Connext 2022 - Thom Vander Beken, un documentariste qui s’interroge sur la notion du choix
Date de publication : 10/10/2022 - 10:10
Il pitchera un projet sur la déportation des juifs d’Anvers en 1942 et présentera également en direct une œuvre immersive, The Interview.
Après avoir obtenu une maîtrise en littérature à l'université de Gand, Thom Vander Beken a poursuivi des études de cinéma à Bruxelles avant de réaliser plusieurs courts et moyens métrages documentaires. En 2017, son premier long documentaire, I Know you Are There, remporte une mention spéciale à Visions du Réel en Suisse. "J'ai filmé une famille belge dont le fils, Quentin, était dans le coma depuis plus de 10 ans, raconte le cinéaste. Il avait été transféré dans un service particulier de l'hôpital universitaire de Liège, spécialisé dans le coma, dirigé par un neurologue, le professeur Steven Laureys. Ils ont essayé de déterminer quelles étaient ses chances de récupération, qui étaient très minces au bout de 10 ans. La famille a dû décider ce qu'elle voulait faire : continuer ou arrêter les traitements et laisser partir Quentin. Mon film montre la pression que suscite ce choix à faire, sur les membres de la famille et en particulier sur la mère."
"Je trouve la plupart du temps mes sujets de films là où je me trouve", poursuit le réalisateur, qui vit entre Bruxelles et Berlin. "Je lis beaucoup mais peu de romans. Et je fais de même chaque jour avec plusieurs quotidiens : De Morgen, De Standaard, New York Times, Haaretz. Mes idées viennent de là."
A Connext, il pitche The Last Jewish Summer (photo) sur la déportation des juifs d’Anvers durant l’été 1942. "La police anversoise a aidé l'occupant allemand à arrêter les juifs de la ville lors de plusieurs raids nocturnes. Plus de 10 000 ont été déportés et seuls 500 sont revenus vivants après la guerre. Quatre-vingts ans plus tard, un groupe d'élèves de sixième année d'une école très diversifiée d'Anvers découvre la douloureuse vérité sur ce qui est arrivé aux Juifs de leur école. Ils rencontrent des parents de certaines des familles juives qui ont été arrêtées, mais aussi des proches des policiers qui étaient responsables de ces arrestations."
Thom Vander Beken a travaillé en amont pendant trois ans, effectuant de nombreuses recherches pour retrouver les différents protagonistes. Le film, qui est produit par Marc Goyens pour Quetzalcoatl, a reçu le soutien du VAF à la production. "Je le pitche sur la plateforme en ligne Connext et j'espère que nous pourrons rencontrer des coproducteurs et des financeurs intéressés ou que le projet sera déjà sur le radar de certains festivals. J’aimerais terminer les prises de vues extérieures durant l'été prochain pour que le film soit prêt à l'automne 2023."
Et durant Connext, Thom Vander Beken présentera, en direct cette fois devant les professionnels invités, un autre projet documentaire, mais immersif, The Interview. "Grâce à la réalité virtuelle, vous entrez dans la peau d'un travailleur social dans un bureau d'immigration. Vous rencontrez quatre demandeurs d'asile afghans et vous leur posez des questions. Après chaque entretien, la décision vous appartient : cette personne peut-elle rester ou doit-elle au contraire retourner dans son pays d'origine ?"
Le réalisateur travaille en parallèle sur un nouveau long métrage, The War Inside. Il est centré sur un groupe de psychologues scolaires à Jérusalem qui tentent d'aider les écoliers à faire face aux difficultés de la vie quotidienne dans l'une des villes les plus divisées du monde. "J'ai vécu à Tel Aviv pendant quelques années et j'ai commencé à travailler sur ce film alors que je vivais encore là-bas. J'ai interviewé six psychologues pour enfants à Jérusalem, trois juifs et trois palestiniens. Afin d'aider les enfants de Jérusalem, ils doivent travailler ensemble. Mais il était impossible de les filmer alors j'ai décidé de réaliser ce film avec des acteurs qui joueraient le rôle des psychologues."
L'idée initiale était de tourner en Israël, mais en raison de la crise sanitaire, le pays a fermé ses frontières, pour les rouvrir seulement en janvier 2022. "En outre, depuis que nous avons demandé et obtenu un financement, deux nouvelles guerres ont éclaté à Gaza. Et au début de l'année, une vague d’attentats a eu lieu à Jérusalem et en Cisjordanie. Il nous a semblé préférable d'attendre et de voir comment les choses allaient évoluer. La base du film reste les entretiens que je continue d’avoir avec les psychologues. Ils m’ont notamment dit qu'il valait mieux attendre parce que tout le monde était en pleine confusion et n'avait aucune idée de la direction que prenait le pays. Cela nous rappelle à quel point certains projets ont parfois besoin d'un peu plus de temps. Car à quoi servirait de raconter une histoire qui ne serait plus pertinente une fois le film terminé ?"
