Séries Mania 2024 - La distribution audiovisuelle monte au créneau
Date de publication : 19/03/2024 - 08:12
Avec l'essor de la production audiovisuelle, le métier de distributeur a considérablement évolué avec une prise de risques accrue. A l'occasion de Séries Mania, le Sedpa appelle les pouvoirs publics à accompagner davantage ce mouvement.
"Nous arrivons à un moment charnière de la transformation de notre industrie et par ricochet du métier de distributeur de programmes audiovisuels", déclare en préambule Raphaëlle Mathieu, coprésidente du Sedpa. Pour rappel, la notion de distributeur n'a été reconnue par la loi qu'en 2016. "Initialement, le rôle de distributeur consistait à commercialiser les programmes à posteriori. Depuis 2016, notre profession a énormément évolué", souligne la directrice générale de Cyber Group Studios.
Une évolution qui va de pair avec la hausse du budget des productions audiovisuelles. "Alors que notre rôle se concentrait surtout en aval de l'œuvre, nous intervenons désormais également de plus en plus en amont. Nous accompagnons les producteurs et nous permettons aux diffuseurs de financer des programmes. Les distributeurs de Programmes Audiovisuels sont devenus un maillon essentiel de cette chaîne", relève la directrice générale de Cyber Group Studios.
Les chiffres illustrent bien cette évolution. Selon le Sedpa, l'investissement moyen du distributeur en risques financiers pour une fiction française premium était de l'ordre de 5 à 10% il y a quelques années. "Aujourd'hui, pour des séries comme Cœurs Noirs, Dans l'ombre ou Cat's Eyes, nous sommes sur des niveaux d'investissement compris entre 20% à 45% du budget d'une œuvre. Sans notre apport, ces séries n'existeraient pas", témoigne Rodolphe Buet, directeur général de Newen Connect. Une autre illustration flagrante de ces mutations est exprimée par Guillaume Pommier, co-directeur de la distribution de Federation Studios : "Aujourd'hui, le distributeur est presque devenu un mini-producteur. La recherche de préfinancements constitue 50 à 60% de notre temps. Derniers exemples chez Federation, les séries Bardot et Rematch, pour lesquelles nous avons considérablement contribué au financement aussi bien au niveau du MG investi que par les préventes significatives qu’on a conclues dès les scripts.
Ces évolutions coûtent aussi de l'argent. Les MG sont de plus en plus élevés et subissent par ailleurs l’inflation et la remontée des taux d’intérêts comme l’ensemble du secteur. Par ailleurs, nous nous en emparons de plus en plus tôt des projets. Il nous arrive d'être en codéveloppement ou de donner des conseils éditoriaux pour que l'œuvre s'exporte mieux."
Rodolphe Buet abonde en ce sens : "On nous demande plus d'investissements économiques et d'implication, d'être très en amont sur les préfinancements pour soutenir les productions. Nous le faisons volontiers. Les productions audiovisuelles françaises s'exportent de mieux en mieux avec une véritable reconnaissance internationale. Toutefois, aujourd'hui, nous considérons le métier de distributeur audiovisuel n'est pas reconnu à sa juste mesure."
Une évolution qui va de pair avec la hausse du budget des productions audiovisuelles. "Alors que notre rôle se concentrait surtout en aval de l'œuvre, nous intervenons désormais également de plus en plus en amont. Nous accompagnons les producteurs et nous permettons aux diffuseurs de financer des programmes. Les distributeurs de Programmes Audiovisuels sont devenus un maillon essentiel de cette chaîne", relève la directrice générale de Cyber Group Studios.
Les chiffres illustrent bien cette évolution. Selon le Sedpa, l'investissement moyen du distributeur en risques financiers pour une fiction française premium était de l'ordre de 5 à 10% il y a quelques années. "Aujourd'hui, pour des séries comme Cœurs Noirs, Dans l'ombre ou Cat's Eyes, nous sommes sur des niveaux d'investissement compris entre 20% à 45% du budget d'une œuvre. Sans notre apport, ces séries n'existeraient pas", témoigne Rodolphe Buet, directeur général de Newen Connect. Une autre illustration flagrante de ces mutations est exprimée par Guillaume Pommier, co-directeur de la distribution de Federation Studios : "Aujourd'hui, le distributeur est presque devenu un mini-producteur. La recherche de préfinancements constitue 50 à 60% de notre temps. Derniers exemples chez Federation, les séries Bardot et Rematch, pour lesquelles nous avons considérablement contribué au financement aussi bien au niveau du MG investi que par les préventes significatives qu’on a conclues dès les scripts.
Ces évolutions coûtent aussi de l'argent. Les MG sont de plus en plus élevés et subissent par ailleurs l’inflation et la remontée des taux d’intérêts comme l’ensemble du secteur. Par ailleurs, nous nous en emparons de plus en plus tôt des projets. Il nous arrive d'être en codéveloppement ou de donner des conseils éditoriaux pour que l'œuvre s'exporte mieux."
Rodolphe Buet abonde en ce sens : "On nous demande plus d'investissements économiques et d'implication, d'être très en amont sur les préfinancements pour soutenir les productions. Nous le faisons volontiers. Les productions audiovisuelles françaises s'exportent de mieux en mieux avec une véritable reconnaissance internationale. Toutefois, aujourd'hui, nous considérons le métier de distributeur audiovisuel n'est pas reconnu à sa juste mesure."
