Annecy 2020 Online - En l’absence de décret, France 4 continuera après le 9 août
Les nombreuses questions sur la chaîne jeunesse, à l’issue de la présentation du line-up de France Télévisions, mercredi 17 juin, dans le cadre du Mifa en ligne, ont été l’occasion pour Takis Candilis, numéro deux du groupe public, de souligner que le décret actant la suppression de France 4 n’est pas signé à ce jour.
L’échéance est maintenant dans moins de huit semaines. Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, au moment où ils se sont exprimés face aux professionnels de l’animation, les dirigeants de France Télévisions n’ont pu se prononcer sur le sort de France 4, la chaîne jeunesse du groupe public dont le signal est censée s’éteindre le 9 août (comme celui de France Ô), conformément à la décision prise en 2018 par le gouvernement, dans le cadre de la réforme de l’audiovisuel public, aujourd’hui en partie enterrée.
Depuis, à la faveur du succès de l’offre scolaire proposée sur France 4 pendant le confinement (rare effet positif de la pandémie), le gouvernement a accepté de revoir sa copie, n’excluant plus le maintien de la chaîne jeunesse en linéaire. Il a demandé à Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, un projet éditorial de ce à quoi pourrait ressembler la nouvelle France 4, si elle devait survivre. Celui-ci a été transmis le 17 avril et depuis, silence radio.
"Nous n’avons pas d’annonce sur le devenir de France 4", a commencé par répondre Takis Candilis à une première question sur le sujet. Le directeur général délégué à l’antenne et aux programmes de France Télévisions était en direct dans un bureau du groupe, entouré de Tiphaine de Raguenel, directrice des jeunes publics et de l’animation du groupe, de Pierre Siracusa, directeur de l’animation, et de Cécile Négrier, directrice générale de France 3 Cinéma.
À une deuxième, libellée ainsi "Que va-t-il se passer le 9 août sur France 4 ?" – la session organisée à l’issue de la présentation enregistrée du line-up du groupe, au Mifa Online, ayant eu le mérite de ne pas (trop) trier les questions – la réponse a été celle-ci : "En fait, le 9 août, France 4 continue". Car "il doit y avoir un décret qui annonce que la chaîne s’arrête", a rappelé le numéro deux de France Télévisions. Mais s’il n’y a pas de décret, a priori France 4 continue", a-t-il répété. Avant de retourner l’interrogation à son émetteur : "J’aimerais bien à l’inverse vous poser la question : mais que va-t-il se passer le 9 août sur France 4 ?"
Une troisième relance sur le calendrier et le budget a fini d’ouvrir les vannes : "Le calendrier, on l’attend. Et à force de dire qu’on l’attend… On l’attend". Depuis trois ans que les dirigeants de France Télévisions ont été pressés de répondre aux interpellations sur le dossier France 4 – parfois de manière très virulente, comme lors de la conférence de presse du groupe en juin 2018, juste après l’annonce de sa suppression –, on les avait connus plus réservés, publiquement en tous cas.
Le bras droit de Delphine Ernotte a par ailleurs rappelé qu’en attendant, les équipes travaillaient "sur différentes possibilités et différentes grilles". Pour le reste, "quelle sera, dans ces grilles, la part du divertissement, du dessin animé ou de l’éducation", ou encore l’exposition en volume horaire sur le linéaire, un engagement ayant été pris par le diffuseur, si France 4 s’arrêtait (les blocs jeunesse existants sur France 3 et France 5 continueront d'être renforcés, en parallèle de la plateforme Okoo, lancée dans la perspective de la suppression de France 4)... Tout ce travail, "nous l’avons mené et nous continuons à le mener", a expliqué Takis Candilis. Mais la vraie question c’est qu’en est-il de France 4, et nous n’avons pas encore la réponse".
