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22 LES FILMS DU JOUR
Quinzaine des réalisateurs - ouverture
L’ENVOL
À LA FRONTIÈRE DU RÉALISME MAGIQUE
Révélé par le documentaire à la fin des années 2000, avec notamment La bocca del lupo
(grand prix Cinéma du réel en 2010), Pietro Marcello a connu le succès avec son adaptation
du roman culte de Jack London, Martin Eden, sélectionné en compétition officielle à la Mostra
de Venise en 2019. En juillet 2021, il figurait déjà dans la sélection de la Quinzaine des réali-
sateurs avec Futura. Coréalisé avec Francesco Munzi et Alice Rohrwacher, le documentaire
explorait la manière dont les garçons et les filles de 15 à 20 ans imaginent l’avenir, à travers
une série d’entretiens filmés lors d’un long voyage à travers toute l’Italie. Changement de
registre pour ce nouvel opus, réalisé en solo et en français. Adaptation du roman Les voiles
écarlates d’Alexandre Grine (éd. L’Âge d’Homme), le scénario a été coécrit entre la France
et l’Italie, par le cinéaste et son fidèle collaborateur Maurizio Braucci (également auteur de
Gomorra) mais aussi Maud Ameline, avec la participation de la romancière Geneviève Brisac.
L’histoire est centrée sur le personnage de la jeune Juliette qui grandit seule “quelque part
dans un petit village du nord de la France, avec son père, Raphaël, veuf et soldat rescapé de
la Première Guerre mondiale. Passionnée par le chant et la musique, la jeune fille solitaire
fait la rencontre d’une magicienne qui lui promet que des voiles écarlates viendront un jour
l’emmener loin de son village. Juliette ne cessera jamais de croire en la prophétie”. Le film a
été tourné dans le nord de la Normandie, faisant appel pour sa distribution à Raphaël Thiéry,
Louis Garrel, Noémie Lvovsky, Ernst Umhauer, François Négret et Yolande Moreau, ainsi qu’à
la jeune Juliette Jouan, qui fait sa première apparition à l’écran. L’envol est produit en France
© LE PACTE par Charles Gillibert (CG Cinéma) et la société de production Avventurosa, en collaboration
avec Ilya Stewart (Hype Films) et Antonio Miyakawa (Wise Pictures). Les ventes internationales
sont assurées par Orange Studio et la distribution France par Le Pacte. ❖ Patrice Carré
Semaine de la critique Semaine de la critique
ALMA VIVA WHEN YOU FINISH SAVING
THE WORLD
LA QUÊTE DE L’INVISIBLE
Cristèle Alves Meira a fait partie de la 3e promotion Next Step en 2016 avec son projet Alma
viva. “Il est né d’un sentiment d’injustice que j’ai ressenti à la mort de ma grand-mère mater-
nelle. J’avais une vingtaine d’années et j’ai vu mes oncles et mes tantes se déchirer autour
de sa dépouille pour une vulgaire question d’argent. Elle n’était pas encore enterrée qu’on
se disputait déjà pour savoir qui allait payer sa pierre tombale. Elle est restée sans sépulture
pendant deux ans. Cette brutalité dans les rapports humains m’a frappée au point de vouloir en
faire un film”, rapporte la jeune cinéaste. Alma viva raconte l’histoire de Salomé, neuf ans, qui
revient au Portugal le temps d’un été auprès de sa grand-mère adorée. Lorsque sa grand-mère
meurt brusquement dans des conditions étranges, Salomé découvre un héritage troublant.
Comme sa grand-mère, elle a le pouvoir de renouer avec des forces invisibles. Le film a été
tourné dans le village de la mère de la réalisatrice, Junqueira, niché dans les montagnes du
nord-est du Portugal. “Poser mon regard sur cette ruralité, sur le Portugal de l’intérieur, sur cette
région reculée, c’est une façon pour moi d’être dans la transmission.” Pour autant le tournage © BETH GARRABRANT
n’a pas été de tout repos. “Des pluies diluviennes, un accident de moto, un acteur menacé
de mort qu’il faut remplacer à la dernière minute, une vingtaine de pneus crevés et je vous
épargne la suite sinon ça risquerait de vous effrayer. Nous avons été pris dans un tourbillon de
difficultés à répétition qui a décontenancé l’équipe au point de se demander si nous n’étions
pas victimes d’un mauvais sort comme la grand-mère de Salomé!” La postproduction a été TOUT SUR MA MÈRE
terminée en parallèle des sélections cannoises à la fin du mois de mars. “J’ai eu la chance de
pouvoir montrer aux sélectionneurs une version déjà bien avancée. C’était important car il y C’est à partir de 2009 que le nom et le visage de Jesse Eisenberg ont été révélés au
a une grande part de VFX dans le film même si ça ne se voit pas.” ❖ P. C. grand public dans la comédie dramatique Adventureland: un job d’été à éviter de Greg
Mottola, puis dans Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer. Un an plus tard, il
incarne Mark Zuckerberg dans le biopic The Social Network réalisé par David Fincher.
