Lumière MIFC 2024 - Une 12e édition sous le signe de l’innovation et de l’Europe
Date de publication : 15/10/2024 - 08:02
Festivals, salles, programmation : valoriser toujours plus le patrimoine
Trois tables rondes permettront de revenir sur la mise en valeur d’un long métrage de patrimoine à la fois dans les festivals, dans la salle de cinéma et dans sa programmation à l’aune des changements de paradigmes sociétaux. Trois moments intrinsèquement liés tant ils semblent suivre le parcours des œuvres au moment de leur ressortie.
Gérald Duchaussoy : "Les festivals servent de plateforme de lancement et offrent un accès potentiel au marché grâce à la médiatisation du film. C’est une impulsion nécessaire, forte. Et cette impulsion a lieu en salle, puisque les festivals projettent les œuvres sur des écrans de cinéma. Elles seront vues par des programmateurs qui décideront de les amener dans leurs salles et d’offrir une exposition plus large. C’est un cycle cohérent et bénéfique pour les films qu’il est important de soutenir et valoriser."
Juliette Rajon : "Quand on parle d’offre cinématographique, on évoque également l’idée de diversité. On ne peut pas proposer indéfiniment les mêmes films aux publics des salles. Cependant, invariablement, certaines œuvres auront besoin d’être accompagnées plus que d’autres au regard des changements sociétaux de notre époque. Que ce soit, par exemple, dans la manière d’évoquer les minorités, les femmes ou encore parce que le cinéaste a eu des comportements répréhensibles par la loi, de nouvelles questions se posent, et il faut pouvoir les adresser pour mieux encadrer la diffusion du film."
Intelligence artificielle, Europe, salles de cinéma... : du 15 au 18 octobre, le Marché international du Film classique proposera de nombreux rendez-vous pour faire le point sur quelques-uns des grands enjeux du secteur. Entretien avec Juliette Rajon, directrice du MIFC, et Gérald Duchaussoy, chargé de mission, coordination et programmation, autour des grandes tendances de cette édition 2024
L’IA, entre pratique et cadre juridique
Lancée l’an passé avec une table ronde introductive, la discussion sur l’intelligence artificielle (IA) se poursuit cette année à travers deux temps forts : un cas d’étude autour des outils développés par l’INA au service de la valorisation de son patrimoine et une table ronde autour du cadre réglementaire de l’IA dans l’audiovisuel, en France et à l’international.
Juliette Rajon : "Qu’elle serve de matière d’entraînement pour générer de nouvelles images, qu’elle l’utilise pour l’indexation ou pour la restauration, la filière du patrimoine est directement impactée par la question des intelligences artificielles. Outre le fait que le MIFC a toujours cherché à comprendre comment les nouveautés technologiques pouvaient toucher la filière, l’IA est un sujet qu’on ne peut éviter. Dans les années à venir, le recours aux intelligences artificielles sera de plus en plus massif et révolutionnera le travail des professionnels ainsi que les contenus. À l’instar de l’Europe, ce sujet inépuisable sera amené à revenir d’année en année sous des angles différents."
Gérald Duchaussoy : "On s’est très vite rendu compte en préparant cette édition que l’IA était un sujet qui revenait régulièrement dans les discussions. Et il nous semblait pertinent de l’aborder à la fois sous l’angle des usages pratiques déjà en cours mais aussi du cadre de cette utilisation, car il ne faut pas oublier que, si la filière patrimoine traite avec la matière historique du 7e art, l’histoire du cinéma est elle-même intimement liée aux nouvelles techniques."
Lancée l’an passé avec une table ronde introductive, la discussion sur l’intelligence artificielle (IA) se poursuit cette année à travers deux temps forts : un cas d’étude autour des outils développés par l’INA au service de la valorisation de son patrimoine et une table ronde autour du cadre réglementaire de l’IA dans l’audiovisuel, en France et à l’international.
Juliette Rajon : "Qu’elle serve de matière d’entraînement pour générer de nouvelles images, qu’elle l’utilise pour l’indexation ou pour la restauration, la filière du patrimoine est directement impactée par la question des intelligences artificielles. Outre le fait que le MIFC a toujours cherché à comprendre comment les nouveautés technologiques pouvaient toucher la filière, l’IA est un sujet qu’on ne peut éviter. Dans les années à venir, le recours aux intelligences artificielles sera de plus en plus massif et révolutionnera le travail des professionnels ainsi que les contenus. À l’instar de l’Europe, ce sujet inépuisable sera amené à revenir d’année en année sous des angles différents."
