "Cet épisode nous rappelle que notre système tient à un corpus de réglementation mais aussi à la responsabilité des acteurs qui respectent les règles."
De son côté, Olivier Henrard a rappelé le lancement d'une concertation pour adapter la réglementation et "l'améliorer". Les délais seront extrêmement rapides puisque ces discussions prendront fin d'ici à trois semaines. Le CNC formulera ensuite des propositions. Olivier Henrard exclut d'ores et déjà une suppression ou une restriction "dans des proportions déraisonnables" du régime du visa exceptionnel. L'intention est ici de mettre en place des sanctions plus dissuasives pour éviter la réédition "d'un comportement de violation programmée et délibérée."
Chronologie des médias : Vers un quasi statu quo
Olivier Henrard a rappelé le rôle "de médiateur et de scribe" du CNC dans le cadre des négociations sur la chronologie des médias devant déboucher sur un nouvel accord d'ici à janvier 2025. Le dirigeant entend ici préserver la justification même de la chronologie : " valoriser la salle comme le lieu où naissent les films et assurer à notre cinéma un financement optimal par les diffuseurs." Tout en précisant :"l’équilibre actuel nous semble globalement satisfaisant."
"La grande majorité des acteurs, dont nous faisons partie, ont exprimé leur souhait d'une reconduction des accords sur la chronologie des médias dans les mêmes termes", confirme Richard Patry.
Olivier Henrard estime que certains progrès peuvent encore réalisés notamment sur l’exploitation en téléchargement définitif à l’acte.
Art et essai : Un comité de suivi sur la réforme
Le président du CNC a également pour objectif de "lever les dernières incertitudes qui peuvent s’attacher à l’exécution de la réforme de l’Art et essai."
Olivier Henrard en a profité pour rappeler les deux objectifs de cette réforme : "mieux soutenir les salles qui proposent une programmation plus audacieuse et qui l’accompagnent d’un travail d’animation ; diffuser les films Art & Essai partout en France, y compris là où le cinéma est parfois le seul lieu de culture."
Pour atteindre cet objectif, le CNC a consolidé le poids de l’avis des commissions Art & Essai – commissions. Les membres de ces commissions seront réunis en amont "pour harmoniser l’examen des dossiers". Par ailleurs, sera mis en place un comité de suivi qui fera le bilan de la première année de la réforme.
Les engagements de programmation : un dénouement prochain ?
Le calendrier du CNC risque d'être bien dense en cette fin d'année. En effet, le Centre ambitionne de clore d'ici là "le dossier des lignes directrices qui guideront l’instruction des futurs engagements de programmation", annonce Olivier Henrard qui précise sa méthode : "il s’agit de concilier quelques principes généraux avec la prise en compte des spécificités locales, comme la situation concurrentielle par exemple."
Pour clore ce dossier, le CNC devra surmonter une question qui divise : celle de la multidiffusion. Un sujet avec des avis divergents au sein même de l’exploitation. "Le débat a été renouvelé par la stratégie de certains circuits", fait remarquer Olivier Henrard.
Le président du CNC souhaite tendre vers le plus large accord possible tout en prévenant que le consensus autour de cet accord ne devrait pas se produire. La décision du CNC sera basée sur deux éléments : "Il faut absolument privilégier un critère simple car les engagements de programmation n’ont de sens que si nous sommes en mesure de les contrôler. Les lignes directrices devront être suffisamment souples pour permettre ensuite au CNC, lorsque nous discuterons avec chaque réseau de ses propres engagements, de lui définir un cadre adapté", résume Olivier Henrard.
Appel à l'unité
Lors de ce débat avec les pouvoirs publics, Richard Patry a appelé à l'union au sein de la profession. Des tensions ont pu être constatées lors de ce congrès marqué par des contrastes importants de résultats de fréquentation selon la typologie de salle notamment. "Cette situation de contraste est très dangereuse pour notre secteur", estime le président de la FNCF pour qui cette situation "pousse à l'individualisme, à la sectorisation des revendications, au repli sur soi."
"Je suis intimement convaincu que l'unité et la solidarité entre tous les secteurs de notre profession est la réponse aux problématiques de chacun et fait du cinéma un pôle de responsabilité, de stabilité dans le monde qui est le nôtre", affirme l'exploitant.
