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26 LES FILMS DU JOUR
Compétition
AYKA
LORSQUE L’ENFANT PARAÎT…
Le réalisateur kazakh Sergei Dvortsevoy a débuté comme ingénieur radio
pour la compagnie aérienne Aeroflot avant de s’orienter vers le cinéma…
par désœuvrement. “Je ne connaissais rien ni aux films ni aux réalisateurs,
mais c’était ma chance, a-t-il avoué. Je n’étais pas formaté et j’ai compris
rapidement ce que je voulais faire.” Résultat, plusieurs courts et moyens
métrages documentaires, dont Schastye (1995), primé à Cinéma du réel,
Khlebnyy den (1998), Highway (1999), grand prix à Marseille, et V temnote
(2004). Ayka a pour interprète principale Samal Yeslyamova, qui jouait
déjà dans le premier film de fiction du réalisateur, Tulpan (2008), couronné
des prix de la jeunesse, de l’Éducation nationale et du jury Un certain
regard à Cannes. Elle y incarne une jeune Kirghize en situation irrégulière
qui survit dans la précarité à Moscou. Jusqu’au moment où la nature va © NBC FILMS
reprendre les commandes de son destin en la personne d’un bébé. Cette
coproduction entre la Russie, l’Allemagne, la Pologne, le kazakhstanet la
Chine, éclairée par la directrice photo Jolanta Dylewska, couronnée par Compétition
Camerimage pour sa contribution au film d’Agnieszka Holland Sous la
ville (2011), sera distribuée en France par ARP Sélection. J.-P. G. LE POIRIER
SAUVAGE
L’HÉRITAGE DE LA CHAIR
Palme d’or 2014 pour Winter Sleep, Nuri Bilge Ceylan revient
pour la sixième fois en compétition à Cannes, où son court
métrage Koza figurait en sélection dès 1995. Couronné par la
Fipresci en 2006 pour Les climats, le cinéaste turc y a obtenu
le grand prix du jury en 2003 pour Uzac, le prix France Culture
du meilleur cinéaste étranger en 2004, le Carrosse d’or de la
Quinzaine des réalisateurs en 2012, le prix de la mise en scène
en 2008 pour Les trois singes, puis un deuxième grand prix du
jury en 2011 pour Il était une fois en Anatolie. Le poirier sauvage
est une coproduction, réunissant la Turquie et la France, qui
© PALLAS FILM, ARP SÉLECTION évoque le dilemme d’un aspirant écrivain dont l’avenir se trouve
hypothéqué par le poids des dettes de son père. Les rôles prin-
cipaux sont tenus par Hazar Ergüçlü, meilleur espoir féminin
du Festival d’Adana pour Snow d’Emre Erdogdu, et Ahmet Rifat
J.-P. G.
Sungar, déjà aperçu dans Les trois singes.
Hors compétition - Clôture
L’HOMME QUI TUA
DON QUICHOTTE
LA TRAVERSÉE
DE LA MANCHA À LA RAME
La genèse de L’homme qui tua Don Quichotte est un véritable film
dont le chapitre initial a d’ailleurs été immortalisé par Keith Fulton
et Louis Pepe dans leur documentaire Lost in La Mancha (2002). Il
a donc fallu 18 ans au réalisateur Terry Gilliam, 77 ans, pour aller
e
au bout de son rêve le plus fou et pouvoir montrer son 14 long
métrage en clôture du Festival de Cannes, où il a déjà présenté
par le passé Monty Python, le sens de la vie (1983), qui a valu le
grand prix du jury à son coréalisateur Terry Jones, Las Vegas
parano (1998) et L’imaginarium du docteur Parnassus (2009). Le
scénario de son nouveau film, écrit par son complice Tony Grisoni,
intègre aujourd’hui une réflexion sur le sort de l’artiste confronté
au pouvoir de l’argent, à travers une vertigineuse mise en abyme
dont le cœur reste le fameux combat de Don Quichotte contre
les moulins à vent, avec toute la symbolique que cela suppose
de la part d’un metteur en scène réputé pour sa folie visionnaire
et son amour du baroque. Les spectateurs de la soirée de clôture
découvriront donc un film miraculé sur lequel s’est acharné le
producteur Paulo Branco, au point d’assigner successivement en
justice les producteurs, le distributeur, le Festival de Cannes et le
CNC dans une opération de victimisation massive qui résonne © DIEGO LOPEZ CALVIN
comme un chant du cygne. Océan Films sortira simultanément
le film samedi 19 mai… Si tout va bien. J.-P. G.
17 et 18 mai 2018