Gérald Duchaussoy : "On s’est très vite rendu compte en préparant cette édition que l’IA était un sujet qui revenait régulièrement dans les discussions. Et il nous semblait pertinent de l’aborder à la fois sous l’angle des usages pratiques déjà en cours mais aussi du cadre de cette utilisation, car il ne faut pas oublier que, si la filière patrimoine traite avec la matière historique du 7e art, l’histoire du cinéma est elle-même intimement liée aux nouvelles techniques."
L’Europe au cœur du MIFC
Si l’Europe irrigue l’ensemble des questionnements qui traversent le Marché, elle aura cependant une place prépondérante lors de trois temps forts : le premier, une table ronde modérée par Florian Krieg, rédacteur en chef du Film français, sera l’occasion d’explorer les perspectives européennes sur les enjeux actuels du patrimoine cinématographique et audiovisuel, avec un éclairage particulier sur les politiques de soutien et les dispositifs d’aide. Le deuxième mettra au centre, à l’occasion d’une autre table ronde, des représentants d’institutions de certains pays de l’UE à faible capacité de production, tels que la Bosnie, la Croatie, la Grèce, la Lettonie, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. Enfin, la table ronde sur le cadre réglementaire de l’IA s’intéressera autant à la France qu’à l’Europe et sera l’occasion pour l’Observatoire européen de l’audiovisuel de présenter en avant-première son rapport sur le sujet.
Juliette Rajon : "Les acteurs de la chaîne du patrimoine sont en attente d’un soutien plus fort de la part de l’Europe, que ce soit pour restaurer, pour numériser et pour diffuser les œuvres. Il est attendu la mise en place d’un mécanisme de soutien financier spécifique pour faciliter la circulation des œuvres européennes. Ces tables rondes sont une première étape pour identifier les attentes des professionnels et, d’une certaine façon, de faire du lobbying auprès des institutions européennes, afin qu’elles comprennent bien quels sont les enjeux de la filière du patrimoine."
Si l’Europe irrigue l’ensemble des questionnements qui traversent le Marché, elle aura cependant une place prépondérante lors de trois temps forts : le premier, une table ronde modérée par Florian Krieg, rédacteur en chef du Film français, sera l’occasion d’explorer les perspectives européennes sur les enjeux actuels du patrimoine cinématographique et audiovisuel, avec un éclairage particulier sur les politiques de soutien et les dispositifs d’aide. Le deuxième mettra au centre, à l’occasion d’une autre table ronde, des représentants d’institutions de certains pays de l’UE à faible capacité de production, tels que la Bosnie, la Croatie, la Grèce, la Lettonie, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. Enfin, la table ronde sur le cadre réglementaire de l’IA s’intéressera autant à la France qu’à l’Europe et sera l’occasion pour l’Observatoire européen de l’audiovisuel de présenter en avant-première son rapport sur le sujet.
Juliette Rajon : "Les acteurs de la chaîne du patrimoine sont en attente d’un soutien plus fort de la part de l’Europe, que ce soit pour restaurer, pour numériser et pour diffuser les œuvres. Il est attendu la mise en place d’un mécanisme de soutien financier spécifique pour faciliter la circulation des œuvres européennes. Ces tables rondes sont une première étape pour identifier les attentes des professionnels et, d’une certaine façon, de faire du lobbying auprès des institutions européennes, afin qu’elles comprennent bien quels sont les enjeux de la filière du patrimoine."
La Lituanie a l’honneur
Après l’Espagne en 2022 et la Suède en 2023, c’est au tour de la Lituanie d’être mise à l’honneur cette année. Un choix qui s’est fait en marge de la Saison de la Lituanie en France, qui se déroule du 12 septembre au 12 décembre 2024.
Gérald Duchaussoy : "L’idée d’un focus sur la Lituanie date de nombreuses années, puisque le MIFC entretient depuis longtemps un contact étroit avec le Centre lituanien du cinéma. C’est au cours de ces discussions que nous avons eu vent de leur projet de création d’une cinémathèque. Ce qui est intéressant avec l’exemple de la Lituanie est de voir un pays doté d’une cinématographie riche développer son offre et conquérir de nouveaux marchés. D’observer un membre de l’Union européenne, fort de sa tradition cinématographique, revenir aux sources pour créer des archives, des expositions et des salles de cinéma dédiées à la promotion de son patrimoine. Et cela tombait plutôt bien, puisque ce projet s’inscrit parfaitement dans la programmation de la Saison de la Lituanie en France, mettant en avant le patrimoine culturel lituanien et sa diffusion à l’international."
