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Semaine de la critique Quinzaine des réalisateurs
NOS CÉRÉMONIES FALCON LAKE
© THE JOKERS FILMS UNE HISTOIRE DE DÉCOUVERTE
DEUX FRÈRES Tourné dans une petite maison située à Gore, dans les Laurentides,
Simon Rieth a réalisé plusieurs courts métrages sélectionnés et primés dans près ce premier long métrage en tant que réalisatrice de la comédienne
Charlotte Le Bon est une adaptation libre du roman graphique de
d’une quarantaine de festivals. Le point de départ de son premier long réside dans Bastien Vivès, Une sœur (éd. Casterman). “J’aimais les thèmes
que le roman explorait. Le passage entre l’enfance et l’âge adulte,
des souvenirs personnels vécus avec son petit frère. Il a d’abord écrit un premier où l’on a des pulsions sexuelles qui peuvent monter et que l’on
n’arrive pas trop à identifier, qui peuvent nous effrayer.” Falcon
Lake est interprété par Monia Chokri et Karine Gonthier-Hyndman,
Sara Montpetit et le Français Joseph Engel jouant les jeunes pro-
tagonistes. Produit par Sylvain Corbeil et Nancy Grant pour Meta-
films, avec la participation financière de la Sodec, Téléfilm Canada,
Eurimages, du Fonds Harold Greenberg et des crédits d’impôt
québécois et canadien, le film est coproduit par David Gauquié,
Julien Deris et Jean-Luc Ormières pour le compte de Cinéfrance
Studios, ainsi que Jalil Lespert pour le compte de Onze Cinq. ❖
P. C.
traitement seul avant de travailler avec Léa Riche. “Nos cérémonies est pour moi
la prolongation de ce que j’ai fait à travers mes précédents courts métrages. Il est
traversé par les mêmes thèmes à savoir le passage à l’âge adulte, les souvenirs, les
fantômes, les monstres, l’enfance.” Pour le casting, Simon Rieth a choisi de prendre
deux frères: “Ils n’avaient jamais joué avant. Je n’aurais pas réussi à retranscrire cette
complicité, cet amour avec deux acteurs simulant cette fraternité.” Le film a été porté
chez Les Films du Poisson par Inès Daïen Dasi, qui avait produit quelques courts
du réalisateur et pour qui Nos cérémonies a marqué le passage au long métrage. Les
prises de vues ont eu lieu de mai à juin 2021, majoritairement à Royan. “Le film avait
été écrit pour ces paysages, ces lieux que je connaissais très bien et qui m’ont inspiré.
Je n’aurais jamais imaginé tourner ailleurs. Nous sommes aussi allés en Pays de
la Loire car une partie du film nécessitait une ambiance différente du reste du récit
et un lieu particulier: une falaise tombant à pic dans la mer. Nous avons fait avec
Marine Atlan, la cheffe opératrice, un document en amont du tournage comprenant © METAFILMS
tous les plans du film, photographiés à la bonne focale et sur les vrais décors avec
des doublures. Il y avait une vraie ambition d’image et de machinerie avec beaucoup
de travellings complexes à mettre en place.” ❖ Patrice Carré
Quinzaine des réalisateurs
MEN
L’HOMME AUX 1 000 VISAGES
Auteur de 28 jours plus tard, Alex Garland est passé à la réalisation avec Ex Machina,
puis Annihilation pour Netflix. Pour Men, le cinéaste est parti d’un postulat a priori
plus classique: une femme, seule, dans une grande maison isolée, une balade en forêt
© BANDITA-LES FILMS DU LOSANGE et un intrus qui rôde dans les bois. “Je voulais faire un film dans lequel on puisse se
reconnaître autant que possible, où le spectateur soit un acteur du récit. Ensuite, je
laisse aux gens le soin de se faire leur propre idée du film et des thèmes qu’il aborde
– ou pas – et qui les touchent”, souligne le cinéaste. Dans Men, Jessie Buckley (nom-
mée aux Oscars pour son second rôle dans The Lost Daughter de Maggie Gyllenhaal)
joue Harper, une jeune femme dont le sanctuaire est constamment violé par des
intrusions d’hommes inquiétants. Pour la comédienne, le film, tout en s’appropriant
Quinzaine des réalisateurs les codes de l’horreur, “est une illustration très forte du débat actuel entre hommes
LA DÉRIVE DES CONTINENTS et femmes. Il s’est passé beaucoup de choses sur le plan politique et social depuis
(AU SUD)
quelques années, et je trouve que Men soulève des questions de manière audacieuse
UNE HISTOIRE DE FAMILLE DYSFONCTIONNELLE
plutôt qu’il ne donne de réponses”. Le tournage a eu lieu dans le Gloucestershire,
“La dérive des continents (au Sud) est une comédie à l’italienne faite par un Suisse racontant le
désordre du couple franco-allemand au milieu d’une famille européenne en pagaille à laquelle campagne prospère du sud-ouest de l’Angleterre regorgeant de villages médiévaux.
