Télévision

Discop Africa Abidjan 2016 : L'heure des premiers bilans

Date de publication : 03/06/2016 - 10:50

Record d’affluence mais marché assez contrasté sont les deux tendances qui se dégagent de cette 12e édition du Discop Africa. Et la tenue du salon à Abidjan est dès à présent assurée de se pérenniser.

Dès le jour d’ouverture, les stands de retrait des badges étaient pris d’assaut, plus de 900 étant retirés quasiment au cours de la matinée. Il faut dire que la participation politique de haut niveau, notamment avec la présence  du Premier ministre, également ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, Daniel Kablan Duncan, accompagné de sa collègue, ministre de la Communication, Affoussiata Bamba-Lamine et de représentants officiels du Burkina, avait eu un effet magnétique indéniable. À l’issue d’une cérémonie d’ouverture très protocolaire, Affoussiata Bamba-Lamine décidait d’ailleurs de prendre en main les tables rondes qui débutaient, dépassant largement le temps imparti. Le programme des conférences de la journée en était bousculé à jamais, mais force est de constater qu’une telle implication à ce niveau politique est unique.

Le signal envoyé par le gouvernement ivoirien est limpide : "Nous soutiendrons ce secteur, sur la base de collaborations internationales." Dans la foulée, le ministère de la Communication signifiait à Patrick Zuchowicki sa volonté de renouveler le contrat de trois ans qui le lie avec Basic Lead (organisateur du Discop) alors que deux ans seulement se sont écoulés depuis la signature du premier accord. Le Discop est donc bel et bien parti pour prendre ses quartiers d’été à Abidjan. Au moment de la clôture du salon, 1 142 participants venus de 63 pays étaient recensés. Ils étaient 632 en 2015, ce qui représente une augmentation de 47%. Autre chiffre à mettre en avant, la participation de 183 sociétés de production indépendantes supplémentaires.

Du côté du marché, on notait une affluence constante qui perdurait encore jeudi après-midi. Mais les retours sont plus contrastés car si les contacts sont nombreux, les concrétisations semblent à ce jour incertaines. Côté vendeurs français, la délégation était bien équilibrée, notamment entre FranceTV Distribution, TF1 International ou des indépendants comme Ampersand. En charge des ventes pour TF1 International, Géraldine Lepicard, était venue proposer des fictions porteuses, parmi lesquelles La vengeance aux yeux clairs, minisérie événement de l’été ou encore Clem, très identifiée en Afrique, ainsi que des séries d’animation dont l’iconique et transgénérationnelle Barbapapa visant les 4-10 ans, segment très important sur l’ensemble du continent. Mais le constat, partagé par beaucoup de vendeurs, est que les acheteurs des chaînes publiques francophones semblaient briller par leur absence, contrairement aux éditions précédentes. Un effet de la diminution continuelle de la dotation du ministère des Affaires étrangères à CFI ? La question mérite d’être creusée. Car un tel état de fait, sur un salon en passe de devenir le "hub" de la production audiovisuelle africaine francophone, pose un réel problème, d'autant que les opérateurs de télévision payante étaient très présents. Autre absence remarquée, celle des industries techniques françaises. Or les besoins en équipement sont énormes. En revanche, le bilan est largement positif pour un organisme comme l'INA qui a multiplié les contacts notamment avec la RTI, très intéressée par son expertise.

Parmi les thèmes dominants dans tous les débats, tables rondes et autres échanges informels, la faiblesse des budgets disponibles pour la production africaine était sans cesse évoquée, beaucoup de professionnels tentant de trouver de nouvelles solutions. Car parallèlement, la demande du public pour des contenus locaux est en hausse et une nouvelle génération d’auteurs et de réalisateurs entend "produire et tourner au pays". Dans un tel contexte, ce qui pourrait sembler être une simple anecdote a fait beaucoup parler dans les allées du Discop, tant elle en dit long sur l’impact désastreux de certaines opérations. Le 1er juin au soir, alors que le salon battait son plein, le groupe Orange Côte d’Ivoire faisait venir au Sofitel Ivoire, David Guetta, pour une soirée de mix. Coût évoqué de l’opération, 300 MFCFA (457 000 €), le roi des platines faisant l’aller et retour en jet privé, sans dormir sur place. De quoi financer quelques dizaines d’heures de fiction ivoirienne. Face au Grand Hôtel d’Abidjan, où logeaient une partie des participants et la presse internationale, la grande enseigne Orange surplombant un bloc d’immeubles avait perdu le néon de son N, devenant de facto "Orage" à la nuit tombée.

Patrice Carré
© crédit photo : Patrice Carré


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