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20 LES FILMS DU JOUR
Semaine de la critique ENFANCES MARQUÉES
LA JAURÍA En 2016, Andrés Ramírez Pulido réalise le court métrage El Edén, présenté à
la Berlinale avant de recevoir des prix à Busan, au Caire et à Viña del Mar.
© PYRAMIDE DISTRIBUTION Son autre court, Damiana, l’histoire d’une jeune fille qui attend un geste
d’amour de son père, est sélectionné l’année suivante en compétition offi-
cielle à Cannes. L’idée de départ de La jauría lui est venue durant le casting
d’El Edén. “J’ai rencontré environ 300 adolescents aux réalités uniques et
surprenantes. Mon attention s’est principalement portée sur un groupe de
mineurs détenus dans la zone rurale d’Ibagué. Ces adolescents purgent des
peines pour différents crimes, d’autres suivent un traitement de réhabilitation
pour avoir consommé des substances psychoactives. J’ai découvert que
nombre de leurs craintes, de leurs luttes et de leurs rêves étaient similaires
aux miens : une enfance marquée par l’abandon, l’hostilité et la désolation.
Une chose m’a encore plus frappé : le profond ressentiment que la plupart
éprouvent envers leur figure paternelle.” Il écrit en un mois la première ver-
sion du scénario et réussit à obtenir un financement qui lui permet de se
consacrer au renforcement de sa structure narrative. Ayant sa propre société
de production, qu’il dirige avec sa femme, il rencontre ses partenaires français
à Cannes, alors qu’il y présente Damiana. Alta Rocca Films lui permet de
décrocher l’aide de la Fondation Gan, Pyramide prenant ensuite en charge
la distribution et les ventes internationales. La jauría a été tourné dans les
environs d’Ibagué, ville moyenne de Colombie. Un tournage difficile en rai-
son de la météo mais aussi des défis présentés par certaines scènes. “Mon
intention en tant que réalisateur était de m’éloigner du film latino-américain
attendu ‘naturaliste et social’ pour essayer de construire une histoire fictive,
offrant certaines connotations avec le cinéma de genre. ❖
Patrice Carré
Quinzaine des réalisateurs
LE BARRAGE
DU LIMON ORIGINEL de la boue, qui est un peu l’élément premier de la création et que l’on retrouve dans
Ali Cherri est un réalisateur libanais mais c’est aussi un artiste complet mêlant courts tous les grands mythes. Et au bord du barrage de Merowe, le plus grand d’Afrique et
métrages, vidéos, sculptures et installations. En résidence à la National Gallery de
Londres, il a participé à la 59e Biennale d’art de Venise. Le barrage, son premier long dont la construction est extrêmement destructrice, il a découvert des ouvriers faisant
métrage, a été tourné au Soudan en pleine révolution. Il est centré sur Maher, “qui
travaille dans une briqueterie traditionnelle alimentée par les eaux du Nil. Chaque soir, des briques en terre séchée. Il a imaginé à partir de là une fiction nourrie de la situation
il s’aventure en secret dans le désert, pour bâtir une mystérieuse construction faite de
boue. Alors que les Soudanais se soulèvent pour réclamer leur liberté, sa création semble politique du pays.” Un premier tournage a été surpris par la révolution et la chute du
prendre vie”. Le film a été principalement produit par Janja Kralj pour KinoElektron,
Rémi Bonhomme étant producteur associé. “C’est une œuvre extrêmement singulière régime d’Omar el-Bechir. “Le barrage raconte la façon dont un homme se construit lui-
qui s’inscrit dans la continuité de son travail et notamment sur l’archéologie. Au Soudan,
Ali voulait poursuivre une exploration des territoires et de la matière en travaillant autour même sa propre réalité. C’est un film sur le pouvoir de l’imagination, qui fait appel à
de multiples références mythologiques et dans lequel chacun peut projeter ses propres
références imaginaires”, poursuit Rémi Bonhomme. Les ventes sont assurées par Indie
Sales, qui s’est positionné très tôt sur le scénario écrit par Ali Cherri et Geoffroy Grison,
en collaboration avec Bertrand Bonello. ❖ P. C.
