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18 LES FILMS DU JOUR

Sélection officielle - Un certain regard

MEDITERRANEAN FEVER

UNE AMITIÉ PARTICULIÈRE
D’abord décoratrice de plateau sur L’attentat (2012) de Ziad Doueiri, Le

temps qu’il reste (2009) et It Must Be Heaven (2019) d’Elia Suleiman, la

réalisatrice palestinienne Maha Haj a signé ses courts métrages Burtuqal

(2009) et Personal Matters (2014) du nom de Maha Assal. Mediterranean

Fever est son deuxième long métrage après Personal Affairs, qu’elle a

présenté à Un certain regard en 2016 et qui a obtenu le prix de la critique

aux Rencontres du cinéma méditerranéen de Montpellier. Cette copro-

duction germano-franco-chyprioto-palestinienne entre Pallas Film, Still

Moving, AMP Filmworks, Majdal Films, en association avec Metafora

Production, a pour chef opérateur le Français Antoine Héberlé, lauréat

du prix Vulcain de la CST en 2013 à Cannes pour Grigris du cinéaste

tchadien Mahamat-Saleh Haroun. Il a éclairé une cinquantaine de films

en 30 ans pour des réalisateurs comme Laurence Ferreira Barbosa,

Laetitia Masson, Émilie Deleuze, Alain Guiraudie, Stéphane Brizé, ainsi

que la série Hippocrate de Thomas Lilti. Mediterranean Fever s’attache à

l’étrange relation qui se noue à Haïfa entre un écrivain dépressif pales-

tinien et son escroc de voisin. Des rôles interprétés par Amer Hlehel,

vu dans des films comme Paradise Now (2005) et Le chanteur de Gaza

© DULAC DISTRIBUTION (2015) d’Hany Abu-Assad, et Ashraf Farah, connu pour ses rôles dans

Miral (2010) de Julian Schnabel et Zaytoun (2012) d’Eran Riklis, lesquels

s’étaient déjà croisés dans Tel Aviv on Fire (2018) de Sameh Zoabi. C’est

Dulac Distribution qui sortira Mediterranean Fever en France, comme cela

a été le cas du précédent film de la réalisatrice. ❖ Patrice Carré

Sélection officielle - Un certain regard Quinzaine des réalisateurs

DOMINGO ET LA BRUME LA MONTAGNE

LA LUEUR DES SOMMETS
La montagne est le deuxième long métrage de Thomas Salvador qui avait auparavant

réalisé Vincent n’a pas d’écailles, sorti en 2015, mais aussi six courts. Son nouveau

film suit l’histoire d’un ingénieur parisien qui, à l’occasion d’un déplacement pro-

fessionnel, se trouve comme aimanté par les montagnes. Il s’installe un bivouac

en altitude et décide de ne plus redescendre… Là-haut, il fait plusieurs rencontres,

aussi mystérieuses que décisives. “La montagne est un univers que je connais plutôt

bien et qui me fascine depuis toujours, raconte le réalisateur. J’ai longtemps pratiqué

l’alpinisme et, adolescent, je rêvais d’être cinéaste et guide de haute montagne. J’ai

vécu l’occasion d’y tourner comme un cadeau, et me suis dit que la meilleure façon

de la filmer serait tout simplement de s’adapter à ce qu’elle offre, comme topographie,

comme conditions météo ou nivologiques. Bref, l’arpenter non pas en conquérant

mais en ‘découvreur’, en amoureux.” Le cinéaste a retrouvé les partenaires de son

long métrage précédent, auxquels se sont ajoutés Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma

et la Fondation Gan. “Le tournage était, même si je n’aime pas ce mot, une sorte de

défi, et il fallait pour tout le monde accepter qu’il soit également une aventure. Nous

avons beaucoup filmé à 3800 mètres d’altitude, où il y a 25% d’oxygène en moins
© INCENDIO CINE
© LE PACTE
qu’au niveau de la mer, ce qui provoque pas mal de maux, auxquels tout le monde

a vaillamment résisté. Et puis bien sûr il y a le froid (on a tourné un soir par -17°), les

intempéries dont les proportions décuplent en montagne, la difficulté d’accès aux

PORTRAIT DANS UN MIROIR OPAQUE décors, le poids des sacs à dos, etc. Mais pour pallier cela, nous avons opté pour

une équipe ultralégère, réactive et très investie! Nous avons vécu en montagne des

C’est par le montage, mais aussi l’écriture de la comédie d’Enrique Pérez Him Puro Mula (2011) moments magnifiques, et je suis vraiment très heureux de l’aventure humaine qu’a

et de son documentaire Caos en la ciudad (2012) qu’Ariel Escalante Meza est devenu réalisateur. été ce tournage un peu fou.” ❖ P. C.

Il a signé les courts A partir de ahora solo nosotros (2011) et Musgo (2014), avant de passer

au long avec El sonido de las cosas (2016), présenté aux festivals de Moscou et d’Amsterdam.

Il décrit ainsi la genèse de son nouveau film dans lequel un veuf affronte des racketteurs à la

solde d’une société d’autoroutes: “J’ai envisagé dès le début Domingo et la brume comme un

projet artisanal, et j’ai compris que son budget et ses conditions de tournage étaient aussi

déterminants que l’écriture. Du coup, j’ai ressenti d’emblée la nécessité de demeurer cohérent

par rapport à ma condition de cinéaste costaricien et j’ai considéré mes contraintes budgétaires

comme un véritable défi créatif. Je suis parti m’installer à Cascajal de Coronado, où se déroule

le film, six mois avant le tournage. J’ai eu ainsi l’opportunité de ressentir ce lieu de l’intérieur et

d’y rencontrer des gens merveilleux. Je tenais à engager des acteurs non-professionnels parce

que la lutte des classes se trouve au cœur même du film. L’intensité de leurs performances

bénéficie du fait que les interprètes ont passé leur existence dans la peau des personnages

qu’ils incarnent. Nous avons tourné le film avec une équipe de sept personnes, à la façon d’un

documentaire. Tous les effets spéciaux ont été réalisés en temps réel sur le plateau à l’aide

de machines à brouillard fabriquées en recyclant les thermo-nébuliseurs qui permettent de

fertiliser les champs. Le scénario a servi de support à des improvisations. Nous nous sommes

retrouvés très dépendants des conditions atmosphériques, dans la mesure où nous avions

besoin que la brume se forme d’elle-même pour pouvoir tourner certains plans. Nous avons

donc passé beaucoup de temps à attendre sur le plateau.” ❖ J.-P. G.

25 mai 2022
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