Lumière MIFC 2024 - UniversCiné voit grand
Date de publication : 15/10/2024 - 08:17
Avec l'acquisition de Filmo, UniversCiné consolide sensiblement son offre et s'affirme comme un acteur français dans le paysage de la vidéo à la demande. Les deux plateformes revendiquent par ailleurs un catalogue très conséquent faisant la part belle au cinéma de patrimoine. Rencontre avec Denis Rostein, directeur général du Meilleur du Cinéma/UniversCiné.
Le Meilleur du Cinéma/UniversCiné vient d'acquérir Filmo. Pourquoi cette opération ?
Les relations avec Wild Bunch [ancien propriétaire de Filmo] ont toujours été bonnes. Un rapprochement avait déjà été étudié plusieurs fois. Sous l'impulsion de la Caisse des dépôts et de nos actionnaires, le projet a été réexaminé il y a deux ans, aboutissant à l'acquisition en septembre.
Cette opération a du sens. Sur un marché dominé par les Américains et très concurrentiel, deux options s'offraient à nous : lever des fonds et investir massivement dans le marketing ou cumuler deux offres aux approches similaires pour devenir le champion français et européen du cinéma indépendant à la demande.
Au regard du marché, cette opération arrive-t-elle au bon moment ?
Oui car le marché du cinéma indépendant n'a pas d'offre similaire. Mubi ne semble pas vouloir intensifier sa croissance en France et LaCinetek reste très spécifique au cinéma de patrimoine. Filmin, leader en Espagne et au Portugal avec 300 000 abonnés, aurait pu être un concurrent, mais n'a pas encore investi en France. Le timing est donc idéal.
Cela ne veut pas dire que la concurrence n'existe pas. Elle s'est densifiée avec de nouveaux acteurs. Notre principal concurrent reste MyCanal. Le catalogue linéaire et non-linéaire d'œuvres récentes est très impressionnant. Les plateformes Avod des chaînes TV montent aussi en puissance. Il y a également les chaînes FAST.
Les deux plateformes apparaissent comme incontournables dans le cinéma indépendant. Comment asseoir ce leadership ?
Nous sommes très complémentaires. Filmo est leader en France sur le cinéma en matière d'offre VàDA alors que nous sommes beaucoup plus forts sur la TVod. Notre offre par abonnement avait été lancée sur le tard [septembre 2020] par rapport à Filmo, présente sur le marché depuis quinze ans. Nous avions du mal à croître avec 25 000 abonnés, tandis que Filmo en comptait plus de 100 000. Ils avaient un vrai temps d'avance notamment en termes de partenariat de distribution avec les opérateurs. L'union de nos forces crée une structure solide.
En matière de synergie, comment vos ambitions vont-elles se concrétiser ?
Pour l'instant, les deux équipes travaillent côte à côte. Nous sommes désormais collègues. Pendant les trois prochains mois, nous allons réfléchir ensemble à l'offre de demain. Nos deux entités doivent devenir une seule marque. Notre offre sera plus puissante avec des moyens renforcés en marketing et en acquisition d'œuvres. Nous visons aussi à accélérer la croissance des abonnés. Notre point mort est beaucoup plus bas. Nous aimerions atteindre entre 200 000 et 250 000 abonnés en cinq ans.
Quelles sont vos ambitions sur le marché de la TVod et de la VàDA ?
Nous croyons fortement au modèle de la TVod. Le marché global est stable en France. En revanche, chez UniverscCiné, nous constatons une forte croissance à deux chiffres. Nous partions de très bas. Nous proposons aujourd'hui une technologie efficace et une offre considérablement agrandie. Depuis 2019, nous sommes passés de 7 000 films à plus de 12 500. Pour 2024, nous devrions avoir une croissance supérieure à celle de l'an passé. Pour poursuivre sur cette dynamique, nous souhaitons rapidement étoffer notre catalogue en passant de 12 500 à 20 000 films. Nous aimerions y parvenir d'ici à deux ans. Une grosse partie de notre chiffre d'affaires vient du catalogue, non des films récents. Quasiment l'intégralité de nos films ont été vus au moins une fois. Les utilisateurs explorent sur UniversCiné et nous les guidons vers des choix singuliers. Il y a une vraie satisfaction de l'utilisateur.
L'offre VàDA reste notre relais de croissance principal. Pour la TVod, les marges sont très faibles avec une remontée des droits importantes. Pour la VàDA, l'objectif n'est pas d'étoffer le catalogue. Filmo propose près de 1 000 œuvres, un nombre suffisant. Nos abonnés regardent en moyenne deux à cinq films par mois. Nous prônons un renouvellement régulier de l'offre avec des films plus costauds et plus récents. Ces œuvres sont en général captées par les chaînes de télévision.