© DULAC DISTRIBUTION
24 mai 2022
Semaine de la critique ENFANCES MARQUÉES
LA JAURÍA En 2016, Andrés Ramírez Pulido réalise le court métrage El Edén, présenté à
la Berlinale avant de recevoir des prix à Busan, au Caire et à Viña del Mar.
© PYRAMIDE DISTRIBUTION Son autre court, Damiana, l’histoire d’une jeune fille qui attend un geste
d’amour de son père, est sélectionné l’année suivante en compétition offi-
cielle à Cannes. L’idée de départ de La jauría lui est venue durant le casting
d’El Edén. “J’ai rencontré environ 300 adolescents aux réalités uniques et
surprenantes. Mon attention s’est principalement portée sur un groupe de
mineurs détenus dans la zone rurale d’Ibagué. Ces adolescents purgent des
peines pour différents crimes, d’autres suivent un traitement de réhabilitation
pour avoir consommé des substances psychoactives. J’ai découvert que
nombre de leurs craintes, de leurs luttes et de leurs rêves étaient similaires
aux miens : une enfance marquée par l’abandon, l’hostilité et la désolation.
Une chose m’a encore plus frappé : le profond ressentiment que la plupart
éprouvent envers leur figure paternelle.” Il écrit en un mois la première ver-
sion du scénario et réussit à obtenir un financement qui lui permet de se
consacrer au renforcement de sa structure narrative. Ayant sa propre société
de production, qu’il dirige avec sa femme, il rencontre ses partenaires français
à Cannes, alors qu’il y présente Damiana. Alta Rocca Films lui permet de
décrocher l’aide de la Fondation Gan, Pyramide prenant ensuite en charge
la distribution et les ventes internationales. La jauría a été tourné dans les
environs d’Ibagué, ville moyenne de Colombie. Un tournage difficile en rai-
son de la météo mais aussi des défis présentés par certaines scènes. “Mon
intention en tant que réalisateur était de m’éloigner du film latino-américain
attendu ‘naturaliste et social’ pour essayer de construire une histoire fictive,
offrant certaines connotations avec le cinéma de genre. ❖
Patrice Carré
Quinzaine des réalisateurs
LE BARRAGE
DU LIMON ORIGINEL de la boue, qui est un peu l’élément premier de la création et que l’on retrouve dans
Ali Cherri est un réalisateur libanais mais c’est aussi un artiste complet mêlant courts tous les grands mythes. Et au bord du barrage de Merowe, le plus grand d’Afrique et
métrages, vidéos, sculptures et installations. En résidence à la National Gallery de
Londres, il a participé à la 59e Biennale d’art de Venise. Le barrage, son premier long dont la construction est extrêmement destructrice, il a découvert des ouvriers faisant
métrage, a été tourné au Soudan en pleine révolution. Il est centré sur Maher, “qui
travaille dans une briqueterie traditionnelle alimentée par les eaux du Nil. Chaque soir, des briques en terre séchée. Il a imaginé à partir de là une fiction nourrie de la situation
il s’aventure en secret dans le désert, pour bâtir une mystérieuse construction faite de
boue. Alors que les Soudanais se soulèvent pour réclamer leur liberté, sa création semble politique du pays.” Un premier tournage a été surpris par la révolution et la chute du
prendre vie”. Le film a été principalement produit par Janja Kralj pour KinoElektron,
Rémi Bonhomme étant producteur associé. “C’est une œuvre extrêmement singulière régime d’Omar el-Bechir. “Le barrage raconte la façon dont un homme se construit lui-
qui s’inscrit dans la continuité de son travail et notamment sur l’archéologie. Au Soudan,
Ali voulait poursuivre une exploration des territoires et de la matière en travaillant autour même sa propre réalité. C’est un film sur le pouvoir de l’imagination, qui fait appel à
de multiples références mythologiques et dans lequel chacun peut projeter ses propres
références imaginaires”, poursuit Rémi Bonhomme. Les ventes sont assurées par Indie
Sales, qui s’est positionné très tôt sur le scénario écrit par Ali Cherri et Geoffroy Grison,
en collaboration avec Bertrand Bonello. ❖ P. C.
© DULAC DISTRIBUTION
24 mai 2022