Il enchaîne : "L'ennemi, ce n'est pas la salle concurrente, même si elle travaille sur la même zone de chalandise que vous, même si elle ne travaille pas dans les mêmes conditions économiques. L'ennemi, ce n'est pas le distributeur, même si de temps en temps, il ne vous donne pas les films que vous espériez avoir. L'ennemi, ce n'est pas le CNC, les pouvoirs publics ou les autres diffuseurs. L'ennemi, c'est le chacun pour soi, l'individualisme, la vision à court terme, la division. En ces temps difficiles que nous traversons, certains auront de très bonnes idées pour faire des économies sur le dos de la culture, l'unité du secteur est donc primordiale."
Il conclut : "Diviser notre voix est inaudible. Collective, elle est forte et incontournable."
Ces mesures devraient effectivement voir le jour d'ici au début de l'année 2025. C'est le cap fixé par Olivier Henrard, président par intérim et directeur général du CNC, pour la modernisation du soutien automatique.
"La fréquentation des salles a évolué après la pandémie. Le retour du public ne s’est pas fait de façon homogène sur tout le territoire. L’existence de ce déséquilibre, notamment, devra être intégrée à l’amélioration du soutien. Avec vos représentants, nous nous attaquerons à ce chantier pour déboucher rapidement sur des mesures concrètes sous réserve, de la préservation des ressources du CNC."
Plusieurs professionnels sont revenus sur ce projet de modernisation. "Certains au sein de notre filière, en particulier la grande exploitation, éprouvent plus de difficultés à retrouver les niveaux de fréquentation prépandémiques. Cela a un impact direct sur leur situation économique et leur capacité à investir. Cela signifie qu'il faut absolument améliorer le taux de retour du soutien automatique, dispositif dont l'efficacité s'est largement dégradée depuis la dernière réévaluation en 2012", affirme Richard Patry. Le président de la FNCF ajoute : "Personne ne doit se retrouver dans la situation où il n'est plus intéressé économiquement par ce dispositif car sa contribution serait trop déconnectée de son taux de retour."
En parallèle, le CNC promet de porter une aide sélective à la petite et moyenne exploitation, qui rencontre des tensions budgétaires. "Nous allons résoudre cela d'ici à la fin de l'année et allons trouver des solutions", confirme Olivier Henrard.
Education aux images : Le CNC plaide pour une modernisation des dispositifs
Une des thématiques fortes de ce Congrès est logiquement revenue sur la table lors du débat avec les pouvoirs publics. Face à l'inquiétude des professionnels concernant les dispositifs, fragilisés par les réformes à l'Education nationale, Olivier Henrard a expliqué la démarche du CNC.
Fortement mobilisé sur le sujet, le CNC a rencontré les responsables du ministère de l’Education nationale "pour réfléchir à des pistes ambitieuses et réalistes." Pour Olivier Henrard, il semble exclu que le ministère revienne sur la question du « remplacement de courte durée ». Cette réforme " répond à des impératifs de politique publique parfaitement légitimes et qu’il ne m'appartient pas de contester", indique Olivier Henrard. Il en tire les conséquences suivantes : "Les professeurs ne seront donc plus formés, à l’avenir, dans les conditions que vous avez connues. Je crois donc qu’il faut choisir nos combats."
Le président du CNC appelle donc à ce que toutes les parties prenantes travaillent ensemble pour moderniser ces dispositifs. "Tout n’était certainement pas parfait et ce choc peut aussi constituer une opportunité pour recentrer Ma classe au cinéma sur les besoins fondamentaux des enseignants et des élèves", souligne le dirigeant. Pour lui, il convient de concevoir des formations "plus souples, moins chronophages et mieux adaptées à la réalité quotidienne des professeurs".
A cet effet, plusieurs outils sont avancés : la publication par le CNC d'un guide de bonnes pratiques, "qui va aider les coordinations locales à adapter les formations dans ce sens", la prochaine mise en place par le ministère d'une formation nationale, déclinée sur les différents niveaux scolaires, disponible sur la plateforme Magistère.
Autre piste :"rendre les ressources pédagogiques plus accessibles et maniables". "Le corpus est considérable", relève Olivier Henrard évoquant le catalogue de fiches films mis à disposition par le CNC et les "innombrables outils développés par les acteurs du terrain tout au long des années". Ici, "un travail de recensement et de sélection des ressources" semble s'imposer pour améliorer la visibilité des éléments les plus pertinents. Enfin, la question des conditions tarifaires proposées aux exploitants prenant part aux dispositifs "devra être soulevée pour maintenir la motivation des partenaires".
