Lumière MFC 2016 – Le Rendez-vous des distributeurs en détails
Quinze structures de distribution et institutions ont participé à ce quatrième Rendez-vous des distributeurs de patrimoine du Marché du film classique, qui a investi exceptionnellement le Musée Gadagne de Lyon pour l’occasion.
Comme de coutume, c’est par un préambule institutionnel que s’est ouverte la 4e édition du Rendez-vous des distributeurs du MFC, délocalisé exceptionnellement dans le Ve arrondissement lyonnais. Incarné par Éric Le Roy, chef de service accès, valorisation et enrichissement des collections à la direction du patrimoine, et Tiphaine Pirlot, chargée de mission aides sélectives vidéo physique, le CNC a profité de cette exposition pour faire le point sur son plan de numérisation, mais aussi pour tirer le bilan de la première année du dispositif Numev, inauguré en 2015.
En quatre ans, le plan de numérisation aura ainsi versé pas moins de 43,38 M€ d’aides (remboursables) et de subventions (non remboursables), répartis sur 560 dossiers de subventions acceptés, 58 aides remboursables et 72 combinaisons d’aides et de subventions. Soit un rapport de 85% de subventions pour 15% d’aides.
Dispositif sélectif, Numev, pour sa part, aura soutenu 19 projets sur les 23 présentés – dont des titres très identifiés, comme Mon oncle d’Amérique, Et Dieu créa la femme, J’embrasse pas, Les roseaux sauvages, Viens chez moi j’habite chez une copine… et d’autres moins. 80% des films soutenus sont issus d’une période allant des années 1970 aux années 1990. Pour un montant total de 572 000 € versés depuis la première commission en janvier.
Prenant ensuite la parole pour Tamasa Distribution, dont il est dirigeant, Philippe Chevassu a eu l’honneur d’ouvrir le bal des présentations. Également président de l’ADFP, il en a profité pour souligner le succès de la 2e édition de Play It Again ce printemps, le festival ayant rallié 180 cinémas autour d’une sélection de 15 films. Le dirigeant en a profité pour annoncer une troisième édition en avril prochain, “pleine de surprises”.
Tamasa s’inscrit donc dans “une année franchement européenne”, montrant des images et bandes-annonces des classiques français Mauvais sang (sortie le 28 septembre) de Leos Carax, Masculin, féminin (7 juillet) et Mouchette (19 octobre) de Jean-Luc Godard. Cependant, évoquant aussi les sorties des Britanniques de The Constant Husband de Sidney Gilliat et Maggie d’Alexander Mackendrick, les Espagnols Bienvenue M. Marshall ! de Luis García Berlanga et Vivre vite de Carlos Saura, les Italiens L’agent (Il vigile) de Luigi Zampa et Il posto d’Ermanno Olmi. Non sans oublier, hors continent, L’empire des sens de Nagisa Oshima (12 juillet 2017).
S’exprimant pour Gaumont, Ariane Toscan du Plantier est revenue sur le grand dispositif de restauration de la société à la Marguerite, qui a abouti à plus de 450 titres restaurés et numérisés à fin 2016. La dirigeante est également revenue sur le début de carrière encourageant de Coup de tête de Jean-Jacques Annaud, lancé en juin : un peu plus de 3 000 entrées, avec la volonté de le porter jusqu’aux 10 000 entrées à terme. Enfin, une longue boucle d’images est venue illustrer les rééditions, en vidéo, d’Un carnet de bal de Julien Duvivier, Rendez-vous de juillet de Jacques Becker et Le dernier des six de Georges Lacombe, attendus pour décembre, mais aussi de La passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer et J’accuse d’Abel Gance (version sonore de 1938) début 2017. Des images de Deux hommes dans Manhattan de Jean-Pierre Melville, Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson, Madame de… de Max Ophüls, La traversée de Paris de Claude Autant-Lara, Antoine et Antoinette et Les amants de Montparnasse de Jacques Becker.
Prenant le relais, Malavida s’éloigne des cinématographies scandinaves et est-européennes, qui ont font sa renommée, pour “élargir son champ d’action au cinéma israélien”, en lançant, le 26 octobre, trois films d’Uri Zohar : Les voyeurs, Les yeux plus gros que le ventre et Trois jours et un enfant. La structure accompagnera également Éclairage intime d’Ivan Passer (16 novembre) et prévoit, pour 2017, une rétrospective de Derek Jarman (La tempête, Jubilée, Sebastiane et The Last of England). La structure proposera, le 7 décembre, un programme de courts muets inédits de Walt Disney, intitulé Alice Comedies, soit quatre films datant de 1924 à 1926 en copies restaurées, qui seront accompagnés d’une instrumentalisation produite pour l’occasion. Toujours rayon jeune public, conforté par les 25 000 entrées du premier opus, Malavida annonce la suite de Ferda la fourmi pour le 8 février 2017.
