Annecy 2016 : Les atouts des programmes audiovisuels français d’animation à l’étranger
Dans le cadre de son programme renforcé pour célébrer l’animation française à l’honneur de la 40e édition du festival d’Annecy, le CNC organisait dans le cadre du Mifa une table-ronde sur "les opportunités des programmes audiovisuels français à l’étranger".
L’animation est le genre de programmes qui s’exporte le plus de tous les programmes audiovisuels français. Il faut dire que d’après les intervenants réunis à l’occasion de cette table-ronde, elle ne suscite plus d’obstacles de fonds, visuels ou culturels, pour se vendre aux diffuseurs dans le monde.
Josselin Charier du Studio Hari, qui fête ses dix ans cette année, a raconté comment sa société avait réussi à convaincre les diffuseurs américains Turner et à Boomerang pour la série Grizzy The lemmings, des préventes nécessaires pour boucler le financement français de cette série de pur slapstick qu’il voulait absolument fabriquer en CGI. La série, vendue dans le monde entier, a trouvé parfaitement sa place sur les antennes américaines, sans que le projet soit estampillé particulièrement "français".
Idem pour Pyjamasques (PJ Masks à l’étranger), la série diffusée sur France 5, prévendue à Disney, produite par Olivier Dumont (Entertainment One) avec Teamto. "La série est tiré d’un livre que nous avions optionné avant sa sortie, que nous avons développé avec des auteurs français. France 5 et Disney l’ont acquise en préventes. Elle a été fabriquée en France par Teamto. Elle est sortie sur les chaînes américaines l’an dernier. Le système français nous a permis de contrôler la série. La France avec le CNC a l’avantage comparé à d’autres pays d’offrir un système de soutien stable de l’animation dans le temps" a noté Olivier Dumont.
Roch Lener (Millimages) a lui évoqué le cas de la série Mouk, vendue dans 85 pays, dont le concept a été adapté avec France Télévisions et Disney. Sa force selon lui, la qualité de l’animation et la narration. Il a aussi souligné, outre la présence en France de soutiens publics forts et un vivier de talents, l’importance de la diversité des projets proposés dans l’Hexagone. "Un quart des projets proposés au Cartoon Forum sont français. Tous ne se feront donc pas et une sélection s’opère déjà par les diffuseurs et le marché international."
A écouter les diffuseurs présents, Orion Ross de Disney Channels EMA et Flavio Medeiros de Discovery Kids, les séries d’animation françaises sont des programmes qui ont tous les atouts pour s'exporter.
"Elles sont souvent parmi les meilleures visuellement, avec un point de vue original" a jugé Orion Ross. Pour Favio Medeiros "au plan graphique et esthétique, l’animation française est irrésistible. Elle a aussi une 'voix' originale, avec des créateurs qui portent des messages, et le storytelling y est fantastique".
Il n’y a plus aujourd’hui pour eux non plus spécialement d’obstacles culturels. "Il y a 20 ans, on nous disait que tel programme était trop français mais on ne savait jamais pourquoi ! Peut-être parce qu’il y avait à l’époque beaucoup d’adaptation de bande-dessinées franco-belges. On ne nous reproche plus du tout cela aujourd’hui" a témoigné Olivier Dumont.
Un autre atout des producteurs français par rapport à des anglo-saxons, est qu'ils sont obligés de penser le projet à une échelle internationale et non locale pour pouvoir financer leurs séries.
Aujourd’hui, pour Orion Ross, il n’a pas de "french touch" proprement parlé mais il y a "un french process" dans l’animation française. Un "french process" qui de par l’écosystème et les talents, rassurent les diffuseurs qui sont sûr d’être livrés ont noté plusieurs intervenants.
Si les Etats-Unis ont été un marché difficile, ce n’est plus le cas du tout depuis plusieurs années. "L’ère du numérique dans le secteur de l’animation a ouvert complètement les frontières", a expliqué Roch Lener. Des territoires demeurent difficiles, le Japon en particulier "mais qui est difficile pour les français et les autres", la Chine qui reste à conquérir, "c’est le débat actuel avec celui des plateformes de vidéo à la demande".
Sarah Drouhaud
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