Cinéma

Lumière MIFC 2024 - La Lituanie dans la lumière

Date de publication : 16/10/2024 - 08:20

Presque aussi vieux que le septième art, le cinéma lituanien reste associé à quelques noms prestigieux et travaille d’arrache-pied à sauvegarder son patrimoine, en attendant de se doter d’une cinémathèque nationale. Le territoire balte est ainsi sous les projecteurs du MIFC ce mercredi 16 octobre.

Du plus peuplé des trois pays baltes sortis de l’orbite soviétique entre 1989 et 1991, puis intégrés à l’Union européenne en 2004, la Lituanie a accueilli la première projection des frères Lumière dès 1897, avant de se doter de salles de cinéma à partir de 1906.
 
Ce n’est que trois ans plus tard qu’ont été tournés les premiers courts métrages de deux figures locales marquantes : Antanas Račiūnas et surtout le cinéaste d’animation Ladislas Starewitch qui se concentre sur des manifestations populaires régionales et la vie des insectes. C’est dans ce cadre qu’il tourne, image par image, La vie de la libellule (1909), Les scarabées, La lutte des cerfs-volants (1910), La belle ­Lucanide, La ­vengeance du ciné-opérateur (1911), Le Noël des insectes et La cigale et la fourmi, avant de partir s’installer à ­Moscou en 1912, puis d’émigrer pour la France en 1919.
 
Les premières sociétés de production lituaniennes voient le jour au lendemain de la Grande Guerre, les premières infrastructures pédagogiques, à partir de 1926, le premier magazine de cinéma, dès 1931, et le conservatoire d’art dramatique est fondé la même année par Jonas Vaičkus. Parmi les œuvres emblématiques du cinéma lituanien, on se doit de citer le court métrage Père attentionné (Rūpestingas tėvas) (1927) produit par la société pionnière Lietfilm Studios ; Le soldat défenseur de la Lituanie (Lietuvos gynėjas) (1928) de ­Vladas Braziulevičius ; Fiance by Compulsion (Sužieduotinis per prievartą) de Petras Malinauskas (1931) ; et Onytė et Jonel (Onytė ir Jonelis) de Jurgis Linartas et Vladas Sipaitis.
 
Viendront par la suite le premier film parlant, le court métrage d’animation ­Storulio sapnas (1938) de Stasys Ušinskas, et le premier film en couleur, Marš, marš, tra-ta-ta ! (1964) de Raimondas Vabalas. Depuis sa création en 2012, c’est le Centre cinématographique lituanien qui veille à la sauvegarde et à la restauration du patrimoine cinématographique local. Plus d’un millier de films produits par le Lithuanian Film Studio constituent cette collection unique qui doit aboutir à la création d’une cinémathèque nationale.
 
Création d’une cinémathèque
Parmi les pionniers locaux figurent Jurgis Linartas, ­Vladas Sipaitis, le documentariste G. Jankauskas, ­Kristijonas Vildžiūnas et Valdas Navasaitis. Bien que né à Vilnius, Marc Sorkin (1902-1986) a surtout travaillé quant à lui en Allemagne et en France avant de s’installer aux États-Unis. À l’instar des frères Adolfas (1925-2011) et Jonas Mekas (1922-2019) émigrés aux États-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale qui se sont fait connaître respectivement avec deux films culte : ­Hallelujah les ­collines (1963) et La taule (1964).
 
Plus récemment, Šharūnas Bartas (1964) a créé son propre outil de production, Studija Kinema, et a signé une dizaine de films, de Trois jours (1991) à Au ­crépuscule (2019) sélectionnés dans les plus grands ­festivals. Le festival Lumière ­célèbrera le pays à l’honneur à travers des projections ­d’Andrius (photo) (1980) d’Algirdas Araminas et de Feelings (Jausmai) (1968) d’Algirdas Dausa et d’Almantas Grikevičius.
 
Le MIFC héberge également une table ronde, ce mercredi 16 octobre, sur le thème "Vitalité en devenir de la filière du patrimoine en Lituanie", en présence d’Aleksas Gilaitis, le fondateur et organisateur du festival de films de patrimoine Pirmoji Banga, Dmitrij ­Gluscevskij, conservateur et critique de cinéma, responsable des acquisitions pour la radio et télévision nationale lituanienne (LRT), Lina Kaminskaitė-Jančorienė, conservatrice de films au Media Education and Research Center Meno Avilys, Giedrė Simanauskait, responsable du projet de la Cinémathèque nationale, et Jonas Zagorskas, restaurateur de films à la Cinémathèque nationale de Lituanie et coloriste au studio BBposthouse de Vilnius.
 
Focus sur 12 cinéastes lituaniens en lumière
Viktoras Starosas [1921-2016] : Nenusimink, Virginijau (1962) et Aš myliu direktorę (1978), courts métrages
Vytautas Žalakevicius [1930-1996] : Personne ne voulait mourir (Niekas nenorėjo mirti) (1966), prix d’interprétation masculine au festival de Karlovy Vary
Henrikas Šablevicius [1930-2004] : Atspindžiai (1968) et Kelionė ūkų lankomis (1973), courts métrages documentaires
Arunas Žebriunas [1931-2013] : La jeune fille à l’écho (Paskutine atostogu diena) (1964), prix spécial du jury au festival de Locarno, Le petit prince (Malenkiy prints) (1966), Gražuolė (1969) et Riešutų duona (1977)
Robertas Verba [1932-1994] : Le vieil homme et la terre (Senis ir žemė) (1965), Šimtamečių godos (1969), J. Mekas (1980), courts métrages documentaires
Almantas Grikevicius [1935-2011] : Laikas eina per miestą (1966), court métrage en compétition à Cannes en 1981
Kornelijus Matuzevicius [1944] : Iliuzijos (1993), court métrage documentaire coréalisé avec Diana Matuzeviciené, prix Don Quichotte au Festival de Cracovie
Edmundas Zubavicius [1947] : Jautrumo kaip duonos… (1979), court métrage documentaire
Algimantas Maceina [1958] : Juoda dėžė (1994), court métrage documentaire
Rimvydas Leipus [1960] : Errance dans un temps suspendu (Baltojo laiko keleiviai) (1993), court métrage documentaire
Arunas Matelis [1961] : Dešimt minučių prieš Ikaro skrydį (1990), court métrage documentaire, Pries parskrendant i zeme (2005), prix du meilleur documentaire de la Directors Guild of America, et Wonderful Losers : A Different World (2017), primé à Minsk, Trieste et Varsovie
Audrius Stonys [1966] : Neregių žemė (1992), European Film Award du meilleur documentaire, Ramin (2011), primé au festival ZagrebDox, Woman and the Glacier (2016), documentaire couronné de trois César lituaniens et de deux prix au Festival de Vilnius

Jean-Philippe Guérand
© crédit photo : DR


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