Une autre évolution du secteur appelle à un travail d'orfèvre des distributeurs. "Tous les diffuseurs ont désormais des velléités de faire des exploitations non-linéaires. Ces souhaits impliquent des fenêtrages beaucoup plus complexes qu'à une époque. Il faut intervenir très en amont afin d'articuler une visibilité pour l'ensemble des diffuseurs", note Guillaume Pommier. "Outre l'aspect commercial et financier, notre savoir-faire est d'aider le producteur à construire des deals lui permettant d'optimiser la visibilité de son programme et ce aussi bien en documentaire, en animation et en fiction", confirme Raphaëlle Mathieu.
Pour faire face à ces mutations, les distributeurs souhaitent bénéficier d'un soutien accru des pouvoirs publics français et européens. "Au même titre que le cinéma, nous voulons être accompagnés par nos institutions afin de faire rayonner encore davantage nos œuvres audiovisuelles dans le monde. Aujourd'hui, l'audiovisuel constitue 80% de l'activité de Newen Connect et le cinéma 20%. 80% de l'aide que nous recevons du CNC est dédiée au cinéma et 20% à l'audiovisuel", résume Rodolphe Buet. "Notre objectif n'est pas de diminuer le cinéma mais d'avoir un meilleur équilibre au regard de l'évolution du marché et des perspectives à l'international", complète Raphaëlle Mathieu.
Des discussions sont actuellement en cours avec le CNC dans l'optique de mettre en place une mission visant à trouver des leviers pour continuer à soutenir ce pan de la filière. "Nous avons impérativement besoin de cette réflexion. Elle doit être menée de façon impartiale. Alors qu'une mission pour la distribution cinéma est actuellement en cours, nous demandons simplement une équité dans le traitement de nos deux industries", affirme Raphaëlle Mathieu. Plusieurs leviers d'optimisation sont déjà identifiés par le Sedpa, à l'exemple de ce qui se fait à l'international. "Si en Italie, de nouvelles aides aux distributeurs et aux minimum garanti (MG) sont en train de se mettre en place, il y a de nombreuses autres pistes à explorer", constate la coprésidente du syndicat. A travers ces enjeux, ce sont la pluralité et la diversité des distributeurs qui sont en jeu. Le combat du Sedpa se joue également au niveau européen. A ce jour, le programme Media propose une aide à la distribution cinéma mais aucune pour la distribution audiovisuelle, constate le syndicat.
Un autre outil fait actuellement défaut aux distributeurs : l'accès à la data, marquée par une certaine opacité de plateformes. "Ici aussi, nous avons besoin de l'appui des pouvoirs publics. Ces données sont essentielles pour optimiser la stratégie de vente", soutient Raphaëlle Mathieu. "A travers cet enjeu, il se crée également une distorsion entre les grands groupes, capables de payer un prix onéreux pour accéder à des data tierces via des panélistes, et les petites structures qui n'y ont pas accès. Nous militons pour que ces données soient accessibles à l'ensemble des partenaires", préconise Rodolphe Buet.
Les distributeurs entendent également valoriser davantage leur métier à travers des outils de communication renforcés. A l'instar de ce qui fait au cinéma, ils souhaiteraient notamment apparaître au générique de début dans les œuvres audiovisuelles afin de gagner en visibilité, et de rayonner à l'international. "Des sociétés comme A24, Neon ou MK2 ont su développer une valeur de marque qui parle à la fois aux diffuseurs et aux spectateurs. Nous aimerions tendre vers ce modèle au travers des lignes éditoriales et artistiques que nous mettons en œuvre dans nos sociétés respectives", conclut Rodolphe Buet.
Des discussions sont actuellement en cours avec le CNC dans l'optique de mettre en place une mission visant à trouver des leviers pour continuer à soutenir ce pan de la filière. "Nous avons impérativement besoin de cette réflexion. Elle doit être menée de façon impartiale. Alors qu'une mission pour la distribution cinéma est actuellement en cours, nous demandons simplement une équité dans le traitement de nos deux industries", affirme Raphaëlle Mathieu. Plusieurs leviers d'optimisation sont déjà identifiés par le Sedpa, à l'exemple de ce qui se fait à l'international. "Si en Italie, de nouvelles aides aux distributeurs et aux minimum garanti (MG) sont en train de se mettre en place, il y a de nombreuses autres pistes à explorer", constate la coprésidente du syndicat. A travers ces enjeux, ce sont la pluralité et la diversité des distributeurs qui sont en jeu. Le combat du Sedpa se joue également au niveau européen. A ce jour, le programme Media propose une aide à la distribution cinéma mais aucune pour la distribution audiovisuelle, constate le syndicat.
Un autre outil fait actuellement défaut aux distributeurs : l'accès à la data, marquée par une certaine opacité de plateformes. "Ici aussi, nous avons besoin de l'appui des pouvoirs publics. Ces données sont essentielles pour optimiser la stratégie de vente", soutient Raphaëlle Mathieu. "A travers cet enjeu, il se crée également une distorsion entre les grands groupes, capables de payer un prix onéreux pour accéder à des data tierces via des panélistes, et les petites structures qui n'y ont pas accès. Nous militons pour que ces données soient accessibles à l'ensemble des partenaires", préconise Rodolphe Buet.
Les distributeurs entendent également valoriser davantage leur métier à travers des outils de communication renforcés. A l'instar de ce qui fait au cinéma, ils souhaiteraient notamment apparaître au générique de début dans les œuvres audiovisuelles afin de gagner en visibilité, et de rayonner à l'international. "Des sociétés comme A24, Neon ou MK2 ont su développer une valeur de marque qui parle à la fois aux diffuseurs et aux spectateurs. Nous aimerions tendre vers ce modèle au travers des lignes éditoriales et artistiques que nous mettons en œuvre dans nos sociétés respectives", conclut Rodolphe Buet.
Florian Krieg
© crédit photo : Sedpa
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