Certains professionnels ont exprimé une réticence concernant la formation en ligne notamment. "Une attente forte du dispositif est la découverte de la salle de cinéma", rappelle l'exploitant Rafaël Maestro. "Il faut garder au sein de ces dispositifs l'obligeance de qualité", ajoute Guillaume Bachy, président de l'Afcae.
L'exploitant a également soumis une idée pour la part collective du Pass Culture. "Nous proposons d'encadrer les tarifs afin qu'ils restent dans un barème raisonnable par rapport à une sortie culturelle encadrée. Nous proposons également de privilégier les séances Art et essai qui répondent totalement au cahier des charges du Pass Culture."
La préservation des taxes affectées au CNC comme priorité absolue
Richard Patry a livré un vibrant plaidoyer pour défendre les ressources du CNC, potentiellement menacées par l'IGF à Bercy. "Nous avons besoin d'un CNC fort et indépendant dont le financement n'est pas obéré par des mesures que nous contestons. Il n'est pas question de plafonner le produit des taxes affectées comme la TSA, réduire le budget du CNC et par conséquent, réduire l'ensemble des aides à tous nos métiers."
Il poursuit : "Notre écosystème est un succès, un modèle. Pourquoi prendre le risque de le fragiliser ? Nous finançons nous-mêmes la modernisation, notre création et notre développement. " L'exploitant réaffirme ici l'attachement "plein et entier" de la FNCF à la préservation de l'écosystème, à la perception de taxes affectées et aux soutiens qui en découlent. "Contrairement à ce que pense Bercy, ce n'est pas de l'argent public, c'est de l'argent du public et pour le public des cinémas."
Olivier Henrard est revenu quelques instants après sur cet enjeu et sur le fonctionnement du secteur. "Des entreprises acceptent une fiscalité additionnelle à celle de l’Etat, en contrepartie d’un réinvestissement intégral de son produit dans des soutiens d’intérêt général pour l’avenir de leur filière", indique le dirigeant qui, avec malice, a répété trois fois consécutivement les termes "fiscalité additionnelle" et "réinvestissement intégral".
"Toutes les catégories de diffuseurs apparues au fil des décennies, ont intégré ce modèle : les télévisions, éditeurs vidéo et plateformes ont renforcé la pertinence de cette solidarité et son efficacité", rappelle-t-il. "Cette pédagogie de l'intérêt général, que nous devons mener ensemble, est parfois épuisante car incessante mais c'est une contrainte inhérente à la démocratie. Nous devons l'assumer avec conviction et énergie."
Visa temporaire :
Le cas Kaizen a grandement animé les débats entre les professionnels, la grande majorité considérant cette sortie comme grandement problématique.
Si la FNCF regrette et critique cette sortie non maîtrisée, elle espère que cela "n'entachera pas la cohérence du dispositif et ne le remettra pas en question." "Cette réglementation complexe mais équilibrée permet d'accueillir dans nos salles de cinéma l'ensemble de nos concitoyens jeunes ou moins jeunes. Quand on voit l'enthousiasme du public autour de ces séances, c'est probablement le plus bel hommage que l'on peut rendre à la salle de cinéma de proximité", argumente Richard Patry.
Olivier Snanoudj, président adjoint de la FNEF, a lui évoqué un "braquage" en cette soirée du vendredi 13 septembre où le documentaire a été diffusé. Le dirigeant a fustigé la défense de MK2.alt, distributeur du film. "Nous n'avons pas attendu cette séance pour travailler à faire venir les jeunes dans les salles. Nous le faisons du 1er janvier au 31 décembre."
Il ajoute : "Cet épisode nous rappelle que notre système tient à un corpus de réglementation mais aussi à la responsabilité des acteurs qui respectent les règles."
De son côté, Olivier Henrard a rappelé le lancement d'une concertation pour adapter la réglementation et "l'améliorer". Les délais seront extrêmement rapides puisque ces discussions prendront fin d'ici à trois semaines. Le CNC formulera ensuite des propositions. Olivier Henrard exclut d'ores et déjà une suppression ou une restriction "dans des proportions déraisonnables" du régime du visa exceptionnel. L'intention est ici de mettre en place des sanctions plus dissuasives pour éviter la réédition "d'un comportement de violation programmée et délibérée."
