Digital

Lumière MIFC 2021 - "Avod, mode d’emploi : quel potentiel pour le patrimoine ?"

Date de publication : 13/10/2021 - 20:34

Service émergent de vidéo à la demande, comment marche l’AVOD, et peut-elle être un relais de croissance pour les films de patrimoine ? Tel était le thème d'une table-ronde qui s'est déroulée le 2e jour du MIFC.

Moins connue que la SVAD et la VAD transactionnelle, "l’AVOD est l’Advertised Video On Demand, explique Grégory Samak, Dg de Molotov. Il s’agit de transposer la révolution digitale à la télévision gratuite. Avec la possibilité pour des ayant-droits ou des grands groupes de construire des plateformes à la demande ou des chaînes relinéarisées de programmes gratuits financés par la publicité. C’est la Chine qui a lancé le mouvement, suivie par les Etats-Unis où la télévision gratuite coûte très cher. " "Le replay des chaînes françaises en est une forme, précise Vincent Grimond, président de Wild Bunch (qui édite la chaîne d’AVOD Wild Side TV), mais il y en a beaucoup d’autres comme la FAST, pour Free Ad Supported Television, qui consiste à linéariser des offres de AVOD. Ce qui fait, étrangement, le succès de l’AVOD aux Etats-Unis, c’est le concept de chaîne et de linéarisation du contenu."
 
Plus gros service outre-Atlantique, Pluto, édité par Viacom CBS (et présent en France) réalise plus d’1 Md$ de chiffre d’affaires publicitaire, et compte plus de 50 millions d’utilisateurs américains. Des résultats loins de ceux observés en France, même si Molotov revendique 16 millions d’inscrits. "Rakuten est le premier service à s’être lancé en France, explique Hubert Tillier, directeur juridique de la SACD, et à avoir signé un accord avec la SACD. Mais cela reste archi minoritaire, et nous ne voyons pas non plus de remontées financières dans les contrats individuels que nous gérons." "Pour réussir, il faut un savoir-faire éditorial, technologique, et commercial pour la publicité. Cela nécessite de savoir capter des annonceurs, et avoir une régie efficace, énumère Vincent Grimond." Des doutes subsistent chez certains professionnels quant à son développement en France. "Nous ne voyons pas encore très clairement le potentiel de ce nouveau canal, explique Pierre Olivier, représentant du Syndicat des Catalogues de Films de Patrimoine. Et nous nous interrogeons sur son modèle économique." Si le partage de revenus est la règle en la matière, il est encore difficile de verser des minimums garantis. L’offre AVOD de Molotov, Mango, permet toutefois selon Grégory Samak de "partager les revenus publicitaires à hauteur de 50/50, voire de verser des minimum garantis pouvant se monter à l’équivalent de 50% de celui que peut offrir une chaîne comme RTL2." Utilisé majoritairement, aujourd’hui, par un public jeune (moins de 25 ans) et les plus de 50 ans, l’AVOD pose également la question de l’intégration de la publicité, et des coupures publicitaires au sein du film, qui peuvent effrayer les auteurs.
 
Une autre crainte, pour Pierre Olivier, est "que le sentiment de gratuité s’installe durablement dans l’esprit des consommateurs, et que ça affaiblisse la capacité à payer de manière générale. C’est une question quasi philosophique." Argument retoqué par Grégory Samak, toutefois, qui estime que "tout dépend de l’écrin : quand on offre quelque chose, il faut un beau paquet. C’est valable pour les annonceurs et les consommateurs." Ce qui passe également par l’éditorialisation. "Aujourd’hui la multiplication des canaux est un atout majeur pour les films", argumente Vincent Grimond, pour qui il est impératif d’encourager les acteurs français afin de ne pas laisser Pluto, Samsung et bientôt IMDB TV (édité par Amazon) s’emparer du marché, comme ce fût le cas pour la SVAD.

L’AVOD pourrait-elle être une opportunité pour les 90% des films de catalogue peu ou pas visibles ? "Aujourd’hui, certaines plateformes nous demandent des films comme Casino de Scorsese, que nous ne sommes pas prêts à céder. Mais pour les films de la longue traîne, s’il y a des opportunités, nous serions fous de ne pas les exploiter." "Prenez les risques, et vous verrez que la pompe va s’amorcer", s’enflamme Grégory Samak. Nous travaillons tous pour l’avenir." Un point de vue soutenu par Vincent Grimond, qui juge l’industrie française "trop conservatrice". Grégory Samak pointe d’ailleurs l’absence quasi-totale de films français dans les offres d’AVOD française.

La rédaction
© crédit photo : '125 rue Montmartre' de Gilles Grangier - Pathé


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