Annecy 2018 - L’année 2017 confirme le dynamisme de la filière française de l’animation
À quelques jours de l’ouverture du Festival international du film d'animation d'Annecy, le CNC a publié sa 10e étude annuelle sur le marché de l'animation. Elle témoigne du dynamisme et de l’excellence de la filière, fortement perturbée par l’annonce le 4 juin de la suppression de la chaîne France 4 dans le cadre de la réforme de l’audiovisuel public.
Tandis que l’annonce, hier, par la ministre de la Culture de la suppression de la diffusion linéaire de France 4 pour un basculement en numérique a suscité une très vive réaction du Syndicat des producteurs français d’animation et soulevé l'inquiétude de nombreux intervenants, et cela malgré la sanctuarisation des investissements de l’audiovisuel public dans la création, le CNC a présenté son étude annuelle sur 2017. Frédérique Bredin, la présidente du CNC, étant retenue au ministère, elle n’a donc pas pu commenter cette annonce. Dans le communiqué du CNC où Frédérique Bredin salue l’excellence de la filière, la ministre Françoise Nyssen assure que les pouvoirs publics "seront au côté de l’animation française pour poursuivre ce développement national et international". Une déclaration sans nul doute insuffisante à cette heure pour rassurer la filière.
Une filière dont l'excellence se traduit notamment, a rappelé le CNC dans sa présentation, par des écoles de renommée internationale, des talents nombreux, un secteur créateur d’emplois et un fort rayonnement international.
L’étude 2017 confirme la dynamique observée en 2016, qui traduisait les mesures de renforcements des soutiens dans l’audiovisuel et des crédits d’impôt pour relocaliser la filière.
Production audiovisuelle : un niveau d’investissements jamais atteint de 269 M€
En 2017, la production audiovisuelle enregistre un niveau élevé de 353 heures, contre 388 en 2016, le volume moyen sur dix ans étant de 319 heures. Un fait marquant est le niveau d’investissements, le plus élevé jamais enregistré, à 269 M€, en hausse de 4,9%. Les apports des chaînes atteignent 63,7 M€ (+3,5 M€, 23,7%), ceux du CNC 58,3 M€ (+0,6%, 21,7%), quand les apports étrangers se hissent à 60,7 M€ (+4,6%), représentant 22,3% des apports.
Le mélange de formats de production constaté en 2016 perdure en 2017 entre les séries de moins de 8 minutes (105h), celles entre 11 et 13 minutes (206h) et celles de 23 à 26 minutes (40h).
Un élément notable selon le CNC est la progression du coût horaire de la production audiovisuelle, avec une hausse de 15% des productions, à plus de 700 000 € par heure, qui traduit deux tendances : la production plus forte de programmes en 3D et en volume et le phénomène de relocalisation constaté depuis 2016 suite à la réforme du soutien à l’animation et au renforcement du crédit d’impôt.
Production cinéma : sept films d’animation agréés en 2018
Après cinq titres en 2017, ce sont sept films français qui sont agréés (dont deux en cours d’agrément) en 2018. Vic le Viking (Studio 100 Animation), Astérix : le secret de la potion magique (M6 Studio), J’ai perdu mon corps (Xilam), L’extraordinaire voyage de Marona (Sacrebleu), Sam Sam (Folivari) et Le sommet des dieux (Folivari). Sept longs métrages donc, soit un niveau dans la moyenne sur dix ans, avec une variation entre cinq et dix (sauf en 2015 avec un creux à trois), pour un total de 75 M€ et un devis moyen de 10,7 M€.
Un zoom sur la structure de financement des œuvres d’animation françaises, à partir des devis d’agrément définitifs, fait ressortir deux spécificités déjà connues : la très forte part des apports étrangers, à 27,5% (contre 18,5% pour la moyenne des films), et un apport moindre des diffuseurs, comparé aux autres titres, dans le genre, à 14,1% (contre 33% pour la moyenne des films).
