Cinéma

Lumière MIFC 2024 - Richard Patry : "Voir des films de patrimoine sur grand écran reste un plaisir inégalé"

Date de publication : 16/10/2024 - 08:05

Le président de la FNCF, qui participe ce matin à une table-ronde sur les stratégies et leviers en faveur d’une exposition accrue du patrimoine en salle, revient à cette occasion sur la place qu’occupe le cinéma classique au sein de l’exploitation tricolore.

Quelle place le cinéma de patrimoine occupe-t-il aujourd’hui au sein du parc de salles français ?
Vous m’auriez posé la question il y a 20 ans, je vous aurais répondu que cela concernait surtout quelques salles dans les grandes villes – en particulier Paris –, des festivals et des séances occasionnelles dans un certain nombre de cinémas. Depuis, beaucoup de choses ont changé, pour deux raisons surtout. D’abord, la numérisation du parc de salles. Ensuite, la rénovation et la numérisation de nombreux films, soit par des fondations, des cinémathèques ou des institutions en Europe (et le travail de l’Institut Lumière et du Festival Lumière par exemple !), soit de la part des studios hollywoodiens à l’occasion de leur centenaire.
 
Le nombre d’établissements art et essai labellisés Patrimoine/Répertoire a très fortement augmenté au cours des dix dernières années, passant de 243 en 2014 à 445 en 2024, une croissance bien plus importante que celle des labels Jeune Public et Recherche et Découverte. Comment l’expliquez-vous ?
Justement, c’est la conséquence de ce que je viens d’évoquer : des copies toujours neuves disponibles – en tout cas pour les œuvres les plus connues du répertoire –, une appétence du public qui a redécouvert le plaisir de voir des films classiques. Sur ce point, il est important de noter que l’augmentation du nombre de salles labellisées est à mettre en regard de leur faible nombre initialement.
 
En parallèle, les résultats du cinéma classique en salles ont nettement progressé en 2023, atteignant 4,4 millions d’entrées selon les données du CNC, soit leur plus haut niveau depuis 1997 (4,6 millions), avec une part de marché (2,5%) en forte hausse par rapport à 2022 (1,9%). Là aussi, comment l’expliquez-vous ?
Les spectateurs voient beaucoup de films classiques chez eux à la télévision, en DVD-VàD et sur les plateformes. Un film de patrimoine ou un film classique, rappelons-le, c’est un film sorti avant 2004 ! Mais les voir sur grand écran reste un plaisir inégalé. Le développement de leur diffusion, via l’ADRC ou la politique de diffusion des grands circuits par exemple, diversifie l’offre de films et permet au public d’éprouver la véritable émotion du cinéma.
 
Vous intervenez, ce mercredi matin, dans le cadre de la table-ronde "La salle, écrin du patrimoine : stratégies et leviers pour une exposition accrue". Quels sont justement, selon vous, les leviers à la disposition des exploitants pour renforcer encore la présence du cinéma classique en salles ?
Associer le public et animer ces séances constituent, à mon sens, le principal levier. Il faut partager l’acte de programmation de ces films avec le public, via des associations, des ciné-clubs, des sondages auprès des spectateurs… Il faut être interactif, inclusif et participatif ! Et puis, bien sûr, animer, contextualiser, transmettre l’histoire du cinéma. Je pense qu’il s’agit là des leviers les plus forts pour montrer la modernité des films classiques !

Propos recueillis par Kevin Bertrand
© crédit photo : Jean-Luc Mege Photography


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