La SACD demande le renforcement du service audiovisuel public
Alors que le président de la République doit faire plusieurs annonces mercredi concernant le milieu de la culture, durement touché par la crise sanitaire, la SACD et les auteurs de son conseil d'administration lancent un appel pour renforcer l’audiovisuel public, notamment avec le maintien de France 4 et une remise à plat des perspectives de financement.
La SACD met en avant le "rôle essentiel" joué par le service public depuis le début de la crise liée à la pandémie de Covid-19. "La mobilisation de France Télévisions et d’Arte comme de Radio France pour continuer à informer nos concitoyens, à rendre plus proche la culture, d’hier comme d’aujourd’hui, à enrichir son offre pour s’adapter à la crise, doit être soulignée."
"En sachant proposer des programmes accessibles et exigeants, en ne laissant sur le bord de la route aucune tranche de notre population, en étant capable de mettre sur pied ce qui a été la plus grande école de France, ces entreprises publiques ont exprimé, plus que toute autre initiative ou démarche, ce qu’est une mission de service public en temps de crise. Malgré les mesures d’économies drastiques auxquelles les entreprises publiques de l’audiovisuel ont été soumises ces dernières années, elles ont relevé le gant à la faveur de cette crise en misant en particulier sur la créativité et l’innovation."
"Il faudra s’en souvenir quand s’esquisseront les premiers plans de relance, ajoute-t-elle, car si notre service public est utile et essentiel, il est aussi fragile et précaire."
Selon elle, les efforts engagés par le service public "pour être au rendez-vous avec les Français ne pourront se maintenir si nous ne sortons pas vite des sentiers battus des logiques comptables. A défaut, elles pourraient vite devenir des ornières embourbées, bouchant l’horizon de l’audiovisuel public."
"Pour les éviter, deux mesures devraient être rapidement annoncées et servir de socle au futur service public de l’audiovisuel", explique la SACD.
Il y a tout d’abord, le maintien de France 4. La société d'auteurs souligne ainsi comment la chaîne s’est distinguée sur la période, se révélant "unique, indispensable et plébiscitée par le public". Et faisant preuve d’utilité publique par son accès à tous, gratuitement, et sans publicité et montrant "qu'elle est irremplaçable tant dans sa mission initiale de divertissement des enfants que dans la mission éducative qu’elle a su aussi prendre en charge au plus grand profit des enfants et des familles."
"Le gouvernement devra nécessairement en tirer toutes les conséquences, regarder la réalité avec des yeux neufs et renoncer à une fermeture, déjà contestable avant la crise, et qui serait totalement injustifiable dans ce nouveau contexte."
Puis une révision des économies demandées à l’audiovisuel public. "De la même manière, les trajectoires financières tracées depuis plusieurs années pour l’audiovisuel public et qui l’exhortent à baisser drastiquement ses dépenses d’ici 2022 sont un héritage dont il faudrait accepter de se défaire. 'Nous ne sortirons pas de la crise comme nous y sommes rentrés' a dit et répété le ministre de la Culture. C’est un engagement encourageant qui souligne une urgence, celle de remettre à plat des perspectives de financement dont l’horizon s’arrêtait aux économies budgétaires alors que les urgences sont là : faire face à la crise, renforcer, comme l’a d’ailleurs annoncé Delphine Ernotte, le financement de la création française et européenne et déployer les offres numériques de ces groupes sont quelques-unes d’entre elles", estime la SACD.
"A l’heure où chaque secteur économique prépare des plans de relance massifs, qui bénéficieront de ressources publiques conséquentes, rien ne justifierait de laisser sur le bord de la route de cette relance un audiovisuel public qui joue un rôle si précieux, ajoute-t-elle.
"Nous serions alors en face d’une triple faute : républicaine car elle ne serait pas à la hauteur du rôle fédérateur qu’un service public doit proposer à toute la population ; économique car elle mettrait sous pression des entreprises qui devront rétrécir leurs offres et leurs investissements ; culturelle car France Télévisions et Arte comme Radio France sont des acteurs historiques et majeurs du financement et de la diffusion de la création française, qui a été la première impactée par la crise et dont le redémarrage s’annonce long et précaire alors que les cinémas et les théâtres restent fermés et les tournages interdits. Clairement, le plan de relance de l’audiovisuel public serait aussi un pilier solide pour faire repartir la création française."
"Inventif, créatif, ambitieux, disruptif même. Ce sont les voies qui doivent guider le gouvernement pour dessiner le futur du service public de l’audiovisuel. Il faudrait ajouter également, optimiste, dans le sens que lui donnait Winston Churchill : "Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté". L’occasion est trop belle pour la laisser passer", conclut la SACD.
Retrouvez l’intégralité du communiqué ici.
Océane Le Moal
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