Plan de relance : la FNCF et l'Afcae saluent les annonces de la ministre
Le plan de relance pour la filière cinématographique, dévoilé hier par Roselyne Bachelot, et qui prévoit notamment un large soutien à l’exploitation, a été accueilli favorablement par la FNCF et l’Afcae, qui soulignent par ailleurs qu’il doit s’accompagner d’une régulation en ce qui concerne entre autres les plateformes et la lutte contre le piratage.
La FNCF s’est "félicitée" de ces "mesures de très grande ampleur [qui] vont permettre que toutes les salles de cinéma puissent continuer à accueillir le public pour présenter les films dans toute leur diversité et sur tous les territoires", et prennent en compte "la situation extrêmement critique des salles de cinéma, et plus globalement du secteur tout entier."
A cette occasion, "la ministre de la Culture a souligné à de nombreuses reprises son attachement au maintien d’un parc de salles diversifié, et l’impérieuse nécessité du relèvement des salles de cinéma et de leur fréquentation, condition sine qua non pour le redressement de la filière toute entière", souligne-t-elle.
Avec les "annonces d’attributions exceptionnelles via le fonds de soutien du CNC", et "l’accès à un mécanisme de compensation des pertes d’exploitation, les salles de cinéma espèrent désormais pouvoir surmonter les épreuves qu’elles connaissent jusqu’au retour à une situation économiquement viable, notamment par une offre de films large et diversifiée."
La fédération note ainsi que "malgré la présence de nombreux films français qui rencontrent heureusement leur public", la fréquentation reste impactée par "l’absence sur les écrans des films américains et très grand public."
Elle remercie "d’ores et déjà le CNC et ses équipes de son action déterminée pour la mise en œuvre rapide de ces mesures. Au-delà, les salles de cinémas savent pouvoir compter sur l’appui des pouvoirs publics, tant les conséquences nombreuses de cette crise impacteront profondément notre secteur dans les prochaines années."
Dans "la perspective des textes législatifs en cours d’examen au Parlement", elle en appelle par ailleurs aux pouvoirs publics, "pour que la filière bénéficie de nouveaux financements structurant de la part des plateformes qui ne doivent pas être les bénéficiaires sans contrepartie de cette crise mondiale." Elle ajoute qu’elle sera "bien sûr déterminée à dialoguer avec ses partenaires de la profession pour permettre une cohabitation équitable au sein de la chronologie des médias entre les plateformes et les chaînes de télévision. De plus, le renforcement de la lutte contre le piratage doit aussi être une ardente priorité des pouvoirs publics et du Parlement pour protéger les œuvres et notre secteur tout entier."
La FNCF estime que "cette crise a permis à tous de prendre conscience de la fragilité de notre écosystème structurellement lié à l’activité des salles de cinéma et de la nécessité de le moderniser à terme par la revue générale des aides du CNC sur des sujets aussi divers que les engagements de programmation, les dispositifs sélectifs ou le soutien financier de l’Etat à l’industrie cinématographique."
Elle en appelle "à nouveau au gouvernement pour que, dès que possible, en fonction de l’évolution de l’épidémie, les mesures sanitaires applicables aux salles, qui sont les plus restrictives de celles applicables aux établissements recevant du public, puissent évoluer favorablement, notamment en zone rouge."
A cette occasion, les salles de cinémas remercient également, trois mois après leur réouverture, "les auteurs, les producteurs, les distributeurs et éditeurs de films qui ont proposé des films au public, ainsi que les spectateurs qui se sont mobilisés pour venir au cinéma. Elle en appelle à nouveau à toute la filière pour relancer, avec le soutien du CNC, le cercle vertueux de notre écosystème au cœur de l’exception culturelle française."