Chronologie des médias : Vers un quasi statu quo
Olivier Henrard a rappelé le rôle "de médiateur et de scribe" du CNC dans le cadre des négociations sur la chronologie des médias devant déboucher sur un nouvel accord d'ici à janvier 2025. Le dirigeant entend ici préserver la justification même de la chronologie : " valoriser la salle comme le lieu où naissent les films et assurer à notre cinéma un financement optimal par les diffuseurs." Tout en précisant :"l’équilibre actuel nous semble globalement satisfaisant."
"La grande majorité des acteurs, dont nous faisons partie, ont exprimé leur souhait d'une reconduction des accords sur la chronologie des médias dans les mêmes termes", confirme Richard Patry.
Olivier Henrard estime que certains progrès peuvent encore réalisés notamment sur l’exploitation en téléchargement définitif à l’acte.
Art et essai : Un comité de suivi sur la réforme
Le président du CNC a également pour objectif de "lever les dernières incertitudes qui peuvent s’attacher à l’exécution de la réforme de l’Art et essai."
Olivier Henrard en a profité pour rappeler les deux objectifs de cette réforme : "mieux soutenir les salles qui proposent une programmation plus audacieuse et qui l’accompagnent d’un travail d’animation ; diffuser les films Art & Essai partout en France, y compris là où le cinéma est parfois le seul lieu de culture."
Pour atteindre cet objectif, le CNC a consolidé le poids de l’avis des commissions Art & Essai – commissions. Les membres de ces commissions seront réunis en amont "pour harmoniser l’examen des dossiers". Par ailleurs, sera mis en place un comité de suivi qui fera le bilan de la première année de la réforme.
Les engagements de programmation : un dénouement prochain ?
Le calendrier du CNC risque d'être bien dense en cette fin d'année. En effet, le Centre ambitionne de clore d'ici là "le dossier des lignes directrices qui guideront l’instruction des futurs engagements de programmation", annonce Olivier Henrard qui précise sa méthode : "il s’agit de concilier quelques principes généraux avec la prise en compte des spécificités locales, comme la situation concurrentielle par exemple."
Pour clore ce dossier, le CNC devra surmonter une question qui divise : celle de la multidiffusion. Un sujet avec des avis divergents au sein même de l’exploitation. "Le débat a été renouvelé par la stratégie de certains circuits", fait remarquer Olivier Henrard.
Le président du CNC souhaite tendre vers le plus large accord possible tout en prévenant que le consensus autour de cet accord ne devrait pas se produire. La décision du CNC sera basée sur deux éléments : "Il faut absolument privilégier un critère simple car les engagements de programmation n’ont de sens que si nous sommes en mesure de les contrôler. Les lignes directrices devront être suffisamment souples pour permettre ensuite au CNC, lorsque nous discuterons avec chaque réseau de ses propres engagements, de lui définir un cadre adapté", résume Olivier Henrard.
Appel à l'unité
Lors de ce débat avec les pouvoirs publics, Richard Patry a appelé à l'union au sein de la profession. Des tensions ont pu être constatées lors de ce congrès marqué par des contrastes importants de résultats de fréquentation selon la typologie de salle notamment. "Cette situation de contraste est très dangereuse pour notre secteur", estime le président de la FNCF pour qui cette situation "pousse à l'individualisme, à la sectorisation des revendications, au repli sur soi."
"Je suis intimement convaincu que l'unité et la solidarité entre tous les secteurs de notre profession est la réponse aux problématiques de chacun et fait du cinéma un pôle de responsabilité, de stabilité dans le monde qui est le nôtre", affirme l'exploitant.
Il enchaîne : "L'ennemi, ce n'est pas la salle concurrente, même si elle travaille sur la même zone de chalandise que vous, même si elle ne travaille pas dans les mêmes conditions économiques. L'ennemi, ce n'est pas le distributeur, même si de temps en temps, il ne vous donne pas les films que vous espériez avoir. L'ennemi, ce n'est pas le CNC, les pouvoirs publics ou les autres diffuseurs. L'ennemi, c'est le chacun pour soi, l'individualisme, la vision à court terme, la division. En ces temps difficiles que nous traversons, certains auront de très bonnes idées pour faire des économies sur le dos de la culture, l'unité du secteur est donc primordiale."
Il conclut : "Diviser notre voix est inaudible. Collective, elle est forte et incontournable."
Florian Krieg
© crédit photo : Florian Krieg
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