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30       LES FILMS DU JOUR






                Séance de minuit                                       Séance spéciale
                THE SPY GONE NORTH  ANOTHER DAY OF LIFE



                                                                       ÉTAT DE SIÈGE
                                                                       D’un  budget  de  6,1  M€,  Another Day of Life est composé de 75%
                                                                         d’animation et pour le reste d’images en prises de vues réelles. Il  s’inspire
                                                                       de l’expérience traumatisante vécue par le correspondant polonais
                                                                       Ryszard Kapuściński au cours de trois mois de la guerre civile qui a
                                                                       déchiré l’Angola et qu’il a relatée dans son livre D’une guerre l’autre
                                                                       (Éditions Flammarion, 1988) où il relate le siège de Luanda à la fin de
                                                                       l’été 1975, en soulignant l’absurdité de la situation. Entrepris en août
                                                                       2014, ce projet ambitieux a valu à ses six artisans le prix du producteur de
                                                                       l’année qui leur a été décerné en mars dans le cadre de Cartoon Movie. Il
                                                                       associe le réalisateur polonais Damian Nenow, lauréat d’une distinction
                                                                       spéciale à Annecy en 2011 pour son court métrage Paths of Hate, et le
                                                                       documentariste espagnol Raúl de la Fuente, couronné, quant à lui, d’un
                                                                       Goya en 2014 pour son court métrage Minerita.     J.-P. G.


                                                                   © CHO WON-JIN



                L’ESPION QUI VENAIT DU SUD
                Tourné début 2017, donc dans un contexte politique à très haute  tension
                qui contraste avec l’atmosphère de décrispation actuelle, The Spy Gone
                North est le cinquième long métrage du réalisateur coréen Yoon Jong-bin
                qui a signé successivement The Unforgiven (2005), Beastie Boys (2008),
                Nameless Gangster (2012) et Kundo (2014). Cet adepte du cinéma de
                genre raconte dans son nouveau film la mission dans les années 1990  © PLATIGE FILMS-KANAKI FILMS-WALKING THE DOG-WÜSTE FILM-ANIMATIONSFABRIK-PUPPERWORKS
                en Corée du Nord d’un espion envoyé du Sud afin de collecter des
                  informations sur le programme nucléaire de son menaçant voisin. Le
                film a pour interprète principal le très populaire Hwang Jung-min, vu
                notamment à Cannes dans des films comme A Bittersweet Life (2005) de
                Kim Jee-woon et The Strangers (2016) de Na Hong-jin, mais aussi dans
                Battleship Island (2017) de Ryoo Seung-wan. À ses côtés : Lee Sung-min,
                acteur chez Park Chan-wook et Lee Chang-dong et couronné du prix de la
                Fipresci en tant que réalisateur pour Crying Fist, présenté à la Quinzaine
                des réalisateurs en 2005.                    J.-P. G.







                Un certain regard
                MON TISSU PRÉFÉRÉ


                DÉCHIREMENTS
                Selon la comédienne syrienne Gaya Jiji, Mon tissu préféré, son
                  premier  long  métrage,  situé  à  Damas,  au  printemps  2011,  au
                moment où éclate la guerre civile, est “un film à petit budget, ce
                qui a  forcément créé des contraintes importantes au moment du
                  tournage. Mais nous avons réussi à dépasser ces difficultés en
                  trouvant des solutions artistiques face à ces défis économiques. Il
                a pu exister grâce à la coproduction internationale entre la France,
                l’Allemagne et la  Turquie. Il fallait rassembler des acteurs des
                quatre coins du monde, ce qui n’était pas toujours évident durant
                la phase de  préparation. Une autre difficulté était aussi de tourner
                dans un pays qui n’est pas le mien. Il fallait trouver des décors
                qui  correspondent, recréer ma ville dans une autre ville. Enfin, j’ai
                appris de cette expérience l’importance de traduire le scénario en
                un  langage cinématographique. Ce qui est solide dans un scénario
                ne tient pas forcément à l’image. D’où l’intérêt de bien préparer et
                d’anticiper le montage du film pendant le tournage. Le plus amusant,
                c’est de créer une vie, des personnages qui se concrétisent après
                au travers des acteurs : comme l’a dit Pedro Almodóvar, ‘réalisateur,
                c’est le métier qui se rapproche le plus de celui de Dieu’. Après, on
                passe au travail concret avec toute une équipe qui nous aide vraiment
                à donner de la chair à nos idées et à créer ce monde à l’écran. En tant
                que réalisatrice issue d’un pays où il n’y a pas vraiment d’industrie
                du cinéma, je suis très contente de porter le nom de la Syrie pour la
                troisième fois dans l’histoire du Festival de Cannes. Je travaille par
                ailleurs à l’écriture de mon prochain long métrage : un projet assez
                différent autour du thème de l’exil et la reconstruction de la mémoire                                                      © GLORIA FILMS
                à travers l’expérience de l’exil”.        J.-P. G.
                11 mai 2018
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