Même son de cloche du côté de l’Association Française des Cinémas Art et Essai (Afcae), qui se félicite également de ces mesures. Evoquant la "compensation des pertes d’exploitation, [le] versement aux salles d’une année de fonds de soutien, [la] revalorisation des aides Art et Essai, [l']effacement de la dette de 500 cinémas pour le financement des équipements numériques", elle met en avant que "par son ampleur financière et par l’éventail des mesures annoncées, particulièrement favorables aux salles de cinéma, ce plan est une réponse forte et concrète, qui contribuera à la préservation de l’ensemble de la filière, et dont la mise en œuvre rapide permettra aux cinémas de résister dans une période de crise mondiale sans précédent."
L’association rappelle que "plus de 2000 cinémas accueillent, chaque semaine, environ un million de spectateurs depuis le 22 juin dernier, un chiffre en forte baisse par rapport aux années antérieures. Mais la France est aujourd’hui l’un des rares pays au monde où toutes les salles de cinéma sont ouvertes et proposent une programmation diversifiée et de qualité, malgré le nombre limité de films américains et grand public." A ce titre, et "dans un contexte où l’exploitation cinématographique mondiale est dévastée, le plan d’urgence et de relance représente un exemple pour les autres pays, en particulier en Europe."
"Il doit également constituer, pour toutes les collectivités, régions, départements, communautés de communes et communes, un signal de mobilisation pour un soutien pérenne à un réseau de cinémas unique au monde. Un réseau culturel indispensable qui est le plus fréquenté et le seul à être ouvert tous les jours, pour toutes et tous, sur l’ensemble du territoire. La négociation en cours des conventions État-CNC-Régions est l’une des opportunités à saisir pour asseoir une politique ambitieuse d’aménagement culturel en faveur des cinémas", ajoute-t-elle.
Selon l’Afcae, la priorité doit également être donnée "à la mise en place d’un dispositif financier spécifique complémentaire en direction des régies municipales en grande difficulté (concernées par le plan de relance mais exclues des mesures de compensation financière), ainsi qu’à un déplafonnement de la loi Sueur pour permettre aux collectivités de maintenir ou renforcer leur soutien aux cinémas privés et associatifs."
Elle estime que le plan d’urgence et de relance "permettra aux cinémas de résister mais un travail de réflexion et de reconstruction doit être engagé dès maintenant entre professionnels et pouvoirs publics, en particulier pour l’éducation au cinéma et le renouvellement des publics, un domaine annoncé comme prioritaire par le Premier ministre. Sur ce sujet, outre le renforcement des dispositifs scolaires existants, l’Afcae prépare une expérimentation d’Etudiants aux cinémas et propose la création de postes de médiateurs dans les lycées via l'enveloppe allouée au Pass Culture."
Face au "cataclysme de la pandémie" et "au développement des plateformes" auxquels sont confrontés les cinémas, ces derniers "et en particulier les salles Art et Essai", "se mobilisent en développant un travail d’animation et d’événements qui rencontre, plus que jamais, un véritable écho auprès du public. Le travail sur la valeur ajoutée sociale, éducative et culturelle des cinémas n’a jamais été aussi nécessaire. Il ne pourra se faire que dans un cadre régulé (contribution des GAFA à la filière, chronologie des médias, lutte contre le piratage), qui doit aussi permettre à tous les cinémas d’avoir accès aux films de manière équitable, à Paris jusqu’aux plus petites villes", constate-t-elle.
L’Afcae propose "que toutes les communes équipées d’un cinéma aient la possibilité de proposer un film dans un délai maximum de deux semaines après leur sortie, afin de favoriser l’égalité sur tous les territoires dans l’accès à la culture."
Enfin l’association remercie "le gouvernement, le ministère de la Culture et le CNC pour son écoute et pour les mesures exceptionnelles annoncées. Elle est déterminée à engager, avec les pouvoirs publics et les collectivités, un travail de reconstruction pour prolonger ce plan de relance, aux côtés de la FNCF, de l’ADRC et des organisations professionnelles."
Océane Le Moal
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