Dans ce contexte d’incertitudes maximum, "il y a un budget pour France 4 jusqu’à la fin de l’année", si elle perdure, a rassuré Takis Candilis. De même que "les engagements de production que nous avons pris et les surcoûts des engagements de production restent valables, ouverture ou fermeture de France 4". "L’engagement d’investissement de France Télévisions de 32 M€ dans l’animation (par an, dans le cadre de l’accord avec les producteurs, Ndlr) est maintenu, ainsi que l’engagement de garder une visibilité pour ces programmes, quel que soit le périmètre des chaînes linéaires de France Télévisions en 2021", a complété Tiphaine de Raguenel.
Dans son intervention sur le line-up de France Télévisions, celle-ci est longuement revenue sur la crise de la Covid-19. "Elle a fait apparaître en France et partout dans le monde le caractère essentiel d’une offre de service public utile, capable de répondre en un temps record aux besoins essentiels du public et des enfants en particulier : informer, éduquer, divertir (…) Chaque jour, France 4 a proposé six heures de cours Lumni et plus de deux heures de contenus ludo-éducatifs issus du catalogue Okoo et le public a été massivement au rendez-vous. L’offre linéaire a prouvé sa capacité sa capacité à surmonter la fracture numérique et les inégalités sociales et territoriales", a insisté la directrice des jeunes publics et de l’animation, reprenant l’argument majeur avancé par les partisans du maintien de France 4 en linéaire.
"La question de l’éveil et de l’éducation qui a déjà une place de choix dans notre offre enfants devient encore plus centrale, et nous réserverons désormais une part de notre investissement dans l’animation à des programmes ludo-éducatifs faisant écho aux apprentissages scolaires pour tous les publics, de la maternelle à la sixième". Sur France 4 ? Sur Okoo ? Les deux ? Il faudra attendre encore pour le savoir.
Lancée en décembre, la plateforme gratuite "pour les 3-12 ans et leur famille" est déjà un succès, s’est félicitée Tiphaine de Raguenel, chiffres à l’appui : "3 millions d’enfants chaque semaine" et "près de 40 millions de vidéos vues". Ce succès s’appuie principalement sur "les programmes d’animation" qui "sont la clé" de Okoo, dont l’offre décline" une majorité de programmes français".
Durant la période de confinement, la plateforme a connu une "forte progression avec plus 40% de vidéos vues". Les séries animées Simon, Jean-Michel, super caribou, Grizzy et les Lemmings, ou Oscar et Malika sont quelques-unes des préférées des enfants.
"Cette crise a également raconté l’engagement de France Télévisions et son partenariat à long terme avec la production d’animation indépendante", a estimé Tiphaine de Raguenel. "Nous avons accompagné l’activité avec 21 nouvelles séries en 2020 et 16 projets en développement. Le rythme des engagements a été maintenu, les décalages de livraison ont été anticipés au mieux et la sélection et le suivi éditorial se sont poursuivis malgré le télétravail et les incertitudes qui pèsent sur le périmètre du bouquet France Télévisions au-delà de septembre".
Concernant la crainte des professionnels que l’animation, dont l’un des avantages est de se rediffuser facilement, ne soit pas une priorité dans les 20 M€ supplémentaires qui seront investis dans la création patrimoniale audiovisuelle en 2021, comme l’a annoncé la présidente de France Télévisions il y a quelques semaines, cette enveloppe ira à "des programmes prioritaires", a répondu Takis Candilis, tels des unitaires, "vu le retard pris sur la fiction".
"Nous avons dit aussi qu’on attendrait septembre pour voir quels sont nos besoins et comment nous les traduirons dans des commandes nouvelles. Donc tout dépend vraiment de la durée de gestation des programmes, de leur capacité à être livrés dans les temps afin de pallier les manques que nous pourrions avoir dans les grilles. Mais il n’y a pas d’exclusive, ni négative, ni positive, au sujet de l’animation sur l’utilisation" de cette enveloppe."
Emmanuelle Miquet
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