"Le financement des documentaires est un processus long, difficile et frustrant. Les dates limites de dépôt des demandes ne s’alignent pas souvent et la compétition est rude. Le rejet d'un projet peut revêtir un caractère très personnel. Il est donc d’autant plus important à mes yeux de réaliser des films auxquels vous croyez vraiment et qui vous donnent envie d'aller jusqu'au bout."
A Connext, il pitche The Last Jewish Summer (photo) sur la déportation des juifs d’Anvers durant l’été 1942. "La police anversoise a aidé l'occupant allemand à arrêter les juifs de la ville lors de plusieurs raids nocturnes. Plus de 10 000 ont été déportés et seuls 500 sont revenus vivants après la guerre. Quatre-vingts ans plus tard, un groupe d'élèves de sixième année d'une école très diversifiée d'Anvers découvre la douloureuse vérité sur ce qui est arrivé aux Juifs de leur école. Ils rencontrent des parents de certaines des familles juives qui ont été arrêtées, mais aussi des proches des policiers qui étaient responsables de ces arrestations."
Thom Vander Beken a travaillé en amont pendant trois ans, effectuant de nombreuses recherches pour retrouver les différents protagonistes. Le film, qui est produit par Marc Goyens pour Quetzalcoatl, a reçu le soutien du VAF à la production. "Je le pitche sur la plateforme en ligne Connext et j'espère que nous pourrons rencontrer des coproducteurs et des financeurs intéressés ou que le projet sera déjà sur le radar de certains festivals. J’aimerais terminer les prises de vues extérieures durant l'été prochain pour que le film soit prêt à l'automne 2023."
Et durant Connext, Thom Vander Beken présentera, en direct cette fois devant les professionnels invités, un autre projet documentaire, mais immersif, The Interview. "Grâce à la réalité virtuelle, vous entrez dans la peau d'un travailleur social dans un bureau d'immigration. Vous rencontrez quatre demandeurs d'asile afghans et vous leur posez des questions. Après chaque entretien, la décision vous appartient : cette personne peut-elle rester ou doit-elle au contraire retourner dans son pays d'origine ?"
Le réalisateur travaille en parallèle sur un nouveau long métrage, The War Inside. Il est centré sur un groupe de psychologues scolaires à Jérusalem qui tentent d'aider les écoliers à faire face aux difficultés de la vie quotidienne dans l'une des villes les plus divisées du monde. "J'ai vécu à Tel Aviv pendant quelques années et j'ai commencé à travailler sur ce film alors que je vivais encore là-bas. J'ai interviewé six psychologues pour enfants à Jérusalem, trois juifs et trois palestiniens. Afin d'aider les enfants de Jérusalem, ils doivent travailler ensemble. Mais il était impossible de les filmer alors j'ai décidé de réaliser ce film avec des acteurs qui joueraient le rôle des psychologues."
L'idée initiale était de tourner en Israël, mais en raison de la crise sanitaire, le pays a fermé ses frontières, pour les rouvrir seulement en janvier 2022. "En outre, depuis que nous avons demandé et obtenu un financement, deux nouvelles guerres ont éclaté à Gaza. Et au début de l'année, une vague d’attentats a eu lieu à Jérusalem et en Cisjordanie. Il nous a semblé préférable d'attendre et de voir comment les choses allaient évoluer. La base du film reste les entretiens que je continue d’avoir avec les psychologues. Ils m’ont notamment dit qu'il valait mieux attendre parce que tout le monde était en pleine confusion et n'avait aucune idée de la direction que prenait le pays. Cela nous rappelle à quel point certains projets ont parfois besoin d'un peu plus de temps. Car à quoi servirait de raconter une histoire qui ne serait plus pertinente une fois le film terminé ?"
"Le financement des documentaires est un processus long, difficile et frustrant. Les dates limites de dépôt des demandes ne s’alignent pas souvent et la compétition est rude. Le rejet d'un projet peut revêtir un caractère très personnel. Il est donc d’autant plus important à mes yeux de réaliser des films auxquels vous croyez vraiment et qui vous donnent envie d'aller jusqu'au bout."
Patrice Carré
© crédit photo : DR
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