Cineworld recadre Universal à son tour

Après les déclarations fracassantes d'Universal sur la chronologie des médias, le groupe anglais, propriétaire du circuit américain Regal Entertainment, monte à son tour au créneau.

La colère de l'exploitation ne retombe pas. Après la suggestion d'Universal de remettre en cause la chronologie des médias en raison du succès économique de la  sortie VàD de Trolls 2 - Tournée Mondiale, qui a déclenché la colère d'Adam Aron, patron d'AMC, c'est au tour de Cineworld d'entrer dans le débat. Le groupe anglais, propriétaire du circuit nord-américain Regal Entertainement (7178 écrans répartis dans 546 sites), vient de clairement menacer Universal de ne plus projeter les films à venir du studio dans tous ses cinémas à travers le monde. Cineworld vient de publier le communiqué suivant :

"La politique de Cineworld en matière de chronologie est claire, bien connue dans l'industrie et fait partie de notre accord commercial avec nos fournisseurs de films. Nous investissons massivement dans nos salles de cinéma à travers le monde, ce qui permet aux studios d'offrir à leurs clients du monde entier la meilleure expérience possible pour regarder les films. Il n'y a aucun doute que le grand écran est le meilleur moyen de regarder un film. Universal a choisi unilatéralement de rompre notre entente et l'a fait au plus fort de la crise de Covid-19 : alors que notre entreprise est fermée, que plus de 35 000 employés sont chez eux et que nous n'avons pas encore de date précise pour la réouverture de nos cinémas.

La décision d'Universal est totalement inappropriée et n'a certainement rien à voir avec les pratiques commerciales de bonne foi, le partenariat et la transparence. Mooky Greidinger, le PDG de Cineworld, s'est adressé à Brian Roberts, le président de Comcast, le 19 mars dernier (après qu'Universal ait annoncé que Trolls 2 sortirait de la chronologie) et lui a dit, entre autres choses, que "les belles paroles de votre équipe ne valent rien si nous ne pouvons pas vous faire confiance en tant que partenaire. Le message véhiculé par les médias est le suivant : "Hollywood brise la chronologie." Eh bien, ce n'est pas vrai ! Tous nos partenaires nous ont appelés en temps utile et nous ont dit que dans la situation actuelle, ils veulent raccourcir la fenêtre pour les films déjà sortis car les cinémas ferment, mais surtout, ils nous ont tous rassurés en nous disant qu'il n'y aura pas de changement dans leur politique de chronologie une fois que les salles seront rouvertes. Malheureusement, je n'ai pas vu de message similaire dans l'annonce d'Universal... Non seulement Universal n'a fourni aucun engagement pour la future chronologie - mais Universal a été le seul studio qui a essayé de tirer profit de la crise actuelle et de fournir une sortie "simultanée" d'un film qui n'était pas encore sorti".

Le groupe poursuit ainsi : "Les racines de Cineworld remontent à 90 ans dans l'industrie et il était toujours ouvert à la projection de n'importe quel film tant que les règles étaient maintenues et non modifiées par des mouvements unilatéraux. Aujourd'hui, nous répétons clairement que nous ne montrerons pas de films qui ne respectent pas la chronologie, car cela n'a aucun sens économique pour nous. Nous avons pleinement confiance dans le modèle économique actuel de l'industrie. Personne ne doit oublier que l'exploitation a généré un revenu record de 42Md$ l'année dernière et que la part des distributeurs de films dans ce revenu était d'environ 20Md$."

Plus tôt dans la journée, l'UNIC a, à son tour, rappelé Universal à l'ordre.