ses enfants demandent des comptes en pleine crise migratoire”, présente Lionel Baier. Ce film
est le 3e volet d’une “tétralogie caustique et sentimentale” sur la construction européenne dont il Produit par A24, le film sera distribué par Metropolitan Filmexport le 8 juin en France.
ne manque plus que la dernière partie, Keek (au Nord), qui se déroulera en Écosse. On y parlera
dissociation.” La dérive des continents (au Sud) a été produit par la société du réalisateur, Bandita Alex Garland tourne actuellement Civil War, à nouveau d’après son propre scénario,
Films, créée en 2017 à l’initiative de plusieurs cinéastes. “Nous avons tourné en Sicile, à Catane et
dans la région de Ragusa. À Gibellina et en studio en Suisse. Josée Deshaies, la cheffe opératrice dont l’action se situe aux États-Unis dans un futur proche. ❖ P. C.
et moi avons cherché des lieux qui proposaient des variations de formes. Du dur qui s’oppose à
du mou, de l’organisé face à du sauvage. Je me suis beaucoup inspiré du travail de Félix Vallotton © METROPOLITAN FILMEXPORT
pour les couleurs. J’ai parfois décliné des tableaux en décors. En Sicile, il faut essayer de de ne
pas tomber dans l’exotisme facile. Tout y est tellement dramatiquement beau”. Le tournage a
pris fin en juillet 2021. “Il faisait 45° sur le plateau, ce qui n’avait pas l’air de poser de problèmes
aux Italiens. Pour les Québécois, les Français, les Allemands, les Suisses et les Polonais, un peu
quand même… Mais on a fait venir un camion de glace à la pistache sur le plateau. C’est vrai ce
qui est dit dans le film: ‘Les glaces italiennes viennent à bout de tous les déplaisirs.’” ❖ P. C.
22 mai 2022
Semaine de la critique Quinzaine des réalisateurs
NOS CÉRÉMONIES FALCON LAKE
© THE JOKERS FILMS UNE HISTOIRE DE DÉCOUVERTE
DEUX FRÈRES Tourné dans une petite maison située à Gore, dans les Laurentides,
Simon Rieth a réalisé plusieurs courts métrages sélectionnés et primés dans près ce premier long métrage en tant que réalisatrice de la comédienne
Charlotte Le Bon est une adaptation libre du roman graphique de
d’une quarantaine de festivals. Le point de départ de son premier long réside dans Bastien Vivès, Une sœur (éd. Casterman). “J’aimais les thèmes
que le roman explorait. Le passage entre l’enfance et l’âge adulte,
des souvenirs personnels vécus avec son petit frère. Il a d’abord écrit un premier où l’on a des pulsions sexuelles qui peuvent monter et que l’on
n’arrive pas trop à identifier, qui peuvent nous effrayer.” Falcon
Lake est interprété par Monia Chokri et Karine Gonthier-Hyndman,
Sara Montpetit et le Français Joseph Engel jouant les jeunes pro-
tagonistes. Produit par Sylvain Corbeil et Nancy Grant pour Meta-
films, avec la participation financière de la Sodec, Téléfilm Canada,
Eurimages, du Fonds Harold Greenberg et des crédits d’impôt
québécois et canadien, le film est coproduit par David Gauquié,
Julien Deris et Jean-Luc Ormières pour le compte de Cinéfrance
Studios, ainsi que Jalil Lespert pour le compte de Onze Cinq. ❖
P. C.
traitement seul avant de travailler avec Léa Riche. “Nos cérémonies est pour moi
la prolongation de ce que j’ai fait à travers mes précédents courts métrages. Il est
traversé par les mêmes thèmes à savoir le passage à l’âge adulte, les souvenirs, les
fantômes, les monstres, l’enfance.” Pour le casting, Simon Rieth a choisi de prendre
deux frères: “Ils n’avaient jamais joué avant. Je n’aurais pas réussi à retranscrire cette
complicité, cet amour avec deux acteurs simulant cette fraternité.” Le film a été porté
chez Les Films du Poisson par Inès Daïen Dasi, qui avait produit quelques courts
du réalisateur et pour qui Nos cérémonies a marqué le passage au long métrage. Les
prises de vues ont eu lieu de mai à juin 2021, majoritairement à Royan. “Le film avait
été écrit pour ces paysages, ces lieux que je connaissais très bien et qui m’ont inspiré.
