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En partenariat avec
Les déjeuners du Film français Alex Lutz. Quels sont vos projets ?
à la Plage des Palmes Je continue de développer mon nouveau
spectacle, et je travaille sur une série de
huit portraits de femmes pour des actrices,
mais pas pour le cinéma. J’ai envie de
continuer à explorer cette notion de por-
et pas très valorisant. Nous sommes plutôt Et vous, Michael ? trait, j’aime les inventer en étant le plus
dans un processus de revalorisation des M. M. : J’ai un film de courses de voiture réaliste possible. Océane Le Moal
initiatives qui défendent la parité. au côté de John Travolta, baptisé Trading
Paint. Il suit le parcours d’un ancien cou-
La place des femmes à la tête reur. Et je retourne avec Quentin Tarantino
des différents festivals peut aussi pour son nouveau long métrage Once Hanna Ladoul
seposer… Upon a Time in Hollywood. C’est la 5 fois
e
Eva Sangiorgi a été choisie pour diriger la que je travaille pour lui. C’est une chance © JULIEN LIENARD POUR “LE FILM FRANÇAIS” et Marco
Viennale, Émilie Bujès, Visions du Réel… de l’avoir rencontré et je peux confirmer
Mais la question importante à poser, c’est que l’homme avec qui je travaille mainte- La Via
qu’est-ce que les femmes peuvent apporter nant est le même que celui qui avait fait Réalisateurs
en plus ? F.-P P.-L. Reservoir Dogs. C’est assez rare pour le
souligner. Perrine Quennesson
certes d’octroyer des crédits, mais nous Comment deux jeunes cinéastes
Michael nous voyons de plus en plus comme des français se retrouvent-ils à réaliser
un premier long –Nous, les coyotes,
conseillers auprès de nos clients dans la
Madsen Jean-Baptiste structuration de leurs projets. S. D. sélectionné à l’Acid– en Californie ?
H. L. : Avec Marco, nous avons réalisé un
Acteur Souchier documentaire, Le populisme au féminin.
À chaque fois que nous allions voir des
et Alain Dg de Cofiloisirs Alex Lutz partenaires, des chaînes de télévision…,
ils nous répondaient que le projet était
Grandgerard On parle beaucoup de la crise Réalisateur et acteur super, mais que nous étions trop jeunes,
ce qui nous a beaucoup refroidis. Au
Producteur delaproduction indépendante. même moment, nous avons découvert
Quel est votre regard en tant Vous présentez Guy en clôture Bellflower et avons été fascinés par le
qu’établissement de crédit spécialisé ? delaSemaine de la critique, collectif de jeunes cinéastes californiens,
Comment Trunk est-il venu À notre poste d’observation privilégié de qu’est-ce que signifie pour vous qui ont fait ce film sans argent. Nous les
à vous ? la production et de la distribution indépen- cette sélection ? avons rencontrés lors d’un voyage aux
M. M. : Trunk est une production fran- dante, à travers le nombre de films que nous Cela représente des auteurs, des émotions États-Unis, où nous avons eu un coup de
çaise produite par ma société Five2One et finançons chaque année, nous partageons de cinéma, des rencontres culturelles foudre pour Los Angeles. Cette rencontre
Convergence Films. Il est arrivé à nous par totalement ce constat. Nous sommes en de spectateurs, et c’est ce que j’aime à nous a donné l’envie de procéder comme
le biais d’un compositeur de musique qui contact avec la réalité financière et écono- Cannes, dans son sens le plus large. On eux, de faire des films pour pas cher… Du
est aussi un ami. Ce dernier avait composé mique des projets, et des sociétés elles- y rencontre des cinéastes et des œuvres coup, nous sommes restés sur un coup de
pour trois courts métrages du jeune réali- mêmes. La réduction des financements qui sont pointus dans quelque chose de tête. Bien sûr, ce coup de tête a entraîné
sateur français Benjamin Goalabré, âgé de traditionnels se cumule actuellement aux très populaire. beaucoup de galères.
