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Sélection officielle - En compétition

LEILA ET SES FRÈRES

© DOROTEYA DROUMEVA PRODUKTION SŒUR COURAGE
Révélé l’an dernier par La loi de Téhéran, succès commercial surprise de l’été doublement

primé à Reims Polar qui a accumulé les récompenses dans les festivals internationaux

depuis sa présentation dans la section Orizzonti de la Mostra de Venise en 2019, Saeed

Roustayi signait là son deuxième long métrage après Abad va yek rooz, qui avait remporté

pas moins de neuf trophées au Festival de Fajr et cinq autres de l’association de la critique

iranienne en 2016. Il signe, avec Leila et ses frères, un film d’une tonalité très différente dans

laquelle une femme dévouée aux hommes de sa famille élabore un plan pour la sauver

Sélection officielle - Séance spéciale d’une faillite précipitée par les sanctions décrétées par la communauté internationale contre

THE VAGABONDS l’Iran. C’est le moment que choisit son propre père pour briguer le titre prestigieux mais

hors de prix de nouveau parrain de sa communauté, quitte à précipiter la ruine de sa tribu

et à attiser les conflits. Le rôle principal féminin est incarné par Taraneh Alidoosti, déjà

FEMME FATALE couronnée d’un Léopard de bronze à Locarno pour son interprétation dans Man, Taraneh,

panzdah sal daram de Rasoul Sadrameli. Saeed Roustayi explique : “L’idée initiale du

La réalisatrice bulgare Doroteya Droumeva signe avec The Vagabonds son premier film a pris forme dans mon esprit il y a quatre ans. J’ai commencé à en écrire le scénario

long métrage, après les courts Das Fest (2007), Krumov (2008) et Der Brief, qui lui aussitôt après avoir terminé La loi de Téhéran, et j’ai procédé à de multiples réécritures

a valu le premier prix de la Cinéfondation à Cannes en 2011 avant d’être présenté avant d’aboutir à la version définitive. La phase de préproduction a nécessité environ cinq

parmi la sélection des films d’écoles des rencontres du festival Premiers Plans mois dans lesquels j’inclus les séances de répétitions avec les comédiens. Le tournage

d’Angers, qu’elle a tourné dans le cadre de ses études à l’Académie allemande proprement dit a été considérablement impacté par la pandémie de Covid-19, notamment

du film et de la télévision (DFFB) de Berlin. La figure centrale est une femme, en ce qui concerne les scènes de foule. Il s’est échelonné sur 128 jours et le montage s’est

obsédée par les hommes plus jeunes qu’elle et les rencontres de hasard. La réa- déroulé en parallèle jusqu’à la fin. La première version du film durait environ trois heures,

lisatrice admet s’être nourrie pour une bonne part de sa propre expérience. Un mais après bien des atermoiements, nous sommes parvenus à la réduire d’un quart d’heure.

rôle qu’incarne Lisa-Katrina Mayer, transfuge de la troupe de théâtre suisse de Je suis plutôt satisfait de cette version, même si j’aurais aimé pouvoir y inclure quelques

la Schauspielhaus de Zürich, vue jusqu’alors dans des épisodes des séries TV autres séquences que je me suis résolu à supprimer. Le film n’a été définitivement achevé

Um Himmels Willen et Hubert ohne Staller, et le film de Rosa von Praunheim Die que deux jours avant sa première présentation à Cannes.” C’est Wild Bunch Distribution

Nachtigall oder der Grausame Sohn (2020). ❖ J.-P. G. qui sortira Leila et ses frères le 24 août prochain. ❖ J.-P. G.

Sélection officielle - Un certain regard

BUTTERFLY VISION

© ANASTASIA VLASOVA

UNE FEMME DE FER
“L’idée de ce film est née en 2018 alors que je montais un documentaire sur les

femmes ukrainiennes engagées dans la guerre. L’une d’entre elles racontait qu’elle

avait passé un marché avec ses camarades combattants: ils devaient la tuer plutôt que

de la laisser être faite prisonnière par l’ennemi. Cela m’a fait réfléchir à ce qui attend

une femme soldat lorsqu’elle est capturée par l’ennemi, et en quoi cela peut être pire

que la mort.” C’est en ces termes que le réalisateur ukrainien Maksim Nakonechnyi

décrit la genèse de son premier film, Butterfly Vision, qui se déroule pendant la guerre

du Donbass qui a précédé, dès 2014, l’invasion de l’Ukraine par la Russie survenue

en février dernier. Le film trouve des échos évidents dans l’actualité du moment et

constitue un portrait de femme saisissant que le réalisateur a nourri d’histoires, de

confessions et d’interviews qu’il a recueillies. “Une fois que j’ai eu l’idée du scénario,

explique-t-il, il était impératif de convaincre Iryna Tsilyk de me rejoindre en tant que

coauteur. Elle était la réalisatrice du documentaire qui a inspiré cette histoire (Invisible

Battalion, 2017, Ndlr) et a recueilli de nombreuses expériences pertinentes. Son travail

sur les dialogues a été inestimable.” Restait encore à trouver l’interprète principale du

film, cette Lilia dont le nom de code est Papillon. Le réalisateur affirme avoir choisi Rita

Burkovska, révélée par Parthenon de Mantas Kvedaravicius (dont Cannes présente

cette année le film posthume, Mariupolis 2), “pour sa personnalité unique, son jeu à

la fois non-conventionnel et tout en retenue, ainsi que ses prises de position morales

et civiques fortes”. Il a soumis son interprète à une préparation physique “longue et

compliquée qui a inclus un travail avec un diététicien et un entraîneur personnel pour

l’aider à prendre ou perdre du poids pendant le tournage. Elle a également appris les

bases de la médecine tactique et le maniement des drones. Cette préparation l’a aidée © AMIRHOSSEIN SHOJAEI

à comprendre le langage corporel et la manière de penser” de son personnage. Avec

cette précision capitale: “Le film montre ce que vivaient les soldats qui défendaient

l’Ukraine avant que tout le monde, dans notre pays et à l’international, n’admette

qu’une guerre est une guerre.” ❖ J.-P. G.

25 mai 2022
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