Je n’aurais jamais imaginé tourner ailleurs. Nous sommes aussi allés en Pays de
la Loire car une partie du film nécessitait une ambiance différente du reste du récit
et un lieu particulier: une falaise tombant à pic dans la mer. Nous avons fait avec
Marine Atlan, la cheffe opératrice, un document en amont du tournage comprenant © METAFILMS
tous les plans du film, photographiés à la bonne focale et sur les vrais décors avec
des doublures. Il y avait une vraie ambition d’image et de machinerie avec beaucoup
de travellings complexes à mettre en place.” ❖ Patrice Carré
Quinzaine des réalisateurs
MEN
L’HOMME AUX 1 000 VISAGES
Auteur de 28 jours plus tard, Alex Garland est passé à la réalisation avec Ex Machina,
puis Annihilation pour Netflix. Pour Men, le cinéaste est parti d’un postulat a priori
plus classique: une femme, seule, dans une grande maison isolée, une balade en forêt
© BANDITA-LES FILMS DU LOSANGE et un intrus qui rôde dans les bois. “Je voulais faire un film dans lequel on puisse se
reconnaître autant que possible, où le spectateur soit un acteur du récit. Ensuite, je
laisse aux gens le soin de se faire leur propre idée du film et des thèmes qu’il aborde
– ou pas – et qui les touchent”, souligne le cinéaste. Dans Men, Jessie Buckley (nom-
mée aux Oscars pour son second rôle dans The Lost Daughter de Maggie Gyllenhaal)
joue Harper, une jeune femme dont le sanctuaire est constamment violé par des
intrusions d’hommes inquiétants. Pour la comédienne, le film, tout en s’appropriant
Quinzaine des réalisateurs les codes de l’horreur, “est une illustration très forte du débat actuel entre hommes
LA DÉRIVE DES CONTINENTS et femmes. Il s’est passé beaucoup de choses sur le plan politique et social depuis
(AU SUD)
quelques années, et je trouve que Men soulève des questions de manière audacieuse
UNE HISTOIRE DE FAMILLE DYSFONCTIONNELLE
plutôt qu’il ne donne de réponses”. Le tournage a eu lieu dans le Gloucestershire,
“La dérive des continents (au Sud) est une comédie à l’italienne faite par un Suisse racontant le
désordre du couple franco-allemand au milieu d’une famille européenne en pagaille à laquelle campagne prospère du sud-ouest de l’Angleterre regorgeant de villages médiévaux.
ses enfants demandent des comptes en pleine crise migratoire”, présente Lionel Baier. Ce film
est le 3e volet d’une “tétralogie caustique et sentimentale” sur la construction européenne dont il Produit par A24, le film sera distribué par Metropolitan Filmexport le 8 juin en France.
ne manque plus que la dernière partie, Keek (au Nord), qui se déroulera en Écosse. On y parlera
dissociation.” La dérive des continents (au Sud) a été produit par la société du réalisateur, Bandita Alex Garland tourne actuellement Civil War, à nouveau d’après son propre scénario,
Films, créée en 2017 à l’initiative de plusieurs cinéastes. “Nous avons tourné en Sicile, à Catane et
dans la région de Ragusa. À Gibellina et en studio en Suisse. Josée Deshaies, la cheffe opératrice dont l’action se situe aux États-Unis dans un futur proche. ❖ P. C.
et moi avons cherché des lieux qui proposaient des variations de formes. Du dur qui s’oppose à
du mou, de l’organisé face à du sauvage. Je me suis beaucoup inspiré du travail de Félix Vallotton © METROPOLITAN FILMEXPORT
pour les couleurs. J’ai parfois décliné des tableaux en décors. En Sicile, il faut essayer de de ne
pas tomber dans l’exotisme facile. Tout y est tellement dramatiquement beau”. Le tournage a
pris fin en juillet 2021. “Il faisait 45° sur le plateau, ce qui n’avait pas l’air de poser de problèmes
aux Italiens. Pour les Québécois, les Français, les Allemands, les Suisses et les Polonais, un peu
quand même… Mais on a fait venir un camion de glace à la pistache sur le plateau. C’est vrai ce
qui est dit dans le film: ‘Les glaces italiennes viennent à bout de tous les déplaisirs.’” ❖ P. C.
22 mai 2022