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22 LES FILMS DU JOUR
Un certain regard
NINA WU
EN ATTENDANT LA GLOIRE
Bien que peu de ses films aient été distribués en
France, l’œuvre de Midi Z (de son vrai nom Chao
Te-yin) est déjà largement reconnue à l’interna-
tional. Né en Birmanie en 1982 dans une famille
d’origine chinoise, il a effectué ses études à Taïwan
avant de se faire remarquer avec ses deux pre-
miers films, Return to Burma (2011) et Poor Folk
(2012), présenté au Festival des Trois Continents
de Nantes. Il signe ensuite Bing du (2014), récom-
pensé dans diverses manifestations. Midi Z obtient
le soutien du fonds d’aide à l’écriture du Festival
d’Amiens pour Adieu Mandalay (2016), qui lui vaut
de nombreux prix, dont celui de la critique interna-
tionale à Venise. Au lendemain du documentaire
14 pommes (2018), Nina Wu s’attache à la destinée
d’une comédienne campée par la muse taïwanaise
© EPICENTRE FILMS du cinéaste, Wu Ke-xi, qui a d’ailleurs collaboré
pour la première fois à l’écriture du scénario avec
son mentor.
J.-P. G.
Hors compétition Quinzaine des réalisateurs
LA BELLE ÉPOQUE TO LIVE TO SING
LE TEMPS RETROUVÉ
Humoriste à la verve virevoltante, Nicolas Bedos exerce de
multiples activités artistiques, dont la réalisation constitue
l’aboutissement ultime, comme l’a prouvé Mr & Mme
Adelman, nommé aux César en 2018 comme meilleur
premier film et comme meilleure actrice pour sa partenaire
Doria Tillier. Celle-ci est une nouvelle fois en tête d’affiche
de La belle époque, aux côtés de Daniel Auteuil, Guillaume
Canet, Fanny Ardant, Pierre Arditi et Denis Podalydès (de
la Comédie-Française). Absent comme interprète, le fils
de Guy Bedos y orchestre le revival sentimental d’un sexa-
génaire désabusé pendant la semaine la plus marquante
de son passé. Pour ce tableau de mœurs ambitieux qui © SHENZHEN MING CULTURE COMMUNICATION LTD-IMAGE X PRODUCTIONS-SHANGHAITONGYUE INDUSTRIAL CO. LTD
navigue à vue entre comédie, drame psychologique et
fantastique, le réalisateur est resté fidèle au chef opéra-
teur québécois Nicolas Bolduc, couronné de deux Jutra
pour Rebelle de Kim Nguyen en 2013 et Hochelaga, terre
des âmes de François Girard en 2018. J.-P. G.
LES FANTÔMES DE L’OPÉRA
Ce deuxième long métrage de Johnny Ma est né d’un documentaire sur une petite troupe
d’opéra, dont le réalisateur devait tirer un scénario destiné à mettre en valeur une célèbre
actrice de télévision chinoise. “Lorsque j’ai rencontré Zhao Li et sa troupe, j’ai tout de suite
su que le film serait beaucoup plus intéressant s’il était fait avec ces comédiens jouant leur
propre rôle.” Constatant que le projet initial n’aboutit pas, il décide de développer le sien
avec les membres de cette troupe. Mais le financer sera très difficile. “À mon avis, faire
un film en Chine est dix fois plus dur que partout ailleurs… Et ce n’est pas seulement la
censure, il y a un climat et un environnement général dans le marché actuel chinois qui
rend toujours plus difficile la survie d’un cinéaste indépendant. Les investisseurs et les
producteurs ne cessent de vous dire que les titres art et essai signifient ‘pas d’argent’.
La censure n’ajoute qu’une autre couche de complexité.” Frappée par la détermination
du réalisateur, la productrice du projet original décide de le soutenir. “Nous sommes
allés au Cinemart de Rotterdam, où nous avons rencontré notre partenaire français de
coproduction, House on Fire. Il nous fallait alors prendre une grande décision. Attendre
d’avoir plus d’argent en prenant le risque que la troupe disparaisse et que la productrice
se désintéresse du projet, ou battre le fer pendant qu’il était chaud. C’était la première fois
que je demandais une telle somme d’argent à mes proches.” Le tournage a eu lieu dans
le théâtre initialement occupé par la troupe, qu’il faudra remettre en état car totalement
© PATHÉ abandonné. “Nous y avons fait jouer les acteurs pendant un mois entier. Ils ont donné
Patrice Carré
des spectacles gratuits pour redonner vie au lieu.”
20 mai 2019