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20 ENQUÊTE

CINÉMA ESPAGNOL : DOULEURS ET GLOIRES

Cela faisait longtemps que le contingent artistique venu de la péninsule n’avait été
aussi important. Malgré une production revigorée et un public qui a retrouvé goût en son cinéma,
de nombreuses faiblesses structurelles subsistent, à l’image d’une exploitation

salle très fragile. FRANÇOIS-PIER PELINARD-LAMBERT

n s’était presque habitué à une
présence rare du cinéma espagnol
à Cannes, où il était encore
plus difficile de trouver un titre
en compétition officielle. Pas
étonnant que la dernière Palme d’or
récompensant un film ibère date
Ode 1961, Viridiana de Luis Buñuel.
Pour cette 72 ­édition­du­Festival,­nous­ne­­trouvons­pas­
e
un­mais­trois auteurs­espagnols.­La­qualité­de­leurs­
œuvres et l’accueil qui leur a été réservé semblent indi-
quer que tous ne rentreront pas chez eux les mains vides.
Cette année, un grand nombre de figures tutélaires est
en lice : Terrence Malick, Marco Bellocchio, Ken Loach
ou les frères Dardenne. Si un cinéaste espagnol pouvait
entrer dans ce groupe restreint, il ne pourrait s’agir que
d’un manchego appelé Pedro Almodóvar. Il revient en
­ compétition­pour­la­septième fois­après­Tout sur ma
mère (1999), Volver (2006), Étreintes brisées (2009), La
piel que habito (2011) et Julieta (2016). Il avait même
ouvert la manifestation avec La mauvaise éducation
en 2008, hors compétition. Les chances espagnoles
semblent désormais reposer sur les épaules de Douleur © MANOLO PAVÓN
et gloire, qui a déjà connu un grand succès au box-
office­en­Espagne,­récoltant­5,5 M€­de­recettes­depuis­
sa­sortie­le­22 mars.­Antonio­­Banderas­peut­également­ Habitué de Cannes, Pedro Almodóvar est de retour sur La Croisette pour présenter
briguer un prix d’interprétation pour son rôle d’alter son dernier film en compétition, Douleur et gloire, un succès critique et public en Espagne.
e
ego du cinéaste. Le 21 film­du­­réalisateur­phare­de­la­
Movida, qui aborde ses souvenirs et ses expériences à internationales sont gérées par la société américaine tourné en allemand, français et italien, se déroule à l’aube
travers l’exercice de la métanarration, et que beaucoup ­ FilmNation­­Entertainment,­qui­l’a­déjà­largement­exporté.­ de la Révolution française et met en abyme la création
n’ont pas pu éviter de comparer avec 8½­de­Federico­ Le film débarquera aux États-Unis en octobre, avec des d’une pièce théâtrale sur la pratique du libertinage.
Fellini­(1963),­pourrait­enfin­mettre­fin­à­la­malédiction­ Oscars qui peuvent lui tendre les bras, surtout à Antonio ­ Coproduit­entre­la­France­et­le­Portugal,­avec­des­soutiens­
du cinéaste autour de la Palme d’or, mais aussi à celle Banderas au parcours très hollywoodien. germaniques, Liberté est distribué internationalement par
de son pays ! Douleur et gloire, tourné entre El Escorial, En dehors de la compétition, le cinéma espagnol est les­Allemands­de­Films­Boutique.­Viendra le feu d’Oliver
Madrid et Paterna (Valence), qui comprend des parties également très présent dans les autres sections cannoises. Laxe est, quant à lui, un thriller rural sur les incendies de
animées créées par Juan Gatti, a été produit par El Deseo Le Catalan Albert Serra et le Galicien Oliver Laxe ont forêt, tourné en Galice, où l’on suit le voyage d’un pyro-
et El Primer Deseo, avec le soutien de l’Icaa et la parti- dévoilé à Un certain regard leurs nouveaux titres. Albert mane.­Il­est­produit­par­Miramemira,­Kowalski­Films,­
cipation de RTVE. Le film a été distribué en Espagne Serra, tout d’abord, est revenu sur La Croisette pour la 4 à 4­Productions­et­Tarantula­Luxembourg.­Le­réalisateur­
par Sony Pictures Entertainment Iberia. Les ventes quatrième fois­avec­Liberté (2019). Ce film dramatique, franco-galicien­a­déjà­présenté­ses­deux précédents­longs­

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Deux autres
cinéastes espagnols
étaient sélectionnés
à Cannes cette
année : Albert Serra
© ROMÁN YÑÁN © PYRAMIDE avec Liberté (1)
et Oliver Laxe avec
Viendra le feu (2).
23-24 mai 2019