La Rochelle 2017 - L'Uspa fustige le "coup de rabot budgétaire" de l'audiovisuel public
L'Union syndicale de la production audiovisuelle, au cœur d'un exposé mettant en avant les récentes performances de la fiction française et les accords récents avec les diffuseurs, a fait part de ses grandes inquiétudes sur les dernières annonces autour de France Télévisions.
L'Union syndicale de la production audiovisuelle (Uspa) a dénoncé jeudi le "coup de rabot" budgétaire imposé à l'audiovisuel public après l'annonce par la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, d'une baisse de 36 M€ dans le budget 2018 par rapport à celui de 2017. Le thème de la rencontre était d'ailleurs très claire : "Un coup de frein à la croissance".
L'Uspa a d'abord noté les bons chiffres de la saison passée avec une croissance forte des succès de la fiction française en prime (80 des 100 plus grandes audiences fiction étant à mettre au crédit de l'offre tricolore), une expansion aussi de la production qui avec 897 heures (soit +20% par rapport à la saison passée) pour se rapprocher du cap symbolique espéré et désormais proche des 1 000 heures produites. Alors que l'exportation suit la même courbe positive tant qualitativement que quantativement.
Il a été aussi remarqué que la profession avait signé une multitude d'accords (avec les auteurs et diffuseurs). Tout en constatant, à regret, que le marché audiovisuel français restait sur une jauge de 12 Md€ par an, contre 17 à 18 pour l'Allemagne et la Grande-Bretagne.
"Le coup de frein confirmé hier soir par le ministre de la Culture peut entraîner une baisse significative du volume d'œuvres patrimoniales commandées et une possible remise en cause du plan Création annoncé par France Télévisions", a indiqué d'emblée Thomas Anargyros, président de l'Uspa (ici à gauche en photo) qui note que cette décision fragilise les partenaires de la création française au premier rang desquels France Télévisions et Arte.
Le chiffre donné par la ministre de la Culture cache une autre réalité, la baisse budgétaire sera en fait proche de 80 M€ puisque les contrats d'objectifs signés l'année passée pour une durée de cinq ans prévoyaient une hausse de la dotation attendue pour 2018.
L'audiovisuel public va perdre environ 27 M€ au titre de la non-répercussion de l'inflation sur la CAP et environ 17 M€ de compensations de l'Etat pour la suppression de la publicité dans les programmes pour la jeunesse.
"En dehors du fait qu'on nous annonce un coup de rabot, on essaie de nous enfumer puisqu'on annonce 36 M€ par rapport au budget 2017 alors qu'en réalité, cela va être 80 M€ par rapport à la trajectoire annoncée il y a un an", a souligné Thomas Anargyros, président de l'Uspa lors d'une conférence de presse à La Rochelle.
Selon les projections, cette réduction signifierait une baisse du budget de France Télévisions de 50 M€.
L'Uspa a également appelé à une réforme de la contribution à l'audiovisuel public (CAP) dont la ministre a évoqué la possibilité mercredi. "Il ne s'agit pas de poser le problème de la CAP, il s'agit de le traiter", a dit l'Union syndicale plaidant pour un modèle similaire à celui adopté en Allemagne qui est le "droit d'un accès à l'audiovisuel public déconnecté de la possession d'un récepteur de télévision".
François-Pier Pelinard-Lambert
© crédit photo : Julien Liénard / Le Film FrançaisVous avez déjà un compte
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