Mais le comédien est également auteur de pièces de théâtre, ainsi que d’un roman
audio, dont il s’est inspiré pour réaliser son premier film qui fera donc l’ouverture
de cette 61e Semaine de la critique. Produit et distribué par A24, devenu un acteur
incontournable dans la production et la distribution du cinéma indie américain, When
You Finish Saving the World a opéré son avant-première au Festival de Sundance
en janvier dernier. Il est centré sur une mère et son fils que tout semble opposer au
départ. Evelyn, interprétée par Julianne Moore, s’occupe d’un refuge pour femmes
battues, tandis que son fils Ziggy, incarné par Finn Wolfhard, rêve de devenir une
célébrité sur les réseaux sociaux, grâce à un petit talent de musicien. “C’est extrême-
ment fin et drôle, tendre et intelligent. Ce que l’on pouvait imaginer de Jesse Eisenberg
qui est par ailleurs un acteur que je trouve fabuleux”, souligne la déléguée générale
de la Semaine de la critique, Ava Cahen. “On voit dans son cinéma les traces des
cinéastes avec lesquels il a travaillé, de Kelly Reichardt à Woody Allen, en passant
par Joachim Trier. Il a un esprit un peu acide et mordant dans sa façon de croquer la
société, mais est capable aussi de beaucoup de tendresse. Et puis c’est un directeur
d’acteurs fabuleux. Julianne Moore et Finn Wolfhard sont géniaux et le film est très
élégant. J’adore le cinéma indépendant américain depuis toujours et je trouve qu’il
a été mis en difficulté par la pandémie mais aussi par l’essor des plateformes. C’était
© TANDEM donc une façon de lui tendre la main car ce sont des films que l’on a envie de voir
en salle, tout comme Wild Life de Paul Dano qui avait également fait l’ouverture de
la Semaine en 2018.” ❖ P. C.
18 mai 2022
Quinzaine des réalisateurs - ouverture
L’ENVOL
À LA FRONTIÈRE DU RÉALISME MAGIQUE
Révélé par le documentaire à la fin des années 2000, avec notamment La bocca del lupo
(grand prix Cinéma du réel en 2010), Pietro Marcello a connu le succès avec son adaptation
du roman culte de Jack London, Martin Eden, sélectionné en compétition officielle à la Mostra
de Venise en 2019. En juillet 2021, il figurait déjà dans la sélection de la Quinzaine des réali-
sateurs avec Futura. Coréalisé avec Francesco Munzi et Alice Rohrwacher, le documentaire
explorait la manière dont les garçons et les filles de 15 à 20 ans imaginent l’avenir, à travers
une série d’entretiens filmés lors d’un long voyage à travers toute l’Italie. Changement de
registre pour ce nouvel opus, réalisé en solo et en français. Adaptation du roman Les voiles
écarlates d’Alexandre Grine (éd. L’Âge d’Homme), le scénario a été coécrit entre la France
et l’Italie, par le cinéaste et son fidèle collaborateur Maurizio Braucci (également auteur de
Gomorra) mais aussi Maud Ameline, avec la participation de la romancière Geneviève Brisac.
