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22 LES FILMS DU JOUR
Un certain regard
UNE GRANDE
FILLE
RETOUR À LA VIE
Originaire de la République autonome de Kabardino-Balkarie, en
Russie, où il est né en 1991, Kantemir Balagov entreprend des études
d’éco nomie puis de droit, tout en tournant des mini-webséries à l’aide
de son appareil photo. Sa rencontre avec son maître Alexandre Sokourov
lui vaut d’entrer directement en troisième année de l’école de cinéma que
celui-ci vient d’ouvrir dans sa ville natale. Il tourne alors deux courts
et un moyen métrages, Pervyy ya (2014), Andryukha (2015) et Molodoy
eschyo (2015), puis, soutenu par Sokourov, parvient à boucler le finan-
cement de son premier long, Tesnota, une vie à l’étroit. Il remporte pour
ce dernier le prix de la Fipresci dans le cadre d’Un certain regard en
2017 et fait partie du jury de cette section l’année suivante.
Une grande fille s’attache au retour à la vie civile de deux combattantes
de l’Armée rouge, au lendemain du siège interminable de Leningrad, qui
n’a laissé que ruines et décombres, aussi bien physiquement que mora-
lement. Épaulé par Aleksandr Rodnianski, le producteur attitré d’Andreï
Zviaguintsev, le réalisateur en a conçu le scénario avec Aleksandr
Terekhov, connu surtout jusqu’alors pour sa contribution au script de
© LIANA MUKHAMEDZYANOVA Matilda (2017) d’Alekseï Uchitel. Kantemir Balagov y plonge Viktoria
Miroshnichenko et Vasilisa Perelygina dans un pays en reconstruction
qui n’a d’autre issue que de renaître de ses cendres alors que le régime
stalinien règne d’une main de fer. Comme Tesnota, une vie à l’étroit, Une
J.-P. G.
grande fille sera distribué, le 21 août, par ARP Sélection.
Quinzaine des réalisateurs Quinzaine des réalisateurs
ROCKETMAN ON VA TOUT PÉTER
FAIRE PREUVE DE COURAGE
Lech Kowalski se présente comme un témoin influencé par les pionniers du cinéma vérité.
Ce réalisateur indépendant a aussi bien filmé les Mayas que les Sex Pistols, s’intéressant
aux outsiders et à toutes les figures possibles de la marginalité. En mai 2017, il se penche sur
le sort des ouvriers de l’équipementier automobile GM&S, à La Souterraine dans la Creuse,
qui occupent l’usine pour sauver leur emploi. Il va les suivre pendant sept mois, amassant
près de 500 heures de rushes. “Quand je commence à tourner, mon objectif est toujours de
me mettre dans la position parfaite pour filmer une scène. La trouver prend du temps. Par
conséquent, je filme beaucoup, simplement, pour faire des recherches et découvrir ce qui est
intéressant. C’est aussi une façon de permettre aux gens devant ma caméra de s’habituer à
ma présence et de finir par m’oublier en continuant ce qu’ils font. 75% des 500 heures sont
à mettre à la poubelle. De la camelote ! J’arrive rapidement à 10 ou, au plus, 15 heures de
© DAVID APPLEBY/PARAMOUNT PICTURES prend une forme herculéenne – pour tout réduire à l’essentiel de l’histoire que je raconte.
bon matériel. C’est à ce moment-là que la lutte pour faire le film dans la salle de montage
Selon moi, le tournage est émotionnel et le montage intellectuel. Mais l’œuvre doit porter
sur les sentiments, pas seulement sur l’information.” Lech Kowalski viendra présenter On va
tout péter avec beaucoup d’anciens de la GM&S, un appel aux dons ayant été lancé pour
financer leur déplacement. “Nous ferons la fête à Cannes. Nous tirerons le meilleur parti
d’une situation pourrie. La nouvelle se répandra. Que demander de plus à un film ? C’est le
meilleur exemple de la puissance du cinéma.” Patrice Carré
EN ROUTE POUR LA GLOIRE
Rares sont les biopics qui mettent en scène des personnalités encore
vivantes. Tel est pourtant le cas de Rocketman, qui s’attache à la
jeunesse de Reginald Kenneth Dwight, pianiste de talent devenu une
star du rock sous le pseudonyme d’Elton John. Ce dernier a d’ailleurs
initiée, dès 2012, lui-même cette entreprise en tant que producteur et
en a confié le scénario à Lee Hall, déjà associé à des films tels que Billy
Elliot (2000), pour lequel il a été nommé à l’Oscar, Cheval de guerre
(2011), Confident royal (2017) et l’adaptation cinématographique de la
comédie musicale Cats, réalisée par Tom Hooper, qui sortira à Noël.
Il a aussi écrit le livret du spectacle inspiré de Billy Elliot, dont Elton
John a composé la musique. L’inoubliable interprète de Pinball Wizard
dans Tommy (1975) de Ken Russell a participé à une demi-douzaine de
longs, souvent dans son propre rôle, parmi lesquels Kingsman : le cercle
d’or (2017) de Matthew Vaughn, dont l’un des rôles principaux était
tenu par Tara Egerton, qui l’incarne dans Rocketman, après que Justin
Timberlake et Tom Hardy aient été envisagés. Selon Elton John, cité par
Le Figaro, Rocketman devait être à l’origine “le film d’une vie surréaliste,
pas proche des faits. Je ne veux pas que ce soit une autobiographie
normale parce que ma vie n’a pas été comme ça.” Il sortira en France © REVOLT CINÉMA
le 29 mai (Paramount Pictures) et au Royaume-Uni le 31. J.-P. G.
16 mai 2019