Séries Mania Forum : L'état du marché selon l'Observatoire européen de l'audiovisuel

Plusieurs tendances clés de l'industrie ont été abordées lors du traditionnel point annuel de l'Observatoire européen de l'audiovisuel au Séries Mania Forum.

Dans son bilan de l'année 2023 de l'industrie de l'audiovisuel en Europe, l'Observatoire s'est tout d'abord penché sur l'évolution des revenus des diffuseurs traditionnels. Ces derniers demeurent déterminants dans la production audiovisuelle puisqu'ils représentent encore 80% des 853 saisons commandées en 2023.

En Europe, l'Observatoire relève une stagnation voire un recul des recettes publicitaires linéaires pour les chaînes privées. Une tendance similaire est observée pour les médias publics en termes de ressources. "Cette diminution a également été notable en 2024 dans toute l'Europe pour les médias publics", souligne Manuel Alduy, directeur du cinéma et des fictions internationales et jeunes adultes de France Télévisions. Invité à commenter ces chiffres, le dirigeant estime que les perspectives de croissance ne sont guère réjouissantes. En Europe, plusieurs gouvernements tentent de déstabiliser le financement du service public. D'autres pays comme la France sont confrontés à des restrictions budgétaires. "Aujourd'hui, nous avons protégé le niveau d'investissement dans la création audiovisuelle et cinématographique", rappelle-t-il.

La production de séries pour la TV et la VàDA

En 2023, l'Observatoire a constaté une première baisse modeste du nombre de saisons et du volume horaire en Europe. Une tendance similaire mais plus forte est observée aux Etats-Unis. L'investissement croissant et important des streamers en Europe atténue légèrement cette baisse.

Pour Carolina Lorenzon, directrice des affaires internationales du groupe Italien MFE, cette évolution correspond à une normalisation, une consolidation et une rationalisation du marché.

Pour Manuel Alduy, cette situation reflète trois tendances sous-jacentes. L'inflation, alimentée notamment par l'arrivée des streamers, a eu un effet non-négligeable sur les budgets de production. Par ailleurs, depuis 2022, pour accroître leurs revenus complémentaires, de nombreuses majors ont décidé d'ouvrir à nouveau leurs catalogues auprès des diffuseurs traditionnels. Les opportunités d'acquisition se sont multipliées. Autre constat : les cas de séries "partagées" entre les streamers et les chaînes se multiplient notamment pour des raisons économiques. Dans une optique de premiumisation, l'alliance semble plus que jamais nécessaire. Le plan A d'une chaîne est dans un premier temps de trouver des partenaires traditionnels européens pour supporter les coûts. Avec un budget de 3 M€ par épisode, une série comme Kaboul n'aurait pu se faire sans une association entre diffuseurs européens. Le plan B est la collaboration avec les streamers encore en rodage. Une chaîne comme TF1 multiplie les innovations en termes de fenêtrage dans le cadre de ses collaborations avec les plateformes.

Les coproductions internationales

L'Observatoire relève une part toujours modeste pour les coproductions internationales dans la production européenne de fiction (10% des saisons produites en 2023). Cette part ne semble pas plus évoluer que cela. En revanche, les coproductions internationales "non-linguistiques" enregistrent depuis plusieurs années une croissance notable.

"Nous recevons de nombreuses propositions de coproductions non-linguistiques, souvent complexes à monter financièrement. Il vaut donc mieux travailler avec des professionnels avec qui on est à l'aise", indique Manuel Alduy rappelant le rôle de l'Alliance pour France Télévisions, ZDF et RAI. L'appel à projets de l'Alliance est d'ailleurs toujours aussi plébiscité. Chaque année, en l'espace de deux mois, plus de 100 projets sont soumis.

Production intégrée vs indépendante

Pour son dernier point, l'Observatoire s'est intéressé à la répartition entre production indépendante et interne. Cette dernière représente 29% du volume horaire de fictions produites en Europe en 2023. 17% de ces productions sont destinées à une diffusion sur la chaîne et 12% à une diffusion pour un tiers.

Les dix premiers groupes indépendants représentent 14% du volume horaire européen. A noter le turnover important sur le marché puisque 24% de cette production en 2023 provient de nouveaux entrants sur le marché.

Etude de l'Observatoire sur les tendances clés du marché