Annecy 2016 - "Lastman" révolutionne la série d'animation télé
Le dernier Work in progress TV présenté vendredi 17 juin à Annecy a déroulé l’histoire d’une aventure extraordinaire au sens littéral du terme.
Celle de Lastman, projet annoncé il y a trois ans au Mifa comme l’un des cinq développé par France 4 pour une case d’animation ado-adulte, genre alors inexploré sur les antennes françaises, hors comédie façon Simpson.
Ensuite sélectionné au Cartoon Forum de septembre 2014, à Toulouse, le projet est aujourd'hui en voie de finalisation et de retour à Annecy, à la fois en compétition dans la catégorie films de télévision, et dans un WIP.
Au commencement de Lastman se trouvent une bande-dessinée au titre éponyme (éditions Casterman), décrite comme un manga à la française, et sa bande d’auteur-dessinateurs, Bastien Vivès, Balak et Mickaël Sanlaville.
Quand le projet de concevoir une série animée s’est fait jour avec le producteur Didier Creste (Everybody On Deck), le choix de l’équipe s’est rapidement tourné vers Jérémie Périn, le réalisateur du clip devenu culte Fantasy, et son coscénariste Laurent Sarfati.
Dès le départ, la volonté était que ce soit un préquel, a raconté Laurent Sarfati, directeur d’écriture de Lastman aux côtés de Jérémie Périn qui le réalise. Parce qu’à cette époque seuls trois tomes existaient, et qu’ils n’étaient pas adaptés à une série.
Au sein du trio originel de la BD, seul Balak participera à l'écriture des 26 épisodes de 13 minutes. Au final, les auteurs de l’arche narrative et scénaristes de cette fiction destinée aux plus de 15 ans sont, outre Balak, Laurent Sarfati, Jérémie Périn, Laury Rovelli, Léonie De Rudder, Guillaume Mautalent et Matthieu Choquet.
Son pitch : dix ans avant qu’il ne vienne tout casser dans la BD Lastman, Richard Aldana, jeune boxeur, se retrouve avec la gamine de son ami de son meilleur ami sur les bras. Mais la petite Siri est traquée par une secte de fanatiques qui croient à l’existence de la Vallée des Rois, un monde de légende dont elle serait la clé.
Le fait que Jérémie Perin soit aussi impliqué dans le scénario "a permis de réfléchir à la mise en scène dès le début et de ne pas exploser le budget. L’esthétique d’un dessin-animé est très dépendant de son économie", juge l’intéressé dont le travail a été guidé par le désir de "faire une histoire de genre", son favori au cinéma, phagocyté par le second degré de réalisateurs comme Tarantino, estime-t-il."Je voulais revenir au premier degré des années 70, 80, voire 90, comme dans les films de John Carpenter par exemple".
A l’époque, aucune chaîne ne disposait de case pour ce type de programmes mais le producteur a quand même tenté sa chance auprès de France Télévisions. Dans un alignement favorable des planètes, le groupe venait de lancer un appel à projets pour de l’animation adulte destinée à France 4, on l'a vu, sur le point de changer de positionnement. Le mariage aura lieu et d’autres partenaires rejoindront le projet : le CNC, la Région Ile-de-France, Pictanovo dans le Nord, Rhône -Alpes… .
Trois studios français implantés dans chacune de ses régions ont œuvré sur l’animation de Lastman : Je Suis Bien Content, à Paris, Tchack, à Lille, et Caribara, à Annecy.
Au final, la série affiche un budget de moins de 4 M€ impacté par la perte d’un financement en cours de route qui fait "qu’on a du mal à finir", a indiqué Didier Creste. Evoquant plus tard la volte-face d’un "gros opérateur américain", le producteur a d’ailleurs annoncé le lancement d’une campagne de crowdfunding dans quinze jours environ d'un montant de 75 000 €.
La diffusion de Lastman est attendue à l’automne sur France 4, a indiqué France Télévisions lors de sa présentation au Mifa, il y a deux jours. La sortie du tome 9 de la BD en octobre devrait coïncider, ont précisé ses artisans, lors du WIP, en attendant la bande-originale musicale, très importante, en vinyl dans les bacs, et en digital.
Sa programmation s’accompagnera d’un dispositif non-linéaire. Tous les épisodes devraient être disponibles sur internet, a développé Tiphaine de Raguenel ce vendredi.
La directrice des activités jeunesse de France Télévisions et directrice exécutive de France 4 estime que Lastman se prête au binge watching, vu l’accoutumance qu’elle créée et le public de fans qu’elle est susceptible d’attirer. L’accueil de la salle à Annecy, principalement des étudiants comme à peu près dans toutes les sessions de WIP, a clairement démontré la notoriété du "dernier des action heroes des années 80" et, désormais, son prolongement animé.
France Télévisions n’exclut pas de lancer Lastman sur ses MCN (multi -channel network) en amont de la diffusion antenne.
Là encore, la communauté s’y prête. "Lastman est avant tout une série", a insisté Tiphaine de Raguenel, au même titre que les séries de fiction de la chaîne et elle sera diffusée comme telle, en l'occurence en deuxième partie de soirée.
Reste que ce coup d'essai sera le premier et le dernier, sur l'antenne de France 4 en tous cas. Mercredi, lors de leur conférence, les dirigeants de France Télévisions ont confirmé qu'avec le nouveau positionnement de France 4 en chaîne 100% jeunesse-famille, à partir de septembre, elle n'engagerait pas d'autres projets d’animation adulte mais se concentrerait sur l'animation familiale.
Si Lastman est un succès en France et à l’étranger, elle fera des petits, veut croire Bastien Vivès.
Pour Didier Creste, "ce genre de séries devra se financer autrement que par une seule chaîne linéaire et intégrer des acteurs de SVàD".
Emmanuelle Miquet
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