Surtout réputée pour son catalogue de westerns classiques, qui atteint les 200 titres selon son président Alain Carradore, Sidonis s’est arrêtée, image à l’appui, sur Un temps pour mourir d’Arturo Ripstein, sélectionné à Lumière, et qui fera l’objet d’une sortie en salle parallèle à sa sortie vidéo co-orchestrée avec Tamasa. En outre, la longue boucle d’images de l’éditeur et distributeur a annoncé deux nouveaux coffrets vidéo dédiés à Randolph Scott et Audie Murphy, des nouveautés western (Les deux cavaliers de John Ford, Géronimo de Walter Hill, La charge des tuniques bleues d’Anthony Mann, Nevada d’Edward Killy, entre autres) ; des films noirs (M de Joseph Losey, Du plomb pour l’inspecteur de Richard Quine, Le kimono pourpre de Samuel Fuller…) ; un cycle sur Jean-Paul Belmondo dans les années 1960 (Echappement libre, Peau de banane et Tendre voyou), ainsi que Barabbas de Richard Fleischer, Les drakkars de Jack Cardiff, Nimitz, retour vers l’enfer de Don Taylor et Overlord de Stuart Cooper.
LCJ Productions entend, d’après ses dirigeants, “poursuivre sa politique de rachat de catalogues” et “compte aujourd’hui plus de 300 films, sans compter les téléfilms, films d’animation et documentaires” à son portefeuille. La structure, qui célèbre ses vingt ans cette année, finalise la restauration et numérisation des deux premiers courts métrages de Claude Miller ainsi que de La classe de neige, pour une réédition prochaine. LCJ a dévoilé ensuite des images de La femme de ma vie de Régis Wargnier, La pirate de Jacques Doillon, Les assassins de l’ordre de Marcel Carné, La mandarine d’Édouard Molinaro, Le faux pas d’Antoine d’Ormesson, Le dernier baiser de Robert Bresson, Les milles de Sébastien Grall, American Translation de Pascal Arnold et Jean-Marc Barr, L’homme sur les quais de Raoul Peck, Ni avec toi ni sans toi d’Alain Maline et de Nogent, Eldorado du dimanche, premier court métrage de Marcel Carné (1929).
De retour pour dévoiler l’étendue à la fois décalée et pointue de son catalogue, riche en courts et longs métrages d’avant-garde et d’animation, l’Eye Film Museum d’Amsterdam, qui n’est pas une société de distribution mais une archive institutionnelle, a dévoilé des images de Filibus, de geheimzinnige luchtpirate, film muet de Mario Roncoroni, un programme de courts films promotionnels d’animation d’époque produit pour l’industriel Philips, intitulé Kermesse fantastique, ainsi qu’un long extrait du court métrage Dancin’ the Camera de Pieter-Rim de Kroon.
Ines Delvaux, responsable de la programmation de Carlotta Films, a présenté pour sa part “un line-up très diversifié”, marque d’un “catalogue important et qui vit bien, avec le soutien indispensable des exploitants”. La structure sortira Indochine de Régis Wargnier, présenté en clôture à Lumière, le 16 octobre, et enchaînera avec Manille de Lino Brocka le 16 novembre, La colline a des yeux de Wes Craven le 23 novembre, avant de revenir vers Ingmar Bergman en décembre avec Cris et chuchotements. La distributrice annonce la deuxième partie de sa rétrospective consacrée à Akira Kurosawa, portant sur la période 1944-1965, pour le mois de janvier, ainsi qu’un travail sur la dernière période de la filmographie de Luis Buñuel pour l’été prochain.
Pathé poursuit son travail de restauration d’une grande partie de son catalogue, et a souligné la sélection à Lumière de Marie-Octobre de Julien Duvivier, partie intégrante d’un cycle sur le cinéaste, ainsi que les bons débuts en salle de Showgirls de Paul Verhoeven, ressorti le 14 septembre. S’ensuivit une boucle d’images pêle-mêle dévoilant toute la diversité du catalogue de la société au Coq, dont La dolce vita, Tchao pantin !, Le cinéma de papa, Boudu sauvé des eaux, Un moment d’égarement, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, Jean de Florette, Manon des sources, Le jouet, Le septième juré et La reine Margot, entre autres.
