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Digital

Festival de la Fiction 2024 - Pauline Dauvin (Netflix) : "Notre ambition est de devenir le média préféré des français en matière de divertissement"

Date de publication : 12/09/2024 - 08:02

À l’occasion du Festival de la Rochelle, Pauline Dauvin, arrivée chez Netflix en janvier 2024, prend la parole. Elle aborde les ambitions, l’approche et les futurs projets de Netflix, présent en France depuis presque dix ans.

Depuis le 8 janvier, vous occupez les fonctions de VP Content de Netflix France. Quel bilan faites‑vous de vos premiers pas et quelle est votre approche vis‑à-vis de la création française ?
 
Mon poste existait sur l’ensemble des territoires européens, la France est le dernier pays à l’avoir créé. Ces fonctions permettent d’avoir une vision très holistique sur l’ensemble des verticales, que ce soit le documentaire et les programmes de flux, les séries, les films Netflix et les acquisitions. L’objectif est d’avoir une complémentarité entre ces verticales et de disposer de la plus forte diversité possible au sein de notre portefeuille. Outre la qualité de nos oeuvres, il s’agit d’un critère extrêmement important pour nous. En moyenne, nos abonnés consomment six genres différents par mois. Leurs goûts sont nombreux et très variables. Il faut donc pouvoir y répondre, et cette ambition se retrouve dans nos oeuvres : un documentaire sportif comme Le Tour de France : au coeur du peloton, le télé-crochet Nouvelle école, dans l’univers du rap, le film de requins Sous la Seine, la série Tapie qui raconte la France des années 1980 autour d’un personnage iconique… Il y en a pour tout le monde.
 
À travers cette diversité, nous nourrissons nos abonnés avec des oeuvres adaptées pour chacun. Cette approche contribue à la fidélité, un facteur clé pour notre service. Aujourd’hui, nous devons continuer à étendre notre portefeuille de contenus. Nous avons des genres plébiscités par le public français : le polar, l’action, le thriller et la comédie. Nous pouvons encore accentuer nos efforts sur la romance, le drame et la comédie populaire. Le 23 octobre, nous allons lancer le film Loups-garous, basé sur le jeu de société. Cette oeuvre se trouve au bon endroit de la comédie, grâce à ses rebondissements et ses têtes d’affiche incroyables. Nous souhaitons explorer ces genres sous toutes leurs formes, à l’image de la comédie romantique avec le tournage de French Lover, portée par le duo Omar Sy-Sara Giraudeau. Dans cette optique d’élargissement de nos propositions, nous ne nous interdisons rien. Notre offre doit être différenciante par rapport à ce que proposent les télévisions linéaires traditionnelles.
 
Le premier semestre 2024 a été marqué par de nombreux succès tricolores à l’international, comme Sous la Seine, Tapie (lauréate d’un Bafta) ou encore Furies. Comment expliquez-vous cette appétence ?
 
Un succès est avant tout un succès local. Plus il est local, plus il est authentique et plus il sera universel. C’est ainsi qu’il deviendra un succès mondial. Notre prisme est donc avant tout local. Nous souhaitons représenter la France dans sa diversité et son authenticité à travers une grande variété de propositions. Dans cette optique, il est primordial de porter des voix d’auteurs, des voix de comédie.
 
À titre d’exemple, nous avons lancé cet été le tournage de Young Millionaires, prochaine série de 8x35’ d’Igor Gotesman, produite par Five Dogs. Il s’agit d’une comédie de bande sur le rapport à l’amitié, les rites de passage, avec des rebondissements incroyables. Nous avions à coeur d’accompagner à nouveau Igor, après Family Business et Fiasco. Cette fidélité aux talents se retrouve aussi avec Noémie Saglio qui, après la série Plan coeur et le film tout récemment lancé Nice Girls, vient de tourner sa série Super mâle. Cette comédie sociale sur la masculinité toxique, adaptée de la série espagnole Machos Alpha, avec Manu Payet, Guillaume Labbé, Vincent Heneine et Antoine Gouy, sera diffusée en janvier.
 
Quels sont les éléments qui vous incitent aujourd’hui à reconduire une série pour de nouvelles saisons ?
 
C’est avant tout le bonheur de retrouver et de vieillir avec les héros d’une série que l’on a adorés. Plus le titre a été plébiscité par notre audience, plus nous allons être incités à le renouveler. Il faut également que les talents, les créatrices et créateurs aient envie de continuer à raconter cette histoire, qu’ils souhaitent poursuivre l’innovation dans le récit et la mise en scène. Les comédiens doivent suivre également.
 
Un exemple concret est la deuxième saison d’En place, exceptionnelle dans son écriture, son renouvellement et son interprétation. Plus que jamais, la fidélisation et l’engagement sont des critères de performance. Plus nos séries seront renouvelées, plus l’engagement sera prégnant. Les nouvelles productions originales sont également importantes : elles permettent de continuer à créer l’événement et la surprise, au même titre que les nouvelles saisons de séries déjà existantes.
 
