Records d'audience pour les après-midi cinéma de France 2 : retour sur un phénomène, avec Caroline Got
Depuis près d’un mois, France 2 a décidé de remplacer ces magazines à succès de l'après-midi (Ca commence aujourd’hui, Je t’aime etc) par une programmation cinéma aussi offensive que fédératrice. Et qui affole les compteurs. La PdA de ses rendez-vous est de 2 à 10 point de plus que la PdA moyenne de la chaîne en 2019 qui se situait à 13,9%. Explications et décryptage de ce choix avec Caroline Got, directrice des antennes de France Télévisions.
En lieu et place des émissions hibituellement présentées l'après-midi par France 2, la chaîne proposera samedi 18 avril, Hibernatus de Edouard Molinaro, suivi dimanche 19 avril du Père Noël est une ordure (photo) de Jean-Marie Poiré, lundi 20 de La buche de Danièle Thompson, le mardi 21 avril de Trois hommes et un couffin de Coline Serreau, le mercredi 22 avril de Neuilly sa mère de Gabriel Julien-Laferrière, le jeudi 23 avril de Nuit d'ivresse de Bernard Nauer, le vendredi 24 avril de Une époque formidable de Gérard Jugnot. Une nouvelle semaine de programmation post JT de 13 heures centrée sur le cinéma français. Que détaille et explique Caroline Got.
Pourquoi avoir choisi le cinéma, et en particulier le cinéma de patrimoine, pour remplacer vos magazines à succès de l’après-midi ?
Nous nous sommes dit pourquoi ne pas nous retrouver ensemble autour de films qui sont de culture commune. L’option du cinéma s’est imposée très vite en regardant l’ensemble des antennes. Dès le 16 mars, nous nous sommes mobilisés sur nos missions qui sont informer, éduquer avec notre travail sur France 4, et divertir. Ce qui pouvait permettre aux gens de rire ensemble, c’était la grande tradition de la comédie française patrimoniale. Elle réunissait la famille et séduisait aussi les gens isolés. Et ce choix a été très vite validé par le public.
Comment le choix de ces films est-il fait ?
La plupart des films n’étaient pas achetés. Mais nous en avions aussi beaucoup sous droit. Nous avons alors pris des droits en plus. Les distributeurs ont vraiment collaboré avec nous et les services de Nathalie Biancoli, qui s’occupent de ces acquisitions. C’est comme cela que nous avons pu travailler sur les films de Louis de Funès. Des œuvres sur lesquelles il y avait un fort intérêt avec son hommage à la Cinémathèque. Après, dans nos discussions avec l’éducation, nous avons choisi également de programmer des adaptations d’œuvres littéraires comme La princesse de Montpensier ou Cyrano de Bergerac, Jean de Florette et Manon des sources. Nous allons continuer sur cet équilibre avec environ un tiers d’adaptations. Et des comédies très grand public, notamment le week-end.
C’est aussi un choix à flux tendu, car les titres sont annoncés, très peu de temps avant leur mise à l’antenne ?
C’est un travail énorme pour les équipes d’acquisition, car celui-ci n’était pas prévu. Les films s’achètent généralement deux ou trois ans en avance. Et nous ne pouvons pas forcément avoir accès à tout ce qui pourrait nous sembler pertinent. Mais je dois dire que les distributeurs ont vraiment joué le jeu et compris notre démarche.
Il n’y a pas eu de volonté de profiter d’un effet d’aubaine ou de tendance inflationiste chez les vendeurs ?
Tout est géré en bonne intelligence.
Ces films font souvent des scores dignes d’un prime. Est-ce que le coût d’achat est plus faible pour une diffusion en après-midi ?
Ils sont négociés dans des coûts d’après-midi. Mais les films qui ont le mieux fobctionné sont souvent des films que nous achetons pour un prime. Pour lequel nous avons ajouté de l’argent pour avoir une diffusion en après-midi.
L’acquisition de ces films n’était pas prévue à votre budget ?
Pour l’instant, nous sommes à l’équilibre, mais les comptes seront difficiles à faire sur l’année. Sur les magazines, nous avions un équilibre entre les inédits et les rediffusions. Nous allons voir comment les choses évoluent sur l’été. Ensuite, nous savons que nous n’avons pas les J.O. Et il y a la question du Tour de France. Cela fait beaucoup d’incertitudes.
Vous êtes aussi parti sur du patrimoine uniquement français ?
Nous aurions pu en effet élargir nos choix et trouver des films étrangers d’excellente qualité. Mais nous nous sommes dit que dans la période que nous traversons de jouer le consensus national et une grammaire que tout le monde puisse partager.
Est-ce qu’il y a un effet porteur pour les audiences du soir quand vous avez des films à succès l’après-midi ?
Le public bouge beaucoup. Il était important de proposer des programmes forts en après-midi. Mais la croissance se fait partout. Il y a par exemple + 40% d’audience sur les programmes du matin. Mais cette observation est valable à toutes les heures de la journée. Tout cela montre, contrairement à ce qui peut se dire, que le média télé, reste largement le plus puissant.
A combien de temps estimez-vous la durée technique nécessaire pour un retour des magazines de l’après-midi ?
Cela peut être rapide. Nous allons penser à faire revenir les émissions de Faustine Bollaert car ce sont des rendez-vous testimoniaux. Il va y avoir un besoin de parler sur cette période. Mais nous savons aussi que le post confinement sera long. Et nous allons voir alors comment repositionner toute notre offre de programmes, sur les cours par exemple.
Il fût un temps, pas si lointain, ou le service proposait des films l’après-midi. Et le public était au rendez-vous. A l’aune du succès rencontré actuellement, le cinéma pourrait-il revenir sur une de vos antennes l’après-midi ?
Il y a plus de dix ans, nous proposions sur France 3 des grands classiques. Après cela s’est arrêté. Et en effet, on pourra se reposer la question de cette exposition. Après, repartir sur des films très anciens peut diviser le public avec autant de satisfaits que d’insatisfaits.
Francois-Pier Pelinard-Lambert
© crédit photo : Les Films du SplendidVous avez déjà un compte
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