Laurence Herszberg dresse le bilan du premier Series Mania Digital Forum
En ligne du 25 mars au 7 avril, la plateforme développée avec Cinando a été mise au point en un temps record par les équipes du festival. Et créée et lancée dès l’annonce du confinement, pour offrir une continuité de l’activité audiovisuelle. Premiers retours sur cette initiative avec la directrice générale du festival lillois.
Sur la plateforme du Series Mania Digital Forum, on retrouvait en vidéo les contenus phares du Series Mania Forum soit les Co-Pro Pitching Sessions, le UGC Writers Campus, la nouvelle Résidence de coécriture franco-israélienne, les sessions “Coming next from” et plus de 50 séries internationales au programme du festival ou issues du Buyer's Showcase.
Quel premier bilan tirez-vous du premier Series Mania Digital Forum qui s’est terminé hier ?
Laurence Herszberg : Il est très positif. En quinze jours, nous avons réussi à créer une proposition digitale qui a attiré plus de 1500 utilisateurs. Un très bon résultat en comparaison des 2000 professionnels qui étaient déjà accrédités à quinze jours de l’événement. Nous étions alors en pleine période d’accréditations et nous serions arrivés à plus de 3000 participants. C’est donc un signe de confiance, mais aussi un symbole pour montrer que des activités pour l’industrie pouvaient être maintenues.
Qu’avez retenu sur le profil des utilisateurs ?
Quarante pays sont représentés. Dans le top 10 des visiteurs, la France arrive en première position avec un tiers des utilisateurs, suivi des Etats-Unis en deuxième position, puis les principaux pays européens (Allemagne, Espagne, Italie) ou encore le Brésil, la Russie et le Canada. Une preuve de la dimension résolument internationale de Series Mania. Mis bout à bout, nous avons eu l’équivalent de 85 jours de visionnage. Et 60% de producteurs, distributeurs et acheteurs dans les profils des utilisateurs.
Quid des porteurs de projets ?
Ils ont été d’une créativité impressionnante. Et ont saisi l’occasion pour proposer des présentations très originales dans un cadre contraint. Nous en tirerons des conclusions et il y a des enseignements à tirer pour l’an prochain. On ne pitchera plus à Series Mania de la même manière. Mais il n’y a pas eu, à ce jour, autant d’interactions que nous le souhaitions.
Comment l’expliquez-vous ?
Notre plateforme a été montée très vite et nous n’avons pas pu accompagner autant que nous l’aurions souhaité les interactions entre porteurs de projets et les professionnels. Ce que nous faisons d’habitude de manière très coordonnée et proactive quand il s’agit de rendez-vous physique. Quand nous nous sommes lancés, nous étions aux premiers jours du confinement. Il fallait passer la sidération et se remettre dans un état d’esprit de création et de développement. Cela nécessite une confiance dans l’avenir, de savoir où l’on va. Il faut que Series Mania continue à avoir son rôle de médiation, d’initiateurs de rencontres. Une plateforme numérique ne suffit pas si le festival qui le fait n’est pas médiateur jusqu’au bout.
A partir de cette initiative, quelles conclusions en tirez-vous pour la prochaine édition de Series Mania ?
Nous allons clairement développer un volet digital pour compléter tout notre dispositif physique. Cela va permettre aux gens qui ne viennent pas, ou ne peuvent pas venir à Series Mania, d’avoir accès aux projets. De donner aussi une vie plus longue aux projets. Et de proposer un accompagnement plus fort encore à ceux qui nous font confiance. Nous allons aussi continuer à éditorialiser la vidéo library. Car dans une période d’offre pléthorique, les professionnels apprécient notre travail de curation et de sélection. De plus, nous ne savons pas non plus comment les habitudes des professionnels évolueront. Voyageront-ils plus ou moins ? Il nous faut être prêt.
De nombreuses manifestations festivalières, annulées après Series Mania, ont ou vont maintenir leur volet compétitif avec une délibération virtuelle des jurys et des remises de prix. A posteriori, ne regrettez-vous pas de ne pas avoir choisi d’organiser malgré tout une compétition ?
Nous avons privilégié l’industrie. Pour nous, un festival, c’est un moment de communion entre un public, des œuvres présentées, des équipes et un jury. Nous ne nous sommes pas dit qu’il fallait absolument donner des prix. Les séries vont exister. Unorthodox, qui était en compétition internationale en première mondiale, remporte depuis un beau succès critique et public sur Netflix. Déparages avec Eric Cantona arrive sur Arte. Nous avions aussi un jury très international sur quatre fuseaux horaires entre Etats-Unis, Australie, Israël et l’Europe. Ce qui aurait rendu les délibérations compliquées et moins "naturelles". Organiser une compétition en digital, c’est un peu pour moi la négation d’un festival. Celui-ci doit développer des outils numériques. Mais en même temps, un festival c’est la réunion de gens dans une même pièce.
Francois-Pier Pelinard-Lambert
© crédit photo : Cecilia Garroni ParisiVous avez déjà un compte
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