+182 M€ de dépenses en France grâce aux crédits d’impôt
Le CNC a consacré dans sa présentation un focus sur les effets du renforcement des crédits d’impôt dans l’animation, focus qui ne figure pas dans l’étude en ligne. En 2017, les crédits d’impôt (renforcés à partir de janvier 2016) ont généré 182 M€ de dépenses supplémentaires par rapport à 2015 : 83 M€ en France en plus pour le crédit d’impôt audiovisuel, +12 M€ pour le crédit d’impôt cinéma et +87 M€ pour le crédit d’impôt international, grâce notamment à des productions américaines fabriquées entièrement en France (Moi, moche et méchant 3, Tous en scène…)
La relocalisation des dépenses de la production d‘animation, grâce aux effets conjugués de la réforme du soutien à l’animation et celle des crédits d’impôt, s’est poursuivie en 2017, avec désormais 84,4% des dépenses en France et 15,6% à l’étranger, le niveau le plus élevé dans l'Hexagone jamais atteint.
6 200 emplois dans l’animation en 2016
L’animation est un secteur, on le sait, qui recrute. Les réformes qui ont conduit à la relocalisation ou la création de studios depuis deux ans se traduisent déjà avec par 6 200 emplois recensés en 2016, dont 700 supplémentaires, la masse salariale atteignant 138 M€, en hausse de 15% toujours en 2016.
Le personnel des intermittents se caractérise par un secteur jeune (l’âge moyen étant de 34 ans) et plus masculin (68%).
33,9 millions des entrées dans les salles
L’animation est un genre plébiscité en salle avec 33 millions de spectateurs enregistrés en 2017, dont 31 millions pour des films inédits, en léger recul (33,9 millions au total), soit 16% des entrées pour seulement 5% ces titres sortis. La PDM des œuvres françaises (tirée par Sahara (en photo) et Les as de la jungle notamment) atteint 9,3%, à peine supérieure à 2016, mais, comme l’a rappelé, le CNC très supérieure aux autres pays européens. Par ailleurs, l’hégémonie américaine du genre (82% de PDM en 2017) est un peu compensée par la filière par la présence de films américains entièrement fabriqués dans l’Hexagone, comme déjà indiqué.
Un genre très bien positionné à l’export
L’étude atteste une nouvelle fois que l’animation est le premier genre audiovisuel à l’exportation, avec 133 M€ de flux financiers (ventes, préventes, coproductions), tandis que les œuvres d’animation pour le grand écran ont, en moyenne sur dix ans, la particularité de réaliser plus de la moitié de leurs entrées hors de l’Hexagone : 26,2%. L’international est à l’origine de 84% des tickets vendus d'œuvres françaises d’animation. En 2017, ce sont 2,9 millions de billets qui ont été comptabilisés en France pour les films tricolores, tandis qu’ils en ont cumulé 15,1 millions hors du pays.
Un genre prisé en linéaire et en replay
Enfin, concernant le dossier sensible donc de la télévision, l’étude rappelle les belles performances de l’animation, le marché français de la télévision ayant la spécificité de proposer une offre majoritairement française. Le genre globalement représente 29,5% de la consommation TV des 4-10 ans, 12,9% des 11-14 ans sur les chaînes nationales, tandis qu’il constitue seulement 8% de l’offre globale.
C’est un film français qui réalise la meilleure audience en télévision en 2017, Astérix et le domaine des dieux sur M6, tandis qu’en série, c’est Tu mourras moins bête, la série courte proposée par Arte, talonnée par Silex and the City, toujours sur Arte, qui prend la première place.
L’étude montre que la consommation des programmes jeunesse en télévision de rattrapage s’est installée, avec un niveau légèrement supérieur à 2016, après une très forte progression de 2015 à 2016.
Retrouvez le communiqué du CNC, l'étude et sa présentation ici.
Sarah Drouhaud
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