Au tour de l’Afcae de s’avancer pour communiquer notamment sur son dispositif de production d’avant-programmes patrimoine, coproduits avec Caïmans Productions, qui compte quatre nouveaux titres en 2016. Deux d’entre eux, ceux consacrées à Mauvais sang de Leos Carax (Tamasa) et Valmont de Milos Forman (Pathé), ont été présentés aux accrédités.
Rodolphe Lerambert s’est présenté à la suite pour le compte de l’ADRC, qui annonce un fonds de plus de 500 titres disponibles, pour réaliser chaque année entre 90 000 entrées et 100 000 entrées par ses circulations. L’association, qui pointe à 1 200 adhérents aujourd’hui, s’est également investie dans deux dispositifs d’accompagnement en salle de films de patrimoine. Le premier en partenariat avec LaCinetek, pour la production de courtes présentations par des cinéastes impliqués dans la plateforme de titres figurant dans leurs sélections, comme Pascale Ferran présentant La belle et la bête, Arnaud Desplechin se penchant sur Le fleuve ou Cédric Klapisch sur Les Sept samouraïs.
L’association s’est également jointe à une initiative de l’Acpa (Association des cinémas de proximité d’Aquitaine) visant la production d’entretiens filmés de spécialistes autour de rééditions de films classiques. L’ADRC a par la suite projeté l’un de ces contenus, consacré à Rocco et ses frères de Luchino Visconti, commenté par Laurence Schifano, universitaire et auteure.
Marc Olry, s’exprimant pour sa société Lost Films, ne sortira pas un mais deux films en 2016. À commencer par le documentaire Close Encounters With Vilmos Zsigmond, présenté à Cannes Classics et sélectionné à Lumière cette année (sortie le 16 novembre). Peu avant, la structure lancera La mélodie du bonheur de Robert Wise – également sélectionné à Lumière –, pour son cinquantenaire (sortie le 19 octobre).
Nouveau venu au Rendez-vous, le Théâtre du Temple, représenté par Vincent Dupré, sort d’une année bouleversée par la disparition de son fondateur Jean-Marie Rodon en mars. Désormais gérée par Lobster Films, la structure ne prévoit qu’un seul film daté pour le moment, avant de définir précisément un agenda de sorties en 2017 : Freaks (photo) de Tod Browning, sélectionné à Lumière cette année (sortie le 23 novembre). Le distributeur a toutefois évoqué un cycle Fritz Lang avec House by the River et Les bourreaux meurent aussi, ainsi que la restauration du Bel Antonio de Mauro Bolognini, probablement finalisée pour le printemps. S’ensuivirent des images des précédentes sorties : Les innocents de Jack Clayton, Infidèlement vôtre de Preston Sturges, Les nerfs à vifs de J. Lee Thompson, Une aussi longue absence d’Henri Colpi et Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni.
Jean-Fabrice Janaudy s’est par la suite avancé pour Les Acacias. La société n’a pas encore finalisé son calendrier 2017 mais travaille déjà avec TF1 Studio sur la rétrospective Henri-Georges Clouzot, avec notamment la sortie de L'assassin habite au 21 en novembre l’an prochain. Le distributeur a présenté des images d’Une femme dans la tourmente de Mikio Naruse, Scandale à Paris de Douglas Sirk, Panique de Julien Duvivier, Ran d’Akira Kurosawa, Dieu seul le sait de John Huston, Il boom de Vittorio De Sica, notamment.
François Cosse, venu personnifier Ciné Sorbonne, a annoncé les sorties, pour 2017, d’Un Américain à Paris de Vincente Minnelli, Le milliardaire de George Cukor et Les complexés, film à sketches de Franco Rossi et Dino Risi. Le distributeur a ensuite présenté les bandes-annonces des sorties 2016 : Fargo des frères Coen, La ligne rouge de Terrence Malick et Macadam à deux voies de Monte Hellman.
Enfin, clôturant ce 4e Rendez-vous des distributeurs du MFC, Splendor a évoqué le collectif Nouvelles Bobines, qui a lancé ses rencontres mensuelles cet automne, avant de proposer des images de ses sorties futures : Missing (Porté disparu) de Costa-Gavras (26 octobre), Police fédérale Los Angeles de William Friedkin (4 octobre) ; et passées : Close-Up du regretté Abbas Kiarostami, Do the Right Thing de Spike Lee, Un mariage de Robert Altman et Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone.
Sylvain Devarieux
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