Festival de la Fiction 2024 - "Cat's Eyes", un pari(s) de haut vol
Date de publication : 12/09/2024 - 08:00
Projetée en avant-première ce soir à la Rochelle, la série événement Cat’s Eyes, série événement de TF1 (8x52’), produite par Big Band Story avec un budget de 25 M€, déborde d’ambitions artistiques et internationales. Une adaptation unique en son genre du manga iconique des années 1980. Les producteurs Mehdi Sabbar et Benjamin Dupont-Jubien ainsi qu'Anne Didier, directrice artistique de la fiction française du Groupe TF1, sont revenus dans le Film français n° 4145 sur cette épopée. Extraits choisis.
Il y a sept ans, Mehdi Sabbar et Benjamin Dupont-Jubien, dirigeants de la société de production indépendante Big Band Story, et le scénariste Michel Catz se lançaient dans une aventure hors du commun : l’adaptation du manga Cat’s Eyes en série. La fiction revient sur l’origine du célèbre trio de soeurs qui s’improvisent cambrioleuses dans les monuments de Paris. Un pari audacieux pour Big Band Story. “Pour nous, producteurs indépendants, l’accès aux gros éditeurs traditionnels est difficile, raconte Benjamin Dupont-Jubien. Les nouveaux livres sont souvent préemptés par les groupes. Passionnés de mangas, nous rêvions d’adapter une telle oeuvre en série. Ce marché très complexe est aujourd’hui assez peu exploré par les Français. Portés par notre connaissance du secteur et notre envie, nous avons décidé de nous attaquer à ce marché japonais.”
Pour mener à bien ce projet, il a fallu convaincre Coamix, la société du créateur de Cat’s Eyes, Tsukasa Hōjō. “Cinq ans de discussion ont été nécessaires”, révèle Mehdi Sabbar. “C’était notre principal enjeu. Les mangas de Tsukasa Hōjō se sont vendus à plus de 30 millions d’exemplaires dans le monde. Il n’y avait donc pas une nécessité absolue de les adapter en série. Nous devions être habités par une vision artistique forte et précise pour défendre notre projet”, complète Benjamin Dupont-Jubien. Le pitch, centré sur les origines des Cat’s Eyes à Paris en 2024, a suscité l’intérêt des ayants droit. “Nous avons rédigé un document d’une soixantaine de pages détaillant l’ensemble du projet. Notre vision de producteurs français les a également intéressés. La France constitue un marché important pour le manga avec une vraie appétence et un respect pour la culture japonaise”, relève Mehdi Sabbar. En parallèle, les deux producteurs ont obtenu des accords préalables de tournage dans les monuments envisagés (la tour Eiffel, le musée du Louvre, le château de Versailles, la Monnaie de Paris…) – une assurance supplémentaire pour les ayants droit sur l’ambition du projet. L’adhésion rapide de TF1 au projet les a aussi confortés. “Le fait de pouvoir compter sur une grande chaîne hertzienne offrait à la série une visibilité nationale et très grand public. Une dimension importante pour Tsukasa Hōjō”, commente Mehdi Sabbar.
“Dans l'ADN fiction de TF1”
“La série est au coeur de notre stratégie : celle de créer des événements premium et de surprendre”, explique Anne Didier, directrice artistique de la fiction française du Groupe TF1. “Nous sommes totalement dans l’ADN fiction de TF1. Cette adaptation du manga s’inscrit dans la culture populaire et parle aussi à la génération de nos téléspectateurs. C’est un projet très original qui mélange plein de genres, avec à la fois de l’action, du drame familial, de l’humour évidemment, de la romance et du mystère avec l’histoire de ces trois soeurs, au coeur des plus grands décors de Paris, servis par d’énormes moyens”, complète la dirigeante. Cat’s Eyes s’inscrit aussi dans la lignée des succès mondiaux, comme Lupin et Emily in Paris.
“La série met en avant de jeunes femmes voleuses dans un cadre très contemporain. En plus des amateurs du manga, Cat’s Eyes peut attirer le grand public grâce à de nombreux ingrédients très modernes”, estime Benjamin Dupont-Jubien. Outre TF1, Prime Video s’est engagé sur le projet. “Leur apport était indispensable pour une série de cette ampleur. Prime Video a un public différent et complémentaire de celui de TF1”, souligne Benjamin Dupont-Jubien. La plateforme diffusera également la série au Japon.