Une étude de cas dédiée à la vitalité de la filière patrimoine en Lituanie se tiendra le 16 octobre et deux longs métrages, Andrius d’Algirdas Araminas et Jausmai (Feelings) d’Algirdas Dausa et Almantas Grikevičius seront projetés dans le cadre du Marché.
Après l’Espagne en 2022 et la Suède en 2023, c’est au tour de la Lituanie d’être mise à l’honneur cette année. Un choix qui s’est fait en marge de la Saison de la Lituanie en France, qui se déroule du 12 septembre au 12 décembre 2024.
Gérald Duchaussoy : "L’idée d’un focus sur la Lituanie date de nombreuses années, puisque le MIFC entretient depuis longtemps un contact étroit avec le Centre lituanien du cinéma. C’est au cours de ces discussions que nous avons eu vent de leur projet de création d’une cinémathèque. Ce qui est intéressant avec l’exemple de la Lituanie est de voir un pays doté d’une cinématographie riche développer son offre et conquérir de nouveaux marchés. D’observer un membre de l’Union européenne, fort de sa tradition cinématographique, revenir aux sources pour créer des archives, des expositions et des salles de cinéma dédiées à la promotion de son patrimoine. Et cela tombait plutôt bien, puisque ce projet s’inscrit parfaitement dans la programmation de la Saison de la Lituanie en France, mettant en avant le patrimoine culturel lituanien et sa diffusion à l’international."
Une étude de cas dédiée à la vitalité de la filière patrimoine en Lituanie se tiendra le 16 octobre et deux longs métrages, Andrius d’Algirdas Araminas et Jausmai (Feelings) d’Algirdas Dausa et Almantas Grikevičius seront projetés dans le cadre du Marché.
Festivals, salles, programmation : valoriser toujours plus le patrimoine
Trois tables rondes permettront de revenir sur la mise en valeur d’un long métrage de patrimoine à la fois dans les festivals, dans la salle de cinéma et dans sa programmation à l’aune des changements de paradigmes sociétaux. Trois moments intrinsèquement liés tant ils semblent suivre le parcours des œuvres au moment de leur ressortie.
Gérald Duchaussoy : "Les festivals servent de plateforme de lancement et offrent un accès potentiel au marché grâce à la médiatisation du film. C’est une impulsion nécessaire, forte. Et cette impulsion a lieu en salle, puisque les festivals projettent les œuvres sur des écrans de cinéma. Elles seront vues par des programmateurs qui décideront de les amener dans leurs salles et d’offrir une exposition plus large. C’est un cycle cohérent et bénéfique pour les films qu’il est important de soutenir et valoriser."
Juliette Rajon : "Quand on parle d’offre cinématographique, on évoque également l’idée de diversité. On ne peut pas proposer indéfiniment les mêmes films aux publics des salles. Cependant, invariablement, certaines œuvres auront besoin d’être accompagnées plus que d’autres au regard des changements sociétaux de notre époque. Que ce soit, par exemple, dans la manière d’évoquer les minorités, les femmes ou encore parce que le cinéaste a eu des comportements répréhensibles par la loi, de nouvelles questions se posent, et il faut pouvoir les adresser pour mieux encadrer la diffusion du film."
De nouveaux outils pour les accredités
L’an passé, le MIFC avait lancé le Re>Birth Programme, et il est de retour cette année. À cette occasion, quatre longs métrages à restaurer, en recherche de partenaires, et quatre longs métrages récemment restaurés, labellisés Lumière Classics, en recherche de distribution, seront présentés à des professionnels acheteurs, vendeurs, distributeurs, programmateurs ou encore laboratoires. Par ailleurs, cette année, le Marché se maintient dans son rôle de facilitateur et crée le Classics Innovation Corner dédié aux outils technologiques innovants au service du patrimoine.
Juliette Rajon : "Des entreprises viennent présenter des solutions technologiques en développement ou déjà presque commercialisables et d’autres solutions commercialisées par elles qui ne sont, a priori, pas strictement faites pour la filière du patrimoine, mais qui peuvent intéresser les professionnels de la filière. Durant les quatre jours du Marché, sur un stand, les start-up viendront faire une démonstration de leurs produits et répondre aux questions de potentiels clients."