Le Festival de la fiction de La Rochelle est devenu un rendezvous incontournable de Netflix. À quoi faut-il s’attendre cette année ?
 
Nous allons partir sur le même format que l’an dernier, soit une discussion avec une partie des équipes créatives sur scène – Clémentine Gayet, Jimmy Desmarais et moi-même – et la présentation d’extraits de séries à venir. 
 
Cet été a été marqué par le départ de Damien Couvreur, qui chapeautait toute la fiction. Quelle incidence cela a-t-il sur votre organisation ?
 
Nous avons des responsables créatifs à la tête de chaque verticale. Gaëlle Mareschi gère les films, Dolores Emile la partie non fiction (programmes de flux, documentaires) et Sonia Aksil s’occupe de l’acquisition des films qui sortent en salle. Trois responsables créatifs sont à la tête des séries : Pierre Saint-André, Clémentine Gayet et Jimmy Desmarais.
 
Chacun est responsable du développement, de la production et du lancement de leurs oeuvres. Clémentine Gayet supervise par exemple la deuxième saison d’En place, Pierre Saint-André gère Nero, et Jimmy Desmarais s’occupe de la nouvelle série Qui sème le vent. Par ailleurs, nos équipes sont amenées à grandir. Nous venons d’accueillir une nouvelle recrue, Clara Laplace, au sein des équipes séries. Deux autres personnes intégreront l’équipe de Dolores Emile et une autre celle de Gaëlle Mareschi. Au total, Netflix France dénombre environ 120 salariés, dont près de la moitié est dédiée à la création. C’est aussi ça la maturité créative. 
 
Netflix s’apprête à célébrer ses dix ans en France. Quel bilan faites-vous de cette présence ?
 
En dix ans, nous sommes rentrés dans le coeur des Français. Nous sommes devenus un acteur pop culturel majeur. Depuis 2014, nous avons produit plus de 100 oeuvres françaises. Nous n’avons pas attendu d’avoir des obligations d’investissement pour nous engager dans les productions locales. Nous avons tout de suite su qu’il fallait, pour se faire aimer des Français, proposer des oeuvres nationales. Nous avons commencé par Marseille, Lupin et tous les développements mis en place à cette époque-là.
 
Nous essayons de raconter la France dans toute sa diversité, entre Tour de France, Balle perdue, AKA, Nouvelle école, Athena, Tapie, En place, Sous la Seine. Forts de cette expérience, nous avons atteint aujourd’hui une maturité créative. Nous connaissons très bien notre audience et savons ce que le public français plébiscite sur Netflix. Nous avons bâti un solide écosystème avec de nombreux talents, comme Noémie Saglio, Igor Gotesman, Olivier Rosenberg, Olivier Marchal ou Jean-Pascal Zadi. Notre défi créatif à leurs côtés est quotidien. Nous voulons continuer à innover, ne pas répéter ce que nous avons déjà fait. Notre public a besoin d’être surpris. Il le sera notamment avec la série La cage, un drame psychologique dans l’univers de la MMA.
 
Il y a 8-10 ans, la cadence de nos productions était très importante. Aujourd’hui, nous prenons le temps du développement. Par exemple, nous sommes actuellement en tournage de la série Nero, réalisée par Allan Mauduit et Ludovic Colbeau Justin, avec Pio Marmaï. Le développement de ce projet, produit par Karé Productions, a duré quatre ans. Cette série va surprendre. Son action se passe au XVIe siècle, lors de la plus grande sécheresse que la France a connue. La série suit un tueur à gages qui va devenir un grand héros romanesque et va retrouver sa fille dans une grande aventure de cape et d’épée. Olivier Gourmet, Alice Isaaz et Louis-Do de Lencquesaing sont également au casting de ce 8x50’.
 
La maturité créative que nous avons acquise nous permet de prendre les meilleures décisions possibles pour le développement d’une oeuvre. Nous revendiquons également une innovation premium. Une série comme Pax Massilia, avec Olivier Marchal à la réalisation, a demandé cinq à six mois de tournage et sept à huit mois de montage.
 
Dans les années à venir, notre ambition est de devenir le média préféré des Français en matière de divertissement. Outre les préachats cinéma, nous aimerions proposer chaque année jusqu’à 24 productions locales [contre 16-17 en 2024, Ndlr]. Chaque mois, il y aura donc deux nouvelles histoires françaises sur Netflix dans des genres très variés, afin qu’elles se complètent. 
 
Votre ambition de devenir le média préféré des Français en matière de divertissement ne se heurte-t-elle pas à vos collaborations avec les chaînes linéaires sur des projets comme Les combattantes sur TF1, Dix pour cent avec France Télévisions ou Les papillons noirs avec Arte ?
 
Absolument pas. Netflix, c’est avant tout un ensemble. Ce sont des productions originales mais aussi des séries que nous partageons en fenêtrage avec d’autres chaînes linéaires. La diversité que nous chérissons s’exprime aussi à travers cette complémentarité. Nous ne nous interdisons aucun modèle. 

Florian Krieg
© crédit photo : Netflix


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