Discop Africa Abidjan 2016 : Mutations décisives en vue pour le paysage audiovisuel ivoirien
Le lancement effectif des appels d’offres pour la libéralisation du secteur audiovisuel télévisuel, dont la RTI était depuis plus de 50 ans l’unique média, doit intervenir ce lundi 30 mai.
Le 29 février 2012, la libéralisation du secteur de l’audiovisuel mettait fin à 50 ans de monopole de la RTI. L’attribution de nouvelles fréquences radio était alors confiée à l’instance de régulation, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA). Suite à un appel d'offres lancé en décembre 2014, celle-ci choisissait en février 2015 d'attribuer des fréquences aux groupes français Lagardère (Vibe Radio) et Trace ainsi qu'au marocain Hit Radio. Déjà présente en Afrique du Sud et au Sénégal, Vibe Radio qui se décrit comme "musicale, urbaine et populaire" cible essentiellement une audience jeune "souhaitant se divertir et s’informer". Créée par le groupe antillais Trace, éditeur de chaînes très populaires en Afrique, TraceFM, qui émet depuis décembre 2015, entend promouvoir les artistes locaux. Quant à Hit Radio, qui couvre aujourd'hui plus d'une dizaine de pays africains et se revendique comme 100% musicale, elle a inauguré son nouveau studio à Cocody-Angré le 23 février de cette année.
Les hasards du calendrier ont fait que l’année 2016 sera marquée par la concomitance de deux événements majeurs. Le passage au numérique d'une part ainsi que la concrétisation de la libéralisation de l’espace audiovisuel, dans sa phase télévisuelle. L'adoption fin février, en Conseil des ministres, de la loi sur la libéralisation du secteur de l’audiovisuel a enclenché le compte à rebours. Le lancement effectif des appels d’offres est prévu pour le 30 mai, "l'ouverture des plis" devant intervenir le 31 octobre avant de déboucher sur la signature des conventions d'attribution. La caution exigée des opérateurs attributaires a été fixée à 1 MdFCFA (1,5 M€) par le gouvernement. L'objectif est de diversifier et soutenir le développement de la production de contenus, permettant ainsi à l'industrie audiovisuelle ivoirienne de se structurer.
Ce passage au numérique a été précédé par une période test avec le déploiement en juin 2015 d'un projet pilote sur 1 000 foyers de la région d'Abidjan qui ont ainsi reçu, via leur décodeur, RTI1, RTI2 ainsi qu'une chaîne spécialement créée pour l’occasion, diffusant des programmes de stock. Côté infrastructure, c'est le consortium Broadcast-Sagemcom qui avait été retenu pour ce seul projet pilote.
Le Comité national de migration de la Côte d’Ivoire vers la TNT a par ailleurs souhaité établir un processus distinct pour l’attribution des infrastructures et des contenus. L'objectif du basculement est de toucher le plus grand nombre tout en favorisant la filière locale. Les opérateurs ivoiriens proposant une offre nationale, voire régionale, seront ainsi privilégiés pour les bouquets gratuits qui devraient se composer d'une petite dizaine de chaînes, comprenant notamment des chaînes publiques. L'idée est de créer des liens de proximité. Mais le gouvernement ivoirien entend garder la maîtrise tout au long de cette transition. Le secteur est en effet sensible dans une région où les médias ont parfois joué un grand rôle dans la propagation de la violence politique. Du côté des bouquets payants, les offres d'abonnement devraient se situer dans une fourchette de prix comprise entre 2 500 et 10 000 FCFA (3,8 et 15,2 €).
Patrice Carré, avec le service audiovisuel régional de l'Ambassade de France à Abidjan
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