L’histoire est centrée sur le personnage de la jeune Juliette qui grandit seule “quelque part
dans un petit village du nord de la France, avec son père, Raphaël, veuf et soldat rescapé de
la Première Guerre mondiale. Passionnée par le chant et la musique, la jeune fille solitaire
fait la rencontre d’une magicienne qui lui promet que des voiles écarlates viendront un jour
l’emmener loin de son village. Juliette ne cessera jamais de croire en la prophétie”. Le film a
été tourné dans le nord de la Normandie, faisant appel pour sa distribution à Raphaël Thiéry,
Louis Garrel, Noémie Lvovsky, Ernst Umhauer, François Négret et Yolande Moreau, ainsi qu’à
la jeune Juliette Jouan, qui fait sa première apparition à l’écran. L’envol est produit en France
© LE PACTE par Charles Gillibert (CG Cinéma) et la société de production Avventurosa, en collaboration
avec Ilya Stewart (Hype Films) et Antonio Miyakawa (Wise Pictures). Les ventes internationales
sont assurées par Orange Studio et la distribution France par Le Pacte. ❖ Patrice Carré
Semaine de la critique Semaine de la critique
ALMA VIVA WHEN YOU FINISH SAVING
THE WORLD
LA QUÊTE DE L’INVISIBLE
Cristèle Alves Meira a fait partie de la 3e promotion Next Step en 2016 avec son projet Alma
viva. “Il est né d’un sentiment d’injustice que j’ai ressenti à la mort de ma grand-mère mater-
nelle. J’avais une vingtaine d’années et j’ai vu mes oncles et mes tantes se déchirer autour
de sa dépouille pour une vulgaire question d’argent. Elle n’était pas encore enterrée qu’on
se disputait déjà pour savoir qui allait payer sa pierre tombale. Elle est restée sans sépulture
pendant deux ans. Cette brutalité dans les rapports humains m’a frappée au point de vouloir en
faire un film”, rapporte la jeune cinéaste. Alma viva raconte l’histoire de Salomé, neuf ans, qui
revient au Portugal le temps d’un été auprès de sa grand-mère adorée. Lorsque sa grand-mère
meurt brusquement dans des conditions étranges, Salomé découvre un héritage troublant.
Comme sa grand-mère, elle a le pouvoir de renouer avec des forces invisibles. Le film a été
tourné dans le village de la mère de la réalisatrice, Junqueira, niché dans les montagnes du
nord-est du Portugal. “Poser mon regard sur cette ruralité, sur le Portugal de l’intérieur, sur cette
région reculée, c’est une façon pour moi d’être dans la transmission.” Pour autant le tournage © BETH GARRABRANT
n’a pas été de tout repos. “Des pluies diluviennes, un accident de moto, un acteur menacé
de mort qu’il faut remplacer à la dernière minute, une vingtaine de pneus crevés et je vous
épargne la suite sinon ça risquerait de vous effrayer. Nous avons été pris dans un tourbillon de
difficultés à répétition qui a décontenancé l’équipe au point de se demander si nous n’étions
pas victimes d’un mauvais sort comme la grand-mère de Salomé!” La postproduction a été TOUT SUR MA MÈRE
terminée en parallèle des sélections cannoises à la fin du mois de mars. “J’ai eu la chance de
pouvoir montrer aux sélectionneurs une version déjà bien avancée. C’était important car il y C’est à partir de 2009 que le nom et le visage de Jesse Eisenberg ont été révélés au
a une grande part de VFX dans le film même si ça ne se voit pas.” ❖ P. C. grand public dans la comédie dramatique Adventureland: un job d’été à éviter de Greg
Mottola, puis dans Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer. Un an plus tard, il
incarne Mark Zuckerberg dans le biopic The Social Network réalisé par David Fincher.
Mais le comédien est également auteur de pièces de théâtre, ainsi que d’un roman
audio, dont il s’est inspiré pour réaliser son premier film qui fera donc l’ouverture
de cette 61e Semaine de la critique. Produit et distribué par A24, devenu un acteur
incontournable dans la production et la distribution du cinéma indie américain, When
You Finish Saving the World a opéré son avant-première au Festival de Sundance
en janvier dernier. Il est centré sur une mère et son fils que tout semble opposer au
départ. Evelyn, interprétée par Julianne Moore, s’occupe d’un refuge pour femmes
battues, tandis que son fils Ziggy, incarné par Finn Wolfhard, rêve de devenir une
célébrité sur les réseaux sociaux, grâce à un petit talent de musicien. “C’est extrême-
ment fin et drôle, tendre et intelligent. Ce que l’on pouvait imaginer de Jesse Eisenberg
qui est par ailleurs un acteur que je trouve fabuleux”, souligne la déléguée générale
de la Semaine de la critique, Ava Cahen. “On voit dans son cinéma les traces des
cinéastes avec lesquels il a travaillé, de Kelly Reichardt à Woody Allen, en passant
par Joachim Trier. Il a un esprit un peu acide et mordant dans sa façon de croquer la
société, mais est capable aussi de beaucoup de tendresse. Et puis c’est un directeur
d’acteurs fabuleux. Julianne Moore et Finn Wolfhard sont géniaux et le film est très
élégant. J’adore le cinéma indépendant américain depuis toujours et je trouve qu’il
a été mis en difficulté par la pandémie mais aussi par l’essor des plateformes. C’était
© TANDEM donc une façon de lui tendre la main car ce sont des films que l’on a envie de voir
en salle, tout comme Wild Life de Paul Dano qui avait également fait l’ouverture de
la Semaine en 2018.” ❖ P. C.
18 mai 2022