La réalisation a été confiée à Alexandre Laurent, remarqué pour ses séries sur TF1 (Les combattantes, Le Bazar de la Charité, Le secret d’Élise…). “Nous recherchions quelqu’un capable de gérer un budget de cette ampleur avec tout ce que cela induit en termes de cascades, de scènes nocturnes et de figuration très conséquente. Nous devions nous assurer que tous les moyens étaient bien exploités et se retrouvaient à l’écran. Alexandre Laurent était le candidat idoine, affirme Benjamin Dupont-Jubien. Il correspondait au style que nous souhaitions insuffler à la série, avec des voleuses sans cesse en mouvement. Sa mise en scène s’inscrit parfaitement dans cette optique avec son envie de tourner souvent en plans séquences très dynamiques.”
Un tournage hors normes
Plus de 200 comédiennes ont été auditionnées pour les rôles. “Nous voulions créer un sentiment de sororité entre les trois actrices principales. À l’écran, elles devaient apparaître comme des vraies soeurs. Nous étions très sensibles à cette authenticité au coeur du manga”, raconte Benjamin Dupont-Jubien. Le choix s’est porté sur Camille Lou, Constance Labbé et Claire Romain. “Camille nous a apporté tout de suite une détermination et une émotion qui collaient à 200% au personnage de Tam. Constance, dès ses premiers essais, affichait la personnalité parfaite et la force de la grande soeur du trio. Claire Romain est un visage émergent et déjà très populaire. Son jeu est très intéressant, à la fois dans l’envie, l’énergie et la fragilité”, analyse le producteur.
TF1 a également adhéré à cette distribution. “Le casting de la série s’inscrit tout à fait dans l’ADN de la fiction de TF1 avec, à la fois, des figures très identifiées, comme Camille Lou, Carole Bouquet, Guillaume de Tonquédec, Élodie Fontan ou Grégory Fitoussi, tout en faisant émerger aussi notre vivier de talents venus notamment de nos quotidiennes avec Claire Romain”, se réjouit Anne Didier. La fabrication de la série et le tournage ont été “particulièrement complexes puisque nous tournions dans Paris, dans des décors naturels incroyables avec, pour chacun, leur spécificité et leur lot d’imprévus”, résume Mehdi Sabbar.
Par ailleurs, si les Jeux olympiques de Paris se sont avérés être une merveilleuse bande annonce pour Cat’s Eyes, l’événement a aussi été source de complications pour la production. Face aux contraintes imposées par la préfecture de Paris, le tournage, qui devait commencer au printemps, a été avancé de trois mois. “Cela ne nous a pas simplifié la tâche”, reconnaît Benjamin Dupont-Jubien. Malgré ces défis, les producteurs et Alexandre Laurent tenaient à tourner dans ces décors naturels. “Alexandre estimait que cette approche apportait plus de justesse dans le jeu des comédiennes et de sensation de réalisme à l’image pour les spectateurs. Nous avons opté pour cette véracité qui va de pair avec le ton de la série, très ancré dans le réel. Nous avons exploité au maximum les lieux qui étaient mis à notre disposition. La tour Eiffel a été explorée de fond en comble, et ce, avec des contraintes très compliquées. Tous les monuments ont joué le jeu en nous ouvrant leurs portes, même s’il a fallu beaucoup expliquer et rassurer sur ce qu’on allait faire”, précise Benjamin Dupont-Jubien.
L’expérience des deux producteurs leur a permis d’être armés pour ce tournage XXL. “Chez Big Band Story, nous avons développé une véritable culture de pouvoir tourner partout dans le monde, sous toutes les formes. Nous avons produit par 45 °C en Inde avec 400 figurants ou par -30 °C en Laponie, sur des productions aussi différentes que la collection Coup de foudre pour TF1 ou Engrenages pour Canal+”, rappelle Mehdi Sabbar.
Alors que Cat’s Eyes s’apprête à être dévoilée, les deux producteurs se disent satisfaits. “La série que nous avons fabriquée est celle que nous aurions voulu voir en tant que téléspectateurs. C’est un mélange de fun, de feel good, d’émotions et de grand spectacle”, promet Benjamin Dupont-Jubien. “Le résultat correspond à ce que nous voulions faire il y a sept ans. Nous sommes très fiers du rendu. Nous avons réussi à réaliser tous les rêves que nous avions, ne serait-ce que courir sur des toits à Paris, dans Versailles et au Louvre, ou filmer depuis le sommet de la tour Eiffel. En tant que producteurs indépendants, c’est un rêve et un accomplissement d’arriver à produire une série de ce calibre”, conclut Mehdi Sabbar.
Pour en savoir plus sur les coulisses de Cat's Eyes, retrouvez dans le n° 4145 du Film français les entretiens de Rodolphe Buet, directeur général de Newen Connect, chargé des ventes à l'international, et d'Emmanuelle Youchnowski, créatrice des costumes de la série. |
Florian Krieg
© crédit photo : Caroline Dubois-Big Band Story-TF1
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