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28 LES FILMS DU JOUR
Compétition
LES ÉTERNELS Sommaire
L’AMOUR À MORT La sélection officielle
Chroniqueur inlassable des mutations de la Compétition
Chine du troisième millénaire, Jia Zhangke > Les éternels de Jia Zhangke
prend cette fois pour prétexte l’histoire > Le livre d’image de Jean-Luc Godard
d’amour compliquée d’un caïd de la pègre
avec une femme qui se sacrifie pour lui Séance spéciale
avant de surfer sur l’expansion économique > Another Day of Life
en montant un empire du jeu. Croisement de de Damian Nenow
et Raúl de la Fuente
deux destins opposés pour un couple amou-
reux qui se déroule entre 2001 et 2017 dans Séance de minuit
un pays en pleine mutation économique et > The Spy Gone North de Yoon Jong-bin
morale. Les éternels est éclairé par le chef Un certain regard
opérateur français Éric Gautier, César
1999 pour la photo de Ceux qui m’aiment > L’ange de Luis Ortega
prendront le train de Patrice Chéreau et > Mon tissu préféré de Gaya Jiji
lauréat du prix de la CST en 2004 pour ses
contributions à Clean d’Olivier Assayas et La quinzaine des réalisateurs
Carnets de voyage de Walter Salles. Il a pour
interprètes principaux Zhao Tao, épouse et © SHANGHAI FILM GROUP-XSTREAM PICT.-MK PROD.-BEIJING RUNKIN INVESTMENT-WISHART MEDIA-ENCHANTS PICT., AD VITAM > Joueurs de Marie Monge
muse du réalisateur, David di Donatello > Los silencios de Beatriz Seigner
de la meilleure actrice en 2012 pour La
petite Venise, et Liao Fan, Ours d’argent La semaine de la critique
du meilleur acteur en 2014 pour Black > Diamantino de Gabriel Abrantes
Coal. Révélé en 1997 par Xiao Wu, artisan et Daniel Schmidt
pickpocket, Jia Zhangke a obtenu le Lion > Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin
d’or à Venise pour Still Life en 2006, puis
le prix du meilleur scénario pour A Touch
of Sin en 2013 à Cannes où il a présidé le
jury de la Cinéfondation en 2007 et a reçu
le Carrosse d’or en 2015. J.-P. Guerand
Un certain regard Compétition
L’ANGE LE LIVRE D’IMAGE
COMME LES CINQ DOIGTS DE LA MAIN
Prix du jury pour Adieu au langage (2014), le dernier survivant de la
Nouvelle Vague revient à Cannes avec un objet filmique initié grâce
au collectif Casa Azul Films de Fabrice Aragno (son chef opérateur
depuis Film socialisme) et à la réalisatrice iranienne Mitra Farahani (Fifi
hurle de joie). En septembre 2017, Godard déclarait du Livre d’image
(intitulé Tentative de bleu puis Image et parole) : “Je fais une très longue
intro duction. Un peu comme si avant de voir la main, on voit sépa-
rément les cinq doigts et seulement après on voit la main. Alors je
fais cinq éléments : la guerre, les voyages, la loi d’après Montesquieu,
l’esprit des lois… Et puis un, le dernier, qui s’appelle La région cen-
trale, en souvenir d’un film underground américain, et puis la main.
Alors la main, c’est une petite histoire d’après un livre qui me semblait
intéressant, que j’appelle L’arabie heureuse.” J.-P. G.
© MARCOS LUDEVID
SANG POUR SANG
Le cinéaste argentin Luis Ortega signe aujourd’hui son septième film depuis La caja negra (2002),
primé aux festivals de Fribourg et de Mar del Plata. Il a réalisé par la suite Monobloc (2005),
primé à San Sebastián, Los santos sucios (2009), Verano maldito (2011), Dromómanos (2012), Lulu
(2014), ainsi que trois séries TV. L’ange a été initié par la société argentine K & S, la maison de
production El Deseo des frères Almodóvar et le vendeur international Film Factory, déjà associés
aux Nouveaux sauvages (2014) de Damián Szifron et à El clan (2015) de Pablo Trapero, qui ont
rejoint Underground, la société fondée par le frère de Luis Ortega. Ce thriller réunit Cecilia Roth,
lauréate de l’European Film Award de la meilleure actrice et d’un Goya pour Tout sur ma mère (1999)
de Pedro Almodóvar, Malena Villa, remarquée dans Mariposa (2015) de Marco Berger, et Chino
Darin, le fils de Ricardo Darín, à propos duquel Luis Ortega explique : “La principale difficulté était
de trouver un acteur assez jeune pour pouvoir jouer en adoptant diverses apparences physiques,
dans la mesure où cette histoire s’inspire d’une affaire criminelle très célèbre en Argentine mettant
en cause un adolescent. Comme cet acteur n’existait pas, nous avons dû l’inventer de toutes © CASA AZUL FILMS, WILD BUNCH
pièces. J’ai d’abord auditionné ce gamin qui avait des éclats de folie dans les yeux, puis nous
avons travaillé vraiment dur avec lui, tous les jours pendant six mois, jusqu’à ce qu’il entre tout à
fait dans la peau de son personnage.” J.-P. G.
11 mai 2018