25 ans. C’était en anglais et nous avons difficultés de la distribution indépendante. M. L. V. : Nous sommes arrivés avec des
trouvé ce thriller psychologique intéres- Les producteurs prennent de plus en plus Est-ce que vous pouvez étoiles plein les yeux et l’envie de faire
sant et amusant. Il est tourné en partie en de risques, ayant du mal à boucler le finan- nous parler du film ? rapidement des films. Mais la route a été
Belgique avec Artémis, et le reste s’est fait cement des films, sans prendre de frais C’est le portrait documentaire pour le longue, ne serait-ce que pour mettre un
en Californie. généraux, ni de salaires producteurs et avec cinéma d’un chanteur, qui a eu ses heures pied dans le cinéma. Nous étions prêts
peu ou pas d’imprévus. Nous constatons un de gloire, il s’appelle Guy Jamet, et la per- à tourner sur notre téléphone, avec des
Qu’est-ce qui vous a attiré ralentissement de la production depuis la sonne qui le filme se nomme Gauthier. Il potes… Et, peu à peu, le projet a pris de
dans ce projet ? mi-2017. Et les films qui partent en tournage utilise le prétexte du documentaire pour l’ampleur, grâce à notre producteur et
M. M.. : J’adore sortir des États-Unis pour le sont avec des structures de financement rencontrer cet homme, car il sait qu’il est notre directrice de casting, Donna Morong,
tourner. J’aime beaucoup le cinéma fran- beaucoup plus fragiles qu’avant. Ils son père. qui nous a ouvert des portes. Nous nous
çais et la façon dont les Français dirigent dégagent peu de marges, impactant les sommes rendu compte que notre script
leurs films. Se plonger dans une culture moyens du producteur d’investir dans le Comment vous est venue cette idée ? plaisait, les gens ont cru au projet, et
différente de la mienne est assez motivant. développement. En hommage aux grands documentaires toutes les étoiles se sont alignées.
Et je suis très content de tourner avec de cinéma, et aussi de mon amour de la
William Baldwin, sachant que j’ai déjà Comment vous adaptez-vous ? fiction. Aller dans le plus classique, dans Nous, les coyotes suit un jeune
travaillé avec ses frères. De plus, c’était Nous nous adaptons en accompagnant l’invention, mais en empruntant aussi couple qui tente sa chance
l’occasion de tourner un nouveau méchant ce mouvement avec l’expertise bâtie sur l’incursion du réel, cela m’a donné envie à Los Angeles. Le film est-il
en y apportant ma créativité et une forme les 30 dernières années. Notre métier est de raconter cette histoire. autobiographique ?
d’humour. H. L. : Disons qu’il est inspiré de notre
expérience, il nous est plus facile de parler
Quels sont les prochains Michael Madsen et Alain Grandgerard. de quelque chose que nous connaissons.
projets de Five2One ? Mais le film relève essentiellement de la
A. G. : Nous en avons trois. Tout d’abord fiction.
Ouarzazate Express de Jérôme L’Hotsky, M. L. V. : Il a grandi en nous depuis que
qui avait notamment coécrit Case départ nous habitons Los Angeles. Nous, les
de Thomas Ngijol et Fabrice Éboué. Le coyotes est constitué de toutes les petites
deuxième s’intitule Iggy Pop est son fils, histoires que nous avons connues, mais
encore une histoire avec un personnage ce ne sont pas des situations exception-
fort, comme c’est le cas de Trunk. Et le nelles pour autant. Ce sont des situations
dernier est Jours heureux à Flins. Le film se de la vie de tous les jours, de jeunes qui
passe dans l’usine Renault en mai 1968. essayent de s’installer. Nous voulions
Il est tiré d’un livre de Richard Gangloff donner au film une dimension universelle,
(édité chez Albin Michel, Ndlr) dont j’ai pu que l’on puisse s’y reconnaître.
acheter les droits. Ce sont des anciens qui © JULIEN LIENARD POUR “LE FILM FRANÇAIS”
racontent la vie à l’intérieur de l’usine avec Des projets ?
ses petites histoires et magouilles. Nous M. L. V. : Nous développons un huis clos,
l’avons montré à la direction de Renault pour lequel nous avons déjà un traitement
qui a décidé de nous suivre. assez détaillé. K. B.
16 mai 2018