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Le vibrant hommage de Régine Vial à Margaret Menegoz
Date de publication : 21/02/2025 - 12:57
Le mercredi a toujours été une journée particulière. Le matin était le jour de la commission d’Agrément dont elle fut la présidente durant 10 ans. A 9h40 elle partait de chez nous, toujours élégante, ses longs cheveux ramenés en chignon, pour aller à pied au CNC, les lourds dossiers papier dans son sac. Elle n’aurait pour rien au monde manqué cette commission. Elle aimait comprendre l’architecture des films, les coproductions européennes, leur financement, les accords bilatéraux…
Puis après le décès de Daniel Toscan du Plantier, ce furent les mercredis d’Unifrance.
Il y eut Auvergne-Rhône Alpes Cinéma, elle fut l’une des pionnières avec Roger Planchon des aides régionales et tant d’autres missions qu’elle aimait assurer pour faire rayonner le cinéma en Europe, elle disait "Moi qui n’ai pas vraiment de nationalité, je me sens profondément européenne".
En 2020, elle fut Présidente des César. Elle a ardemment œuvré pour la refonte de l’Académie en concertation avec toute la profession.
Margaret aimait les cinéastes et les films exigeants.
Elle était leur compagne de route. Michael Haneke a écrit sur elle "Nous avons fait ensemble cinq films. Ce fut le meilleur temps de ma vie. Elle m’a fait comprendre que le producteur peut être l’ami du réalisateur, pas son adversaire".
Elle produisait prudemment, mettait tout son talent, sa persuasion, son obstination pour trouver les financements.
"Tout se résout par le travail", disait-elle.
Ne pas imposer mais convaincre.
Ne jamais abandonner un auteur après un échec.
Produire seulement les auteurs que l’on aime, les histoires auxquelles on croit. Faire peu mais très bien !
Liberté, Fidélité, Indépendance, escompter le moins possible !
Son expérience et sa connaissance précise des métiers du cinéma (chef opératrice, assistante, monteuse) lui permettaient de faire le lien entre tous, comme une mère de famille. Elle connaissait chaque personne sur le plateau et veillait au bien-être de chacun.
Productrices, nous sommes devenues distributrices, vendeuses internationales. Elle voulait que le Losange prenne en charge toute la vie des films.
Grâce à son talent, sa vision, Les Films du Losange ont pris l’ampleur d’un studio européen indépendant, détenteur d’un catalogue de 350 films, avec 3 Palmes d’or, un Oscar, et de prestigieuses récompenses dans le monde entier.
Depuis 2021, Charles Gillibert, à qui Margaret a confié le Losange, continue la longue route. Nous avons fêté nos 60 ans l’an dernier.
Daniel Toscan du Plantier a dit "Quand je me sens abattu, je passe boire un café avec Marga à 9 heures. Là, elle me rappelle qu’il ne faut pas devenir fou. Oui, elle me redonne envie."
Oui, Margaret, cette envie, ce désir intact de cinéma, ce soir, il est là avec vous, avec nous."
A l'occasion de la cérémonie du prix Toscan-du-Plantier, un hommage a été rendu à Margaret Menegoz, disparue en août dernier. Voici, in extenso, le très beau discours de Régine Vial, sa collaboratrice la plus proche aux Films du Losange.
"Je tiens à remercier l’Académie des César et sa Présidence pour l’hommage rendu ce soir à Margaret Menegoz.
Dans les souvenirs que nous partageons tous, il y a bien sûr Margaret au Losange, assise dans son bureau, sa porte toujours ouverte. Toujours ouverte pour son équipe, mais aussi pour les producteurs, pour discuter des financements, des aides franco-allemandes…Le mercredi a toujours été une journée particulière. Le matin était le jour de la commission d’Agrément dont elle fut la présidente durant 10 ans. A 9h40 elle partait de chez nous, toujours élégante, ses longs cheveux ramenés en chignon, pour aller à pied au CNC, les lourds dossiers papier dans son sac. Elle n’aurait pour rien au monde manqué cette commission. Elle aimait comprendre l’architecture des films, les coproductions européennes, leur financement, les accords bilatéraux…
Puis après le décès de Daniel Toscan du Plantier, ce furent les mercredis d’Unifrance.
Il y eut Auvergne-Rhône Alpes Cinéma, elle fut l’une des pionnières avec Roger Planchon des aides régionales et tant d’autres missions qu’elle aimait assurer pour faire rayonner le cinéma en Europe, elle disait "Moi qui n’ai pas vraiment de nationalité, je me sens profondément européenne".
En 2020, elle fut Présidente des César. Elle a ardemment œuvré pour la refonte de l’Académie en concertation avec toute la profession.
Margaret aimait les cinéastes et les films exigeants.
Elle était leur compagne de route. Michael Haneke a écrit sur elle "Nous avons fait ensemble cinq films. Ce fut le meilleur temps de ma vie. Elle m’a fait comprendre que le producteur peut être l’ami du réalisateur, pas son adversaire".
Elle produisait prudemment, mettait tout son talent, sa persuasion, son obstination pour trouver les financements.
"Tout se résout par le travail", disait-elle.
Ne pas imposer mais convaincre.
Ne jamais abandonner un auteur après un échec.
Produire seulement les auteurs que l’on aime, les histoires auxquelles on croit. Faire peu mais très bien !
Liberté, Fidélité, Indépendance, escompter le moins possible !
Son expérience et sa connaissance précise des métiers du cinéma (chef opératrice, assistante, monteuse) lui permettaient de faire le lien entre tous, comme une mère de famille. Elle connaissait chaque personne sur le plateau et veillait au bien-être de chacun.
Productrices, nous sommes devenues distributrices, vendeuses internationales. Elle voulait que le Losange prenne en charge toute la vie des films.
Grâce à son talent, sa vision, Les Films du Losange ont pris l’ampleur d’un studio européen indépendant, détenteur d’un catalogue de 350 films, avec 3 Palmes d’or, un Oscar, et de prestigieuses récompenses dans le monde entier.
Depuis 2021, Charles Gillibert, à qui Margaret a confié le Losange, continue la longue route. Nous avons fêté nos 60 ans l’an dernier.
Daniel Toscan du Plantier a dit "Quand je me sens abattu, je passe boire un café avec Marga à 9 heures. Là, elle me rappelle qu’il ne faut pas devenir fou. Oui, elle me redonne envie."
Oui, Margaret, cette envie, ce désir intact de cinéma, ce soir, il est là avec vous, avec nous."
Florian Krieg
© crédit photo : Maël Baudot - ENS Louis-Lumière pour l'Académie des César 2025.
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