Lumière MIFC 2019 - Olivier Père (Arte) : "Notre offre de cinéma en ligne nous permet de toucher un public plus jeune"
À l’occasion du Marché international du film classique de Lyon, où une étude de cas est consacrée à Arte.tv Cinéma, Olivier Père, directeur du cinéma d’Arte France, revient sur les innovations récentes de la chaîne pour capter un plus large public en ligne – avec de belles audiences pour des films uniquement proposés à la demande – et son implication dans le cinéma de patrimoine.
En plus d’un certain nombre de titres proposés en replay après leur diffusion, Arte a récemment enrichi son offre de streaming de films, notamment de patrimoine, non programmés à l’antenne. Quelle est votre politique en la matière ?
Nous avons démarré il y a deux ans, à l’occasion d’une soirée à l’antenne consacrée à Éric Rohmer avec Conte d’été. Nous avons proposé trois autres films des "Quatre saisons" du cinéaste accessibles pendant six mois uniquement sur Arte.tv et la chaîne Arte Cinéma sur YouTube, grâce à un accord avec Les Films du Losange. Depuis, nous avons par exemple aussi mis à disposition Hani Bi et A Scene at the Sea de Takeshi Kitano, ou encore deux titres de Hitoshi Matsumoto et des classiques italiens – L’avventura d’Antonioni, La viacca de Bolognini ou Main basse sur la ville de Rosi – lors de cycles sur le cinéma asiatique et italien à l’antenne. Mais aussi d’autres titres comme La fiancée du pirate de Nelly Kaplan, Les amours imaginaires de Xavier Dolan, ou Le rayon vert d’Éric Rohmer dans le cadre de notre thématique "Summer of Freedom" cet été. Actuellement, trois films de Philippe Garrel sont disponibles en plus de la diffusion de L’amant d’un jour.
Nous proposons aussi un film chaque mois sur la plateforme ArteKino, notre Festival de cinéma européen en ligne qui se déploie désormais toute l’année. Nous avons dans ce cadre par exemple mis à disposition des titres plus récents comme Bande de filles de Céline Sciamma, Tabou de Miguel Gomes, ou Belle épine de Rebecca Zlotowski.
Quels sont les retours sur ces initiatives ?
Les retours en termes d’audience sont très bons. Par exemple, Conte de printemps, Conte d’automne et Conte d’hiver d’Éric Rohmer ont enregistré près de 1,03 million de vues sur Arte.tv (160 492 sur YouTube) ; L’avventura plus de 163 000 (9 656 sur YouTube) ; A Scene at the Sea plus de 228 000 (62 746 sur Youtube) ; Les amours imaginaires plus de 679 358 ; et Belle épine plus de 382 577 (278 567 sur YouTube), un record pour un film ArteKino. Et pour les ayants droit, c’est une valorisation de leurs catalogues.
Comment envisagez-vous votre politique d’acquisitions cinéma avec le développement de ce nouveau service ?
Nous cherchons à développer tous types de coopérations, toujours en relation avec les programmes à l’antenne. Notre objectif est de développer l’offre des films en ligne pour avoir un effet de volume afin qu’elle soit la plus riche possible, en nous appuyant sur l’antenne, arte.tv et la chaîne Arte Cinéma sur YouTube. Il s’agit de déployer au maximum notre offre de cinéma sur l’ensemble de ces supports et écrans, ceux à la demande nous permettant de toucher un autre public, et en particulier les jeunes. Et nous constatons que le public de ces films en ligne est plus jeune qu’à l’antenne, et un peu plus féminin concernant ArteKino.
Comment sont gérées ces acquisitions d’exploitation en ligne exclusivement ?
Elles sont gérées par Anne Bidaux à Arte GEIE Strasbourg, qui dispose d’un budget dédié au web. Ces achats correspondent, selon les négociations avec les ayants droit, à des droits longs, d’un, trois ou six mois, pour la France et l’Allemagne et pour Arte.tv, et aussi la plupart du temps pour YouTube.
Concernant le cinéma français de patrimoine sur Arte, quels seront les temps forts de 2020 ? Et quelles sont vos orientations en général ?
En 2020, nous programmerons un cycle consacré à Bertrand Tavernier, parallèlement à la rétrospective qui lui sera consacrée à la Cinémathèque française, d’autres à Claude Chabrol, François Ozon, Kathryn Bigelow ou encore à Georges Simenon, ce qui permet de couvrir un large spectre de réalisateurs.
Le cinéma marche très bien sur l’antenne d’Arte et nous avons aussi la volonté de nous ouvrir à des œuvres plus contemporaines. L’histoire du 7e art est en tout cas suffisamment riche pour ne pas proposer toujours les mêmes titres à l’antenne. Parmi les classiques, nous tentons de privilégier ceux qui n’ont jamais été diffusés sur la nôtre. C’est aussi rendu possible par le travail des restaurations.
Au Festival Lumière, est d'ailleurs présentée, le 19 octobre en ciné-concert, la version intégrale restaurée du chef-d’œuvre d’Abel Gance La roue, une restauration à laquelle Arte est associée…
Quand c’est possible, nous pouvons participer à des restaurations. Celle de La roue d’Abel Gance, qui sera diffusé en deux parties sur l’antenne les 28 octobre et 4 novembre et sera aussi accessible en ligne pendant dix jours, est un travail de longue haleine mené par Pathé, avec la ZDF, et les pôles allemands et français d’Arte. Nous participons régulièrement à des restaurations de films muets mais aussi sur quelques titres du patrimoine sonores. Ainsi, Arte France a par exemple contribué aux restaurations de films de Marcel Pagnol que nous avons diffusé à l’antenne, ceux de la trilogie Marius, Fanny et César et La femme du boulanger, et ainsi que de La fille du puisatier, que nous diffuserons prochainement.
Sarah Drouhaud
© crédit photo : Bertrand NoëlVous avez déjà un compte
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