Notre prix d'abonnement est également très attractif. Nous ne prévoyons pas d'augmenter le coût pour l'abonné à court ou moyen terme (6,99 € / mois, multiécrans). Nous proposons également un tarif spécial pour les étudiants à 4,99 € par mois.
Nous allons aussi renforcer notre travail éditorial, déjà un facteur différenciant. Nous proposons de nombreux cycles, nous mettons en avant des auteurs spécifiques tout en offrant de nombreux contenus additionnels comme des interviews, des courts métrages et des émissions.
Vous évoquiez les ambitions européennes du groupe. Quelles sont-elles ?
Nous devons d'abord étudier la future dénomination du groupe. A la différence de Filmo, le nom d'UniversCiné n'avait pas d'impact significatif à l'étranger. Le déploiement européen sera progressif. Certains territoires nous intéressent comme le Bénélux, l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie. Une plateforme similaire se développe en Grèce. De nombreuses réflexions sont menées sur de possibles acquisitions ou collaborations. Nous avons aussi reçu des marques d'intérêt pour le Canada francophone. Ces ambitions sont essentielles pour développer notre structure et promouvoir le cinéma.
Ces ambitions passent-elles par un élargissement de l'actionnariat ?
Depuis notre création, nous pouvons compter sur un actionnariat constitué de distributeurs et producteurs passionnés. Ils nous ont toujours suiviss sur nos décisions stratégiques et sur nos augmentations de capital. Ces actionnaires adhèrent à notre vision et à notre plateforme qui soutient leur cinéma. A la suite de l'acquisition de Filmo et au regard de nos ambitions européennes, le club d'actionnaires a accueilli neuf nouveaux membres. Parmi eux, figurent Ad Vitam, Les films du Losange, SBS Productions, Zinc. et MK2 Films. Nous sommes d'ailleurs ravis d'annoncer qu'UniversCiné va reprendre les abonnés de la plateforme MK2 Curiosity ainsi qu'une importante sélection du catalogue MK2 au cours des prochains mois.
L'actionnariat va continuer à grossir. Pour nous déployer en Europe, il faudra également trouver des fonds.
Au regard de votre stratégie, pourrait-on voir un jour Le Meilleur du Cinéma/UniversCiné s'engager dans le préachat de films ?
Nous en avons toujours rêvé. Si notre croissance et notre déploiement se concrétisent, nous pourrions, demain, engager des discussions avec les instances en vue de préacheter des films. C'est le souhait de notre plateforme vertueuse.
Les relations avec Wild Bunch [ancien propriétaire de Filmo] ont toujours été bonnes. Un rapprochement avait déjà été étudié plusieurs fois. Sous l'impulsion de la Caisse des dépôts et de nos actionnaires, le projet a été réexaminé il y a deux ans, aboutissant à l'acquisition en septembre.
Cette opération a du sens. Sur un marché dominé par les Américains et très concurrentiel, deux options s'offraient à nous : lever des fonds et investir massivement dans le marketing ou cumuler deux offres aux approches similaires pour devenir le champion français et européen du cinéma indépendant à la demande.
Au regard du marché, cette opération arrive-t-elle au bon moment ?
Oui car le marché du cinéma indépendant n'a pas d'offre similaire. Mubi ne semble pas vouloir intensifier sa croissance en France et LaCinetek reste très spécifique au cinéma de patrimoine. Filmin, leader en Espagne et au Portugal avec 300 000 abonnés, aurait pu être un concurrent, mais n'a pas encore investi en France. Le timing est donc idéal.
Cela ne veut pas dire que la concurrence n'existe pas. Elle s'est densifiée avec de nouveaux acteurs. Notre principal concurrent reste MyCanal. Le catalogue linéaire et non-linéaire d'œuvres récentes est très impressionnant. Les plateformes Avod des chaînes TV montent aussi en puissance. Il y a également les chaînes FAST.
Les deux plateformes apparaissent comme incontournables dans le cinéma indépendant. Comment asseoir ce leadership ?
Nous sommes très complémentaires. Filmo est leader en France sur le cinéma en matière d'offre VàDA alors que nous sommes beaucoup plus forts sur la TVod. Notre offre par abonnement avait été lancée sur le tard [septembre 2020] par rapport à Filmo, présente sur le marché depuis quinze ans. Nous avions du mal à croître avec 25 000 abonnés, tandis que Filmo en comptait plus de 100 000. Ils avaient un vrai temps d'avance notamment en termes de partenariat de distribution avec les opérateurs. L'union de nos forces crée une structure solide.
