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34 LES FILMS DU JOUR

Sommaire Sélection officielle - En compétition

La sélection officielle FRÈRE ET SŒUR
HAINE LA MAUDITE
En compétition Orfèvre du romanesque, Arnaud Desplechin revient en sélec-

> Frère et sœur d’Arnaud Desplechin tion officielle un an après avoir présenté Tromperie à Cannes
> L’enfant du paradis de Tarik Saleh
Première. Il a écrit le scénario de Frère et sœur avec Julie Peyr,
Un certain regard
sa collaboratrice depuis Jimmy P. (psychothérapie d’un Indien des
> Plan 75 de Chie Hayakawa
> Corsage de Marie Kreutzer plaines) (2013), avant même de s’atteler à son opus précédent. Il
> The Stranger de Thomas M. Wright
y retrouve Marion Cotillard après Comment je me suis disputé…
Cannes Première
(ma vie sexuelle) (1996) et Les fantômes d’Ismaël (2017), ainsi
> La nuit du 12 de Dominik Moll
que Melvil Poupaud qui campait déjà un fils d’Abel dans Un
Séances spéciales
conte de Noël (2008). Le film s’attache à la haine irrationnelle que
> Mon pays imaginaire
de Patricio Guzmán voue une comédienne à son frère aîné, sans que leurs parents

> Le petit Nicolas - qu’est-ce qu’on s’en émeuvent outre mesure. Un sentiment avec lequel ils vont
attend pour être heureux ?
d’Amandine Fredon devoir traverser l’épreuve la plus douloureuse qui soit: la dis-
et Benjamin Massoubre
parition simultanée de ceux-ci. Arnaud Desplechin ne se sent
Hors compétition
jamais aussi à son aise que sur la corde raide des sentiments. Il
> Trois mille ans à t’attendre
de George Miller convoque ici comme dans ses meilleurs films un lyrisme et une

La Semaine de la critique puissance qui évoquent les plus hauts sommets de la littérature
> Dalva d’Emmanuelle Nicot
> Goutte d’or de Clément Cogitore russe, avec ces personnages secondaires chargés de jouer les

La Quinzaine des réalisateurs bons offices, les porte-paroles et les émissaires pour éviter la
> El agua d’Elena López Riera
> Enys Men de Mark Jenkins confrontation directe des deux principaux protagonistes murés
> Un beau matin de Mia Hansen-Løve
dans leur mutuelle incompréhension. “Ma préoccupation avec

cette histoire, pour moi qui suis né catholique, était de trouver

une issue à la haine qui ne soit pas chrétienne. Comment obtenir,

en termes de cinéma, quelque chose qui ne soit pas mièvre.”

C’est cette question épineuse à laquelle tente de répondre cette

tragédie chorale où la comédienne franco-iranienne Golshifteh

Farahani côtoie Patrick Timsit, et Benjamin Siksou dans des

contre-emplois radicaux mais déterminants. Fidèle à Why Not
© ATMO
© LE PACTEProductions, Le Pacte distribue Frère et sœur le jour même de sa

© LOADED FILMS-URBAN FACTORYprésentation à Cannes. ❖Jean-Philippe Guerand

Sélection officielle - En compétition Sélection officielle - Un certain regard

L’ENFANT DU PARADIS PLAN 75

IL ÉTAIT UNE FOI…
Révélé en France par le succès de Le Caire confidentiel, primé dans plusieurs festivals dont

Sundance et Beaune, Tarik Saleh est un réalisateur de nationalité suédoise mais d’origine égyp-

tienne. Célèbre comme graffeur sous le pseudo de Circle and Tarik, il s’impose comme éditeur de

presse et directeur artistique avant de produire avec Erik Gandini les documentaires polémiques

Sacrificio: Who betrayed Che Guevara? (2001) et Gitmo (2005), et de passer à la réalisation avec le

film d’animation Metropia (2009), présenté en ouverture de la Semaine de la critique de la Mostra

de Venise, puis Tommy (2014). Boy from Heaven est une production suédoise qui se déroule

parmi la communauté sunnite d’Égypte où doit être désigné le grand imam. Il a pour interprètes

principaux l’Israélo-palestinien Tawfeek Barhom, vu notamment dans le rôle-titre du Chanteur de

Gaza (2015) de Hany Abu-Assad, et le comédien d’origine libanaise Fares Fares, l’un des acteurs

fétiches du cinéaste sous la direction duquel il vient de tourner The Contractor pour Netflix. De son

statut, le réalisateur déclare: “Je me considère comme un marginal du fait de ma double identité

géographique. La génération de cinéastes suédois à laquelle j’appartiens est majoritairement

influencée par cet artiste incroyable qu’est Roy Andersson, mais mon approche est quelque peu

différente. Je me sens plus inspiré par une façon de raconter qui existe en Orient, avec ses histoires

dans des histoires et la confusion qu’elle entretient entre la réalité et la fiction. Mes confrères

réalisateurs égyptiens perpétuent, quant à eux, une tradition qui s’appuie en majeure partie sur

le mélodrame. Mais la réalité revient immanquablement détruire les histoires que je raconte. Je

suis un intégriste du cinéma et Cannes est pour moi La Mecque du 7e art. Je m’y trouve donc

aussi près du paradis sur Terre qu’on peut l’être.” ❖ J.-P. G. CONSTAT CLINIQUE

Dans un Japon où le vieillissement alarmant de la société conduit une part

grandissante de ses aînés à la précarité, les autorités promulguent une nouvelle

loi qui encadre financièrement et logistiquement l’euthanasie des citoyens

de plus de 75 ans. Un choix cornélien qui provoque des remous parmi la

population, qu’il s’agisse des volontaires ou du personnel médical. Cette étude

psychologique s’appuie sur un état de fait sociologique avéré pour en tirer une

réflexion plus vaste sur le prix de la longévité dans un monde atteint de jeu-

nisme, dont les aînés semblent condamnés à des retraites qui fondent comme

peau de chagrin. Plan 75 est une coproduction japono-française entre Loaded

Films et Urban Factory, mise en scène par Chie Hayakawa en développant le

sujet du court métrage homonyme qu’elle avait tourné dans le cadre du film

à sketches Anticipation Japon (2018) dont les cinq réalisateurs avaient pour

cahier des charges d’imaginer le pays à dix ans de distance. Cette réalisatrice

de 45 ans sélectionnée par la Cinéfondation au Festival de Cannes 2014 avec

son court métrage Niagara en a également signé un autre avec Fuyu no Mei

(2016), ainsi que des spots de pub et des clips musicaux. ❖ J.-P. G.

20 mai 2022
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