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Télévision

Annecy 2019 - La SACD et le SPFA proposent un moratoire sur la suppression de France 4

Date de publication : 11/06/2019 - 16:20

Alors que le gouvernement pourrait retarder l'arrêt de la diffusion de France 4 afin d'installer solidement la plateforme numérique (Cf. FF n° 3861), Pascal Rogard, le directeur général de la SACD, et Philippe Alessandri, le président du SPFA, poursuivent leur action en faveur de la chaîne en adressant un courrier au président de la République Emmanuel Macron, dans lequel ils font part de leur inquiétude quant à sa prochaine fermeture, et proposent un moratoire sur le sujet. 

Dans leur lettre en date du 3 juin, Pascal Rogard et Philippe Alessandri, font part de leur "inquiétude" et de leur "incompréhension du chaos" avec la fermeture prochaine de France 4 en 2020. "Cette décision nous fait craindre le pire pour le financement et la visibilité de l’animation française."
"Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à partager ce constat car c'est aussi celui qu'expriment à l'unisson les dirigeants des autres grands services publics européens, que ce soit en Grande-Bretagne, en Allemagne ou ailleurs, à l'heure où partout, le besoin de recréer une relation avec le public jeune est une priorité indiscutable", ajoutent-ils.

S’il conteste le projet de fermeture de France 4, ils ne remettent pas en cause le développement de l’offre numérique. Son renforcement "est une priorité qui doit nous tous nous associer et nous impliquer" , mais selon eux "développer une offre numérique tout en supprimant une chaîne qui aujourd'hui assure la diffusion de près 70% de l'offre jeunesse et d'animation de France Télévisions, avec 4 400 heures de programmes diffusés chaque année, et alors même que les usages linéaires restent dominants est une hérésie profonde."

Le lancement de la plateforme numérique, "susceptible d'intervenir à l'automne pour prendre le relais de France 4, laisse ouvert beaucoup de craintes", expliquent-ils mettant en avant qu’elle "devra parvenir dans un délai restreint de 9 mois à s'imposer comme une marque majeure auprès du public enfant", face aux plateformes déjà existantes comme "Netflix et YouTube dont l'ergonomie est très séduisante et dont la puissance de la marque et la distribution est redoutable pour tout nouvel entrant", et alors qu'est attendue dès le premier semestre 2020 la plateforme de Disney, puis celles de WarnerMedia et Universal.
"Dans les deux prochaines années, la plateforme numérique de France Télévisions devra affronter pas moins de quatre concurrents puissants. Ce nouvel horizon économique ne peut pas être ignoré dans le déploiement de la politique jeunesse du service public", soulignent-ils.
"Se focaliser sur la seule présence délinéarisée de ces programmes aboutira à une concurrence frontale face à des plateformes qui ont des atouts bien supérieurs en termes de financement, de développement industriel et de marketing. En revanche, créer un univers jeunesse assurant une complémentarité et des rebonds entre l'antenne linéaire et l'offre délinéarisée a du sens. Cette démarche serait de nature à agréger des audiences, à conquérir de nouveaux publics et à les fidéliser, à proposer des programmes différents. Bref, elle peut offrir aux enfants une expérience complète de service public sur tous les supports et pour tous les usages", écrivent-ils.

C’est pourquoi, ils ne demandent pas au président de la République "de revenir en arrière et de tirer un trait définitif sur la suppression de France 4", mais qu’ils proposent "au contraire une stratégie cohérente de politique publique avec le report de cette date couperet de septembre 2020, et la soumission de la fermeture de France 4", si les conditions suivantes sont réunies : une couverture totale de la France en haut-débit pour garantir que chaque Français peut avoir accès en numérique au service public ; et  la réalisation d’une évaluation de la nouvelle plateforme numérique, dans un délai de 18 à 24 mois suivant son lancement, pour s’assurer de sa performance et de son usage.

"Dans ce contexte de mutation profonde de l'audiovisuel, nous sommes convaincus que la route à suivre pour la politique jeunesse de France Télévisions doit éviter deux écueils majeurs : la volonté de ne rien changer pour préserver l'essentiel et au final, se réfugier dans une inertie qui serait dangereuse pour tous ; le risque de la précipitation qui ne tiendrait compte ni de l'environnement économique ni de l'évolution réelle et mesurée des usages ni de la nécessité de garantir un égal accès au service public", concluent-ils. 

Océane Le Moal
© crédit photo : DR


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