En matière de synergie, comment vos ambitions vont-elles se concrétiser ?
Pour l'instant, les deux équipes travaillent côte à côte. Nous sommes désormais collègues. Pendant les trois prochains mois, nous allons réfléchir ensemble à l'offre de demain. Nos deux entités doivent devenir une seule marque. Notre offre sera plus puissante avec des moyens renforcés en marketing et en acquisition d'œuvres. Nous visons aussi à accélérer la croissance des abonnés. Notre point mort est beaucoup plus bas. Nous aimerions atteindre entre 200 000 et 250 000 abonnés en cinq ans.
Quelles sont vos ambitions sur le marché de la TVod et de la VàDA ?
Nous croyons fortement au modèle de la TVod. Le marché global est stable en France. En revanche, chez UniverscCiné, nous constatons une forte croissance à deux chiffres. Nous partions de très bas. Nous proposons aujourd'hui une technologie efficace et une offre considérablement agrandie. Depuis 2019, nous sommes passés de 7 000 films à plus de 12 500. Pour 2024, nous devrions avoir une croissance supérieure à celle de l'an passé. Pour poursuivre sur cette dynamique, nous souhaitons rapidement étoffer notre catalogue en passant de 12 500 à 20 000 films. Nous aimerions y parvenir d'ici à deux ans. Une grosse partie de notre chiffre d'affaires vient du catalogue, non des films récents. Quasiment l'intégralité de nos films ont été vus au moins une fois. Les utilisateurs explorent sur UniversCiné et nous les guidons vers des choix singuliers. Il y a une vraie satisfaction de l'utilisateur.
L'offre VàDA reste notre relais de croissance principal. Pour la TVod, les marges sont très faibles avec une remontée des droits importantes. Pour la VàDA, l'objectif n'est pas d'étoffer le catalogue. Filmo propose près de 1 000 œuvres, un nombre suffisant. Nos abonnés regardent en moyenne deux à cinq films par mois. Nous prônons un renouvellement régulier de l'offre avec des films plus costauds et plus récents. Ces œuvres sont en général captées par les chaînes de télévision.
Notre prix d'abonnement est également très attractif. Nous ne prévoyons pas d'augmenter le coût pour l'abonné à court ou moyen terme (6,99 € / mois, multiécrans). Nous proposons également un tarif spécial pour les étudiants à 4,99 € par mois.
Nous allons aussi renforcer notre travail éditorial, déjà un facteur différenciant. Nous proposons de nombreux cycles, nous mettons en avant des auteurs spécifiques tout en offrant de nombreux contenus additionnels comme des interviews, des courts métrages et des émissions.
Vous évoquiez les ambitions européennes du groupe. Quelles sont-elles ?
Nous devons d'abord étudier la future dénomination du groupe. A la différence de Filmo, le nom d'UniversCiné n'avait pas d'impact significatif à l'étranger. Le déploiement européen sera progressif. Certains territoires nous intéressent comme le Bénélux, l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie. Une plateforme similaire se développe en Grèce. De nombreuses réflexions sont menées sur de possibles acquisitions ou collaborations. Nous avons aussi reçu des marques d'intérêt pour le Canada francophone. Ces ambitions sont essentielles pour développer notre structure et promouvoir le cinéma.
Ces ambitions passent-elles par un élargissement de l'actionnariat ?
Depuis notre création, nous pouvons compter sur un actionnariat constitué de distributeurs et producteurs passionnés. Ils nous ont toujours suiviss sur nos décisions stratégiques et sur nos augmentations de capital. Ces actionnaires adhèrent à notre vision et à notre plateforme qui soutient leur cinéma. A la suite de l'acquisition de Filmo et au regard de nos ambitions européennes, le club d'actionnaires a accueilli neuf nouveaux membres. Parmi eux, figurent Ad Vitam, Les films du Losange, SBS Productions, Zinc. et MK2 Films. Nous sommes d'ailleurs ravis d'annoncer qu'UniversCiné va reprendre les abonnés de la plateforme MK2 Curiosity ainsi qu'une importante sélection du catalogue MK2 au cours des prochains mois.
L'actionnariat va continuer à grossir. Pour nous déployer en Europe, il faudra également trouver des fonds.
Au regard de votre stratégie, pourrait-on voir un jour Le Meilleur du Cinéma/UniversCiné s'engager dans le préachat de films ?
Nous en avons toujours rêvé. Si notre croissance et notre déploiement se concrétisent, nous pourrions, demain, engager des discussions avec les instances en vue de préacheter des films. C'est le souhait de notre plateforme vertueuse.
Florian Krieg
© crédit photo : UniversCiné
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