Les quatre sociétés qui seront présentes sont Archiflix, qui propose une solution écologique et durable pour préserver les œuvres numériques sur pellicule, sans compromis sur la qualité ; Blue
Efficience, dont les outils portent sur la lutte contre le piratage sur Internet ; Refractio, qui présente un moteur de recherche et d’indexation intelligent ; ainsi que MovieChainer, qui apporte une méthode tout-en-un pour simplifier la gestion des droits et pour maximiser les revenus des catalogues. À noter également que le Rendez-vous des distributeurs, destiné principalement à la presse et aux exploitants (venus en nombre cette année au Marché) fait son grand retour.
L’an passé, le MIFC avait lancé le Re>Birth Programme, et il est de retour cette année. À cette occasion, quatre longs métrages à restaurer, en recherche de partenaires, et quatre longs métrages récemment restaurés, labellisés Lumière Classics, en recherche de distribution, seront présentés à des professionnels acheteurs, vendeurs, distributeurs, programmateurs ou encore laboratoires. Par ailleurs, cette année, le Marché se maintient dans son rôle de facilitateur et crée le Classics Innovation Corner dédié aux outils technologiques innovants au service du patrimoine.
Juliette Rajon : "Des entreprises viennent présenter des solutions technologiques en développement ou déjà presque commercialisables et d’autres solutions commercialisées par elles qui ne sont, a priori, pas strictement faites pour la filière du patrimoine, mais qui peuvent intéresser les professionnels de la filière. Durant les quatre jours du Marché, sur un stand, les start-up viendront faire une démonstration de leurs produits et répondre aux questions de potentiels clients."
Les quatre sociétés qui seront présentes sont Archiflix, qui propose une solution écologique et durable pour préserver les œuvres numériques sur pellicule, sans compromis sur la qualité ; Blue
Efficience, dont les outils portent sur la lutte contre le piratage sur Internet ; Refractio, qui présente un moteur de recherche et d’indexation intelligent ; ainsi que MovieChainer, qui apporte une méthode tout-en-un pour simplifier la gestion des droits et pour maximiser les revenus des catalogues. À noter également que le Rendez-vous des distributeurs, destiné principalement à la presse et aux exploitants (venus en nombre cette année au Marché) fait son grand retour.
Un MIFC tourné vers l’avenir
Cette année, le Marché international du film classique accueille trois délégations d’étudiants en master, issus de trois formations différentes.
Juliette Rajon : "C’est une nécessité que de penser au renouvellement de la filière : nous avons vraiment à cœur de contribuer à la formation des futurs professionnels du secteur en les faisant venir sur le Marché afin de leur permettre de découvrir les enjeux évoqués lors des tables rondes, de rencontrer les professionnels et même de se questionner entre eux lors d’un temps d’échange qui leur sera réservé."
Gérald Duchaussoy : "Ce désir d’ouverture a également une envergure européenne : quelques étudiants européens feront partie de cette délégation, et c’est une chose assez rare. On parle souvent du renouvellement des publics, mais il nous semble également important d’apporter du sang neuf dans la filière elle-même. Il faut dire que les jeunes générations ont des modes de consommation et des attentes différentes par rapport aux générations précédentes, notamment en termes de rapport à l’image et aux outils numériques, et peuvent apporter un regard nouveau au secteur, en particulier en ce qui concerne les compétences numériques et la compréhension des nouvelles attentes du public."
Cette année, le Marché international du film classique accueille trois délégations d’étudiants en master, issus de trois formations différentes.
Juliette Rajon : "C’est une nécessité que de penser au renouvellement de la filière : nous avons vraiment à cœur de contribuer à la formation des futurs professionnels du secteur en les faisant venir sur le Marché afin de leur permettre de découvrir les enjeux évoqués lors des tables rondes, de rencontrer les professionnels et même de se questionner entre eux lors d’un temps d’échange qui leur sera réservé."
Gérald Duchaussoy : "Ce désir d’ouverture a également une envergure européenne : quelques étudiants européens feront partie de cette délégation, et c’est une chose assez rare. On parle souvent du renouvellement des publics, mais il nous semble également important d’apporter du sang neuf dans la filière elle-même. Il faut dire que les jeunes générations ont des modes de consommation et des attentes différentes par rapport aux générations précédentes, notamment en termes de rapport à l’image et aux outils numériques, et peuvent apporter un regard nouveau au secteur, en particulier en ce qui concerne les compétences numériques et la compréhension des nouvelles attentes du public."
